La stratégie du diable pour la domination du monde 2.
Après nous être intéressé dans un premier article au renversement du trône, nous voici face au deuxième projet de Satan, celui de renverser le pouvoir religieux.
Deuxième projet : renverser le pouvoir religieux.
« Il dit : « Mes princes ne sont-ils pas tous des rois ? N’en a-t-il pas été de Calno comme de Carchémis, et de Hamath comme d’Arphad, et de Samarie comme de Damas ? Comme ma main a atteint les royaumes des divinités impuissantes, dont les idoles l’emportaient sur celles de Jérusalem et de Samarie ; comme j’ai fait à Samarie et à ses dieux, ne ferai-je pas de même à Jérusalem et à ses images ? « » (Isaïe, X : 8-11).
Le texte d’Isaïe parle de « Jérusalem et ses images« . Il dit que, ce que le diable a fait à la Samarie, il le fera à Jérusalem. Samarie était la capitale du royaume d’Israël, alors que Jérusalem était celle du royaume de Juda. Satan a détruit d’abord le royaume d’Israël et sa capitale Samarie, en 722 avant Jésus-Christ par l’intermédiaire des troupes assyriennes de Salmanazar V puis de Sargon II.
Le royaume de Juda sera quant à lui aboli, en 586 avant Jésus-Christ par le babylonien de Nabuchodonosor. La prise de Jérusalem n’entraîna pas seulement la fin du royaume, mais aussi la fin de son règne religieux par la destruction du Temple de Salomon et la déportation de sa population. Il y a donc destruction du pouvoir spirituel de Jérusalem.
Rome succéda à Jérusalem comme capitale religieuse. Il est question de Jérusalem et de ses images. Les images en question, ce sont les images religieuses. Il n’y a pas seulement comme volonté de détruire la capitale comme centre religieux, mais également les objets de cultes pour les remplacer par des idoles (ce que nous verrons dans le troisième article).
Il faut commencer l’histoire du monde Chrétien avec la conversion de Constantin et celle de l’Empire romain. Nous sommes au IVe siècle. Tout un édifice religieux et politiques va se construire dont nous sommes les héritiers. C’est cet édifices-là que Satan va tenter de détruire.
Constantin avait créé un autre empereur à Constantinople (une ville qui porte son nom). Il y avait donc un empereur d’occident à Rome et un empereur d’Orient à Constantinople.
Constantin va également abandonner son palais, sa capitale, l’Italie, et même l’occident au pape. C’est la célèbre donation de Constantin qui formera le fondement de l’édifice juridique de l’occident jusqu’au XIXe siècle.
Voici le texte original :
« Pour que soit honorée en gloire et en puissance la dignité pontificale, nous abandonnons à notre Saint Père Sylvestre, ainsi qu’à ses successeurs, non seulement notre palais (du Latran), mais la ville de Rome et toutes les provinces, toutes les localités, toutes les cités, tant d’Italie tout entière que de toutes les régions occidentales… et nous les attribuons en pleine propriété à la sainte Eglise romaine. Aussi avons-nous jugé opportun de transférer notre empire et l’exercice de notre autorité dans les régions orientales… car là où le principat des prêtres et la capitale de la religion chrétienne ont été institués par l’empereur céleste, il n’est pas juste que l’empereur terrestre exerce sa puissance. »
La donation ne concerne que l’occident. L’empereur d’orient ne fait donc pas partie de l’empire. Je dis cela, car il est de coutume, chez certains pseudo-français de prétendre que l’occident voudrait annexer politiquement et religieusement la Russie qui est situé en Orient. Mensonge encore proféré de nos jours par un certain nombre de faux français de papier qui se sont converti à l’orthodoxie par haine du catholicisme. Ces gens-là ne sont pas des amis de la Russie. Ils ont trahi leur patrie de naissance, comme ils trahiront aussi leur patrie d’adoption. La trahison fait partie de leurs gènes. Un véritable homme doit être fidèle à son pays et à sa religion de naissance. Surtout lorsqu’on passe d’une forme de christianisme à une autre, comme on change de crémerie. La religion n’est pas un produit de consommation, elle est une culture qui façonne une civilisation, elle est le don de Dieu pour une région. Elle permet de garder ordre et stabilité pour un pays.
Bref, la description que je vais faire, concerne donc uniquement l’occident. Existera-t-il une unification du christianisme occidental et oriental à la fin des temps sous la houlette du Grand Monarque ? Du Christ revenu parmi les hommes ? C’est une autre question que je ne traiterais pas dans cet article.
Le Pape s’installa dans le palais de Latran, celui des empereurs. Le palais servira de résidence papale jusqu’au XIVe siècle. Le changement de résidence est la preuve de l’existence de la donation de Constantin.
Dans la donation, il est dit que l’empereur cédera son pouvoir au pape sur la ville de Rome. A partir de cette date, l’empereur installa sa capitale à Milan (de 286 à 402), puis à Ravenne (de 402 à 476). Le changement de capitale eut lieu avant le règne de Constantin Ier, la donation ne fit qu’entériner une situation déjà en place. C’est une autre preuve de l’existence de la donation. Car il faut dire que l’acte fut contesté à partir de la Renaissance par Laurent Valla, qui passa sa vie a tenter de démontrer que les textes sacrés du christianisme étaient des faux. Il fut renvoyé, à juste titre, devant le tribunal de l’Inquisition.
Avec la conquête Ostrogoth de l’Italie, Odoacre s’installa à Ravenne en 476 et déposa le dernier empereur d’Occident, Romulus Augustule. Il renvoya les insignes impériaux à l’empereur d’Orient. Il n’y eut plus d’Empereur en Occident jusqu’à Charlemagne. Seul le pape exerçait le pouvoir temporel en Italie.
En 754, la situation va changer en raison de l’alliance entre le pape et le roi de France carolingiens Pépin le Bref.
En 751, le pape Saint-Zacharie (741-752) avait autorisé le sacre du roi de France avec l’huile et le sainte-Chrême pour permettre la pénétration du Saint-Esprit dans le corps du roi, sur le modèle des rois d’Israël de l’Antiquité. C’est la première fois que le sacre intervient pour le rois de France. Auparavant il y avait un baptème. Le pape donne ainsi le glaive temporel au roi de France. C’est le premier moment de l’alliance.
Le 6 janvier 754, le roi de France va rencontrer le pape Etienne II (752-757) dans le domaine royal de Ponthion. Le roi conduisit le cheval du pape jusqu’au camp, alors que le pape demandait, en s’inclinant, a Pépin de l’aider à soutenir l’héritage de saint-Pierre. Le roi de France va faire la promesse de défendre le pape contre les autres rois. Une assemblée générale est réunie à Quierzy-sur-Oise en avril 754. Une déclaration va être rédigée.
Une déclaration va être établie entre le pape et le roi de France. Le texte reprend la donation de Constantin comme base de la répartition des pouvoirs dans le monde occidental. Il sera confirmé par la signature d’un traité en 756. Le texte de la donation et du traité ont été perdu, mais il en reste une trace dans diverses notices des papes de l’époque. Son existence n’a pourtant pas été remise en cause.
La donation et le traité attribuaient au pape le pouvoir temporel sur Rome, Ravenne et des territoires dans le centre de l’Italie. L’abbé Fulrad étant chargé de récupérer les clefs des villes concerné pour les déposer sur la tombe de Saint-Pierre.
En contrepartie, le pape sacrait une deuxième fois Pépin le bref dans l’abbaye de Saint-Denis, le 28 juillet 754. C’est le deuxième sacre, après celui de 751 à Soissons. La première fois, il eu lieu avec la bénédiction du pape saint-Zacharie. Il fut réalisé par l’archevêque Boniface de Mayence. Le deuxième par le pape Etienne II, en personne. Il le fit par onction de l’huile et du saint-chrême sur la tête. Le pape conférait à Pépin le titre de roi des francs et de « patrice des romains ». Le titre de patrice est un titre honorifiques attribués a ceux qui ont aidé le pape. Ce n’est pas encore le retour de l’Empereur d’occident, mais une préfiguration de sa restauration.
La donation de Pépin le bref est l’un des actes fondateur de la monarchie française. Il n’est jamais évoqué ni par les livres d’histoires, ni par les royalistes français et encore moins par les catholiques traditionalistes. On parle du baptême de Clovis, de la triple donation de Sainte-Jeanne d’Arc, mais jamais de celle de Pépin. Il y a une continuité historique entre les trois événements. Acte fondateur, car avant Pépin, il n’y avait pas de sacre des souverains français, mais uniquement un baptême des rois. Avec Pépin, les rois de France vont tous être sacré avec pénétration de l’Esprit Saint dans le corps. C’est ce qui donne une dimension religieuse au Royaume de France. Le sacre fut autorisé par le pape dans le cadre de son glaive spirituel. Notez bien cela, il y a une alliance entre le pape et les rois de France.
Le 25 décembre 800, le pape Léon III sacrait et couronnait Charlemagne à Rome du titre d’Empereur d’Occident. C’est le dernier acte de l’alliance entre le royaume de France et la papauté. Le pape qui disposait des deux glaives depuis la donation de Constantin déléguait son glaive temporel à l’empereur. Le souverain pontife ne gardait pour lui que le glaive spirituel. Le seul reliquat du glaive temporel que conservait le pape concernait Rome et les Etats pontificaux. Pour le reste, le temporel concernait l’Empereur.
Par la suite, la question des glaives temporel et spirituel va favoriser une formidable guerre entre les papes et les empereurs successifs. Je garde un intense souvenir de cette guerre lors de mes études de droit. En troisième année, j’ai étudié celle-ci dans ses moindres détails lors d’un cours d’histoire des idées politiques. Je ne vais pas restituer cette guerre dans le cadre d’un article nécessairement modeste par sa taille.
Je ne reprendrais pas les explications concernant le corpus mysticum. J’ai déjà abordé le sujet dans le premier article. Il faut maintenant aller plus loin et dire que le concept fut également appliqué à l’église comme le montre la bulle Unam sanctam de Boniface VIII.
« Poussé par la foi, nous devons croire en une seule Sainte Eglise catholique et aussi apostolique… sans laquelle il n’y a ni salut, ni rémission des pêchés… qui représente un seul corps mystique, dont la tête est le Christ, et la tête du Christ est Dieu. » (Boniface VIII, Unam Sanctam).
L’idée est inspirée de la première épître aux Romains de Saint-Paul :
« Pour ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux pas, mes frères, que vous soyez dans l’ignorance. (…) Il y a pourtant diversité de dons, mais c’est le même Esprit ; diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ; diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. En effet, à l’un est donnée par l’Esprit une parole de sagesse, à l’autre une parole de connaissance, selon le même Esprit ; à un autre, la foi, par le même Esprit ; à un autre, le don des guérisons, par ce seul et même Esprit ; à un autre, la puissance d’opérer des miracles ; à un autre la prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre la diversité des langues ; à un autre le don de les interpréter. Mais c’est le seul et même Esprit qui produit tous ces dons, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît. Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Tous, en effet, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. » (1 Romains, XII : 1 ; 4-13).
Saint-Paul explique que tous les chrétiens ont été baptisés par le même esprit. Ils forment un seul corps, qu’ils soient, Juifs ou Grecs, qu’ils soient des Hommes libres ou des esclaves. L’égalité entre Hommes libres et esclaves contredit les propos des suprémacistes noirs qui accusent l’Eglise catholique d’avoir réduit en esclavage les noirs d’Afrique.
« Ainsi le corps n’est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs. Si le pied disait : « Puisque je ne suis pas main, je ne suis pas du corps », en serait-il moins du corps pour cela ? Et si l’oreille disait : « Puisque je ne suis pas œil, je ne suis pas du corps », en serait-elle moins du corps pour cela ? Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? S’il était tout entier ouïe, où serait l’odorat ? Mais Dieu a placé chacun des membres dans le corps, comme il l’a voulu. Si tous étaient un seul et même membre, où serait le corps ? Il y a donc plusieurs membres et un seul corps. L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; ni la tête dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous. » Au contraire, les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont plus nécessaires ; et ceux que nous tenons pour les moins honorables du corps, sont ceux que nous entourons de plus d’honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes, nous les traitons avec plus de décence, tandis que nos parties honnêtes n’en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de respect à ce qui est moins digne, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres s’en réjouissent avec lui. » (1 Romains, XII : 14-26).
Le corpus mysticus de l’Eglise est la mise en application concrète de ce discours de l’apôtre. Va alors se mettre en place une sorte de monarchie papale inspiré de l’œuvre de Saint-Augustin. Dans « la cité de Dieu » dans les livres XVII et XVIII, le saint homme va développer son idée des deux royaumes. Il s’inspire de l’instauration de la monarchie en Israël et de la séparation entre le pouvoir temporel (les rois Saül et David) et le pouvoir spirituel (le prêtre Samuel).
La réforme commence au milieu du XIe siècle, avec Frère Hildebrand, le conseiller du pape Nicolas II, pour se terminer au milieu du XIIe siècle. Elle débuta à l’intérieur de l’Abbaye de Cluny. Son objectif était d’interdire à l’empereur de participer à l’élection du pape et d’en finir avec la nomination des évêques par les seigneurs locaux.
La mise en place de la monarchie papale commença avec la réforme grégorienne. En 1073, un modeste moine de Cluny, frère Hildebrand, parvient au trône pontifical sous le nom de Grégoire VII. Il fut l’initiateur d’une réforme de l’église qui porta son nom. La réforme fut d’une très grande importance, car elle va mettre en place la structure de l’Eglise telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Encore une fois, la Bourgogne va jouer un rôle majeur dans l’évolution de l’Eglise. De Sainte-Clothilde, une petite Bourguignonne qui contribua à la conversion de Clovis jusqu’à Hildebrand de l’ordre clunisien, en passant par Saint-Bernard de l’ordre cistercien, la terre sacré du duché de Bourgogne donne le là des évolutions de l’Eglise.
L’empereur d’occident avait pris l’habitude d’intervenir pour l’élection du pape. C’est avec Nicolas II (1058-1061) que la pratique va prendre fin. Par un décret de 1059, seul un collège de cardinaux peut élire le souverain pontife. Il est ensuite ratifié par acclamation du clergé et du peuple de Rome sur le balcon de la place saint-Pierre. L’empereur est exclu de la nomination.
Grégoire VII (1073-1085) va définir les pouvoirs du souverain pontife à travers vingt-sept obligations concernant le pape. Elles sont connues sous le nom de dictats du pape (dictatus papae).
1 | Quod Romana ecclesia a solo Domino sit fundata. | L’Église romaine a été fondée par le Seigneur seul. |
2 | Quod solus Romanus pontifex iure dicatur universalis. | Seul le pontife romain est dit à juste titre universel. |
3 | Quod ille solus possit deponere episcopos vel reconciliare. | Seul, il peut déposer ou absoudre les évêques. |
4 | Quod legatus eius omnibus episcopis presit in concilio etiam inferioris gradus et adversus eos sententia depositionis possit dare. | Son légat, dans un concile, est au-dessus de tous les évêques, même s’il leur est inférieur par l’ordination, et il peut déposer contre eux une sentence de déposition. |
5 | Quod absentes papa possit deponere. | Le pape peut déposer les absents. |
6 | Quod cum excomminicatis ab illo inter caetera nec in eadem domo debemus manere. | Vis-à-vis de ceux qui ont été excommuniés par lui, on ne peut entre autres choses habiter sous le même toit. |
7 | Quod illi soli licet pro temporis necessitate novas leges condere, novas plebes congregare, de canonica abbatiam facere et e contra, divitem episcopatum dividere et inopes unire. | Seul, il peut, selon l’opportunité, établir de nouvelles lois, réunir de nouveaux peuples [ou « de nouvelles paroisses »],transformer une collégiale en abbaye, diviser un évêché riche ou unir des évêchés pauvres. |
8 | Quod solus possit uti imperialibus insigniis. | Seul, il peut user des insignes impériaux. |
9 | Quod solius papae pedes omnes principes deosculentur. | Que tous les princes baisent les pieds du seul pape. |
10 | Quod illius solius nomen in ecclesiis recitetur. | Il est le seul dont le nom soit prononcé dans les églises. |
11 | Quod hoc unicum est nomen in mundo. | Son nom est unique dans le monde. |
12 | Quod illi liceat imperatores deponere. | Il lui est permis de déposer les empereurs. |
13 | Quod illi liceat de sede ad sedem, necessitate cogente, episcopos transmutare. | Il lui est permis de transférer les évêques d’un siège à un autre, selon la nécessité. |
14 | Quod de omni ecclesia quocunque voluerit clericum valeat ordinare. | Il a le droit d’ordonner un clerc de n’importe quelle église, où il veut. |
15 | Quod ab illo ordinatus alii ecclesie preesse potest, sed non militare ; et quod ab aliquo episcopo non debet superiorem gradum accipere. | Celui qui a été ordonné par lui peut gouverner l’église d’un autre mais non faire la guerre ; il ne doit pas recevoir d’un autre évêque un grade supérieur. |
16 | Quod nulla synodus absque praecepto eius debet generalis vocari. | Aucun synode ne peut être appelé général sans son ordre. |
17 | Quod nullum capitulum nullusque liber canonicus habeatur absque illius auctoritate. | Aucun texte canonique n’existe en dehors de son autorité. |
18 | Quod sententia illius a nullo debeat retractatari, et ipse omnium solus retractare possit. | Sa sentence ne doit être réformée par personne et seul il peut réformer la sentence de tous. |
19 | Quod a nemine ipse iudicari debeat. | Il ne doit être jugé par personne. |
20 | Quod nullus audeat condemnare apostolicam sedem appellantem. | Personne ne peut condamner celui qui fait appel au Siège apostolique. |
21 | Quod maiores causae cuiuscumque ecclesiae ad eam referri debeant. | Les causæ majores de n’importe quelle église doivent être portées devant lui. |
22 | Quod Romana ecclesia nunquam erravit nec in perpetuum, scriptura testante, errabit. | L’Église romaine n’a jamais erré, et, selon le témoignage de l’Écriture, elle n’errera jamais. |
23 | Quod Romanus pontifex, si canonice fuerit ordinatus, meritis Beati Petri, indubitanter efficitur sanctus, testante sancto Ennodio Papiensi episcopo, ei multis sanctis patribus faventibus, sicut in decretis beati Symmachi continetur. | Le pontife romain, canoniquement ordonné, est indubitablement par les mérites de saint Pierre établi dans la sainteté, au témoignage de saint Ennodius, évêque de Pavie, d’accord avec de nombreux Pères comme on peut le voir dans le décret du bienheureux pape Symmaque. |
24 | Quod illius precepto et licentia subiectis liceat accusare. | Sur son ordre et avec son consentement, les vassaux peuvent porter des accusations. |
25 | Quod absque synodali conventu possit episcopos deponere et reconciliare. | Le pape peut déposer et absoudre les évêques en l’absence de synode. |
26 | Quod catholicus non habeatur, qui non concordat Romane ecclesie. | Celui qui n’est pas avec l’Église romaine n’est pas considéré comme catholique. |
27 | Quod a fidelitate iniquorum subiectos potest absolvere. | Le pape peut délier les sujets du serment de fidélité fait aux injustes. |
L’obligation numéro neuf affirme que tous les princes doivent baiser les pieds du pape. C’est l’adaptation au pape, de la procédure d’adoration de l’Empereur romain.
L’obligation dix-neuf affirme que le pape ne peut pas être jugé. Aucune juridiction humaine ne peut le condamner.
L’obligation vingt-sept dit que le pape à le droit de délier les sujets de leur serment de fidélité, face à un mauvais souverain. Il peut dire à ses sujets qu’ils n’ont plus l’obligation d’obéir.
Avec ce texte, le pape se place au-dessus des souverains. Il peut le faire, car il possède le pouvoir des clefs. Le Christ avait confié les clefs du gouvernement du monde à Pierre.
Les seigneurs ont pris l’habitude de désigner eux-mêmes les évêques et les prêtres. C’est la conséquence de la féodalisation et de l’affaiblissement de l’église. Un décret de 1059 de Nicolas II interdit à un prêtre de se marier et ordonne à ceux qui le sont de répudier leur femme.
La question de l’investiture des prêtres va déboucher sur un conflit entre Grégoire VIII et l’empereur Henri IV (1054-1105). La querelle commence en 1076 avec la nomination de l’évêque de Milan par Henri IV. Malgré la réforme de Nicolas II, la pratique des nominations impériale perdurait. Mais cette fois-ci, le pape réagit en rappelant à l’ordre Henri IV.
En réaction, l’Empereur proclame la déposition du pape par une assemblée d’évêques allemand réunit à la diète de Worms. Les évêques accusent le souverain pontife d’intervenir dans leurs affaires épiscopales. Grégoire est déclaré indigne et ils refusent désormais de lui obéir.
« Henri, roi, non par usurpation, mais par la juste ordonnance de Dieu, à Hildebrand, qui n’est plus le pape, mais désormais le faux moine […] Toi que tous les évêques et moi-même frappons de notre malédiction et de notre sentence, démissionne, quitte ce siège apostolique que tu t’es arrogé. […] Moi, Henri, roi par la grâce de Dieu, te déclare avec tous mes évêques : démissionne, démissionne ! »
Dans sa lettre, l’empereur se présente comme désigné par la volonté de Dieu, alors que son adversaire, le pape, est appelé par son ancien prénom et comme un faux moine. Nous sommes-là en plein coeur du double corps du roi, mais appliqué cette fois-ci au pape. La missive prend bien soin de distinguer le corps mystique du pape de l’être humain qui l’occupe (Hildebrande), alors qu’elle insiste sur la concordance entre le corps mystique de l’empereur et celui qui l’occupe en insistant sur sa nomination par la volonté divine.
Le pape va répondre en excommuniant l’Empereur. Les citoyens de l’empire sont déliés de leur obligation d’obéissance.
« que m’a été donné de Dieu le pouvoir de lier et de délier, sur Terre comme au Ciel. Confiant dans ce pouvoir, […] je conteste au roi Henri, fils de l’empereur Henri, qui s’est élevé avec un orgueil sans bornes contre l’Église, sa souveraineté sur l’Allemagne et sur l’Italie, et je délie tous les chrétiens du serment qu’ils lui ont ou qu’ils pourraient encore lui prêter, et leur interdis de continuer à le servir comme roi. Et puisqu’il vit dans la communauté des bannis, puisqu’il fait le mal de mille manières, puisqu’il méprise les exhortations que je lui adresse pour son salut, […] puisqu’il se sépare de l’Église et qu’il cherche à la diviser, pour toutes ces raisons, moi, Ton lieutenant, je l’attache du lien de la malédiction. »
L’excommunication va pousser les peuples de l’Empire à se révolter contre Henri IV. Les évêques allemands prennent peur et abandonnent l’empereur. Les princes allemands réunis en assemblée à Tribur, en octobre 1076, lance un ultimatum d’un an à l’empereur pour qu’il fasse le nécessaire pour que soit levé l’excommunication, sinon ils procéderont à l’élection d’un nouvel empereur. On demande au pape de juger l’empereur. On ira même jusqu’à bloquer militairement l’accès aux Alpes pour l’empêcher de rencontrer le souverain pontife.
Henri IV craignant de tout perdre parvient quand même a traverser les Alpes et rencontre Grégoire VII dans le nord de l’Italie à Canossa. L’empereur attend durant trois jours de rencontre physiquement le pape. Il est habillé en tenue de pénitent. Lorsque le souverain pontife accepte enfin de le voir, Henri IV s’agenouille. L’excommunication est levée. C’est une terrible humiliation pour l’empereur. L’affaire donnera naissance à l’expression, « aller à Canossa ».
Toutefois, l’empereur prendra sa revanche en 1080. Une fois rentré en Allemagne, il recommence à nommer des évêques. Cette fois-ci, il parvient à déposer le pape et à nommer un antipape, Clément III (1080-1100).
La réforme grégorienne instaura un Etat pontificale à l’échelle mondiale avec, sous la dépendance du pape, les évêques et les prêtres. Un Etat unifié qui devait permettre de maintenir l’unité de l’occident face aux divisions des royaumes terrestres.
La réforme grégorienne va être complétée par celle d’Innocent III (1198-1216). Il reprend la théorie des deux glaives en fondant sa propre allégorie. Il compare les deux pouvoirs au rapport qui unissent Soleil et Lune :
« de même que la lune reçoit sa lumière du soleil auquel il est inférieur (dimension, qualité, position, puissance), de même le pouvoir royale emprunte à l’autorité des pontifes la splendeur de sa dignité ».
Innocent III fut le pape qui gouverna l’église sous les empereurs Frédéric Ier Barberousse (1155-1190) et Frédéric II (1215-1250). Deux empereurs dont nous reparlerons dans le dernier article de cette série.
Dans un sermon prononcé à l’occasion de la fête de la Saint-Sylvestre, Innocent va faire allusion à la donation de Constantin comme justification de son pouvoir temporel.
« Saint Sylvestre nomme, en vertu de son autorité pontificale, les patriarches, les primats, les métropolitains et les évêques ; en vertu de son pouvoir de roi, les sénateurs, les préfets, les juges et les notaires. Comme roi, le pontife romain porte la tiare, comme évêque universel la mitre. De la mitre, il se sert partout et en tout temps ; de la tiare, il fait un usage plus limité dans le temps et dans l’espace, car l’autorité spirituelle est plus ancienne, plus digne et plus étendue que l’autorité royale. Chez le peuple de Dieu, le sacerdoce passe avant l’empire. ».
Selon Innocent III, le pape est à la fois chef spirituel de l’Eglise et roi de l’empire d’occident selon l’héritage de la donation de Constantin au pape Sylvestre. La mitre représente le pouvoir spirituel et la tiare le pouvoir temporel. Le pouvoir de la mitre est permanent, alors que celui de la tiare ne lui sert que dans ses fonctions de roi. Il va utiliser la machinerie pontificale mis en place par ses prédécesseurs avec un génie rarement égalé. Ceux qui suivront après lui reprendront cette politique jusqu’à nos jours.
Ayant sous son autorité une batterie d’évêques et de prêtres, il va les révoquer et les déplacer à sa guise, selon son humeur afin d’empêcher l’attachement territorial. Ils sont transformés en fonctionnaire docile au service de la papauté. A cette organisation déjà ancienne, il va la doubler d’un réseau de légats du pape, c’est-à-dire des ambassadeurs qui jouent le rôle de contrôleurs généraux chargé de la surveillance de la hiérarchie ecclésiastique. Les décisions contre les religieux locaux se feront directement devant le pape afin d’échapper aux autorités temporelles nationales. L’ensemble de l’édifice juridique fera l’objet d’une série de décrétales intégré dans le droit canon.
Au terme de cette longue évolution, le souverain pontife détient le pouvoir spirituel sur l’ensemble de l’occident et le pouvoir temporel sur Rome et les Etats-pontificaux. Chacun de ses pouvoirs est symbolisé par un attribut que le pape montre au public. Ce sont les regalia du successeur de saint-Pierre. La mitre pour le pouvoir spirituel et la tiare pour le pouvoir temporel.
Après cette présentation rapide de la mise en place de la papauté. Abordons, dans l’ordre chronologique la chute du pouvoir spirituel à travers les siècles. Car toute la stratégie du diable va ensuite consister à retirer le pouvoir temporel du pape à partir du XVIIIe siècle, puis ensuite le pouvoir spirituel. Une double défaite qui entraînera la disparition d’un pape devenu inutile, car dénué de tout pouvoir réel. Comme ce fut le cas pour la chute du trône, le déclin de la papauté mélange de manière subtile les défaites matérielles et symboliques.
La perte du pouvoir temporel.
Pie VI (1775-1799) fut le premier a devoir subir les assauts du démon par l’intermédiaire de la Révolution française.
En 1797, la République française décida d’annexer le comtat Venaissin et Avignon, l’ancien siège de la papauté sous Philippe le bel. Napoléon va contraindre le pape à signer le traité de Tolentino dans lequel il renonça à la Romagne, à Bologne et à Ferrare. Le 11 janvier 1798, l’armée française pénétra dans Rome ce qui provoqua une Révolution dans la ville et la proclamation de la république romaine. Le pape a perdu la totalité de son pouvoir temporel. Il est fait prisonnier et emmener en France où il mourra à Valence.
Pie VII (1800-1823) récupérera son pouvoir temporel en signant un concordat avec Napoléon. Ce n’est que partie remise pour le diable.
Avec la fin du sacre des empereurs à Rome, en 1356, par le pape et en vertu de la donation de Constantin, le vrai roi d’Italie est le pape. Il est le seul à régner sur l’ensemble de l’Italie. Il existe une multitude de rois locaux (roi des Deux-Siciles, roi de Sardaigne, grand-duc de Toscane, etc.), mais pas de roi d’Italie. Or, à partir de 1859, le souverain pontife va devoir affronter Victor-Emmanuel II de Savoie (1849-1878) qui se présente comme le futur roi de l’Italie. Un faux pape, non sacré et non couronné. Ce fut Pie IX (1846-1878) qui dut affronter avec un grand courage la monté progressive du royaume d’Italie.
Le pape va tenter de réagir face à la perte progressive de son pouvoir temporelle.
Dans l’exhortation apostolique « Multiplices inter« , du 25 septembre 1865, il condamne les catholiques qui sont membres de loge maçonnique.
« Le pape Pie IX. Vénérables Frères.
Parmi les nombreuses machinations et ruses avec lesquelles les ennemis du nom chrétien ont osé s’attaquer à l’Église de Dieu, et se sont efforcés, bien qu’en vain, de la ruiner et de la détruire, il faut sans doute attribuer, Vénérables Frères, cette société perverse d’hommes, communément appelée maçonnique, qui se sont d’abord réunis dans des cachettes et dans l’obscurité, puis sont sortis impétueusement, au détriment commun de la religion et de la société humaine.
Les Pontifes romains Nos Prédécesseurs, conscients de leur charge pastorale, dès qu’ils ont découvert ses dangers et ses fraudes, ont jugé opportun de ne pas tarder à arrêter avec leur autorité, de frapper de la sentence de condamnation, comme une lance, et de disperser cette secte, qui exprimait la méchanceté et fabriquait de nombreux maux contre les choses sacrées et publiques.
(…)
D’ailleurs, n’ayant pas su réprimer la colère des méchants, l’anathème Pie VII, Notre prédécesseur, a frappé la secte Carbonari, née fraîche et répandue partout, surtout en Italie ; et Léon XII, brûlant d’un amour égal pour la santé des âmes, avec ses Lettres Apostoliques condamnait et interdisait à tous les fidèles, sous la très grave peine d’excommunication, aussi bien les premières sociétés clandestines, que nous avons mentionnées, que les autres, quelles qu’elles soient et quel que soit leur nom, qui conspirent contre l’Eglise et le pouvoir civil. Néanmoins, ces traitements pratiqués par le Siège Apostolique n’ont pas atteint le résultat escompté.
En fait, cette secte maçonnique dont nous parlons n’a jamais été apprivoisée et bloquée, mais au contraire elle s’est répandue partout, à tel point qu’en cette période de calamité, elle est partout pratiquée en toute impunité, et plus audacieusement elle se manifeste. Ce qui, selon nous, est largement imputable au fait que beaucoup, peut-être parce qu’ils ignorent les intentions iniques qui sont agitées dans ces rassemblements clandestins, croient à tort que ce type et cette institution de la société sont inoffensifs parce qu’ils ne feraient qu’aider les gens, les sortir de leur misère, et qu’il ne faut donc pas craindre de préjudice pour l’Église de Dieu.
Mais qui ne peut pas facilement comprendre comment cette appréciation s’écarte de la réalité ? Que signifie en fait cette rencontre d’hommes, de toute religion et de toute foi ? Que signifient ces rencontres clandestines, que signifie le serment très strict fait par ceux qui ont commencé dans cette secte de ne jamais manifester quoi que ce soit qui puisse lui appartenir ? Enfin, quel est le but de l’atrocité sans précédent des peines auxquelles ils sont obligés de se soumettre, si par aventure ils ne prêtent pas serment ? Il doit certainement être impie et mauvais que la société, qui a excessivement horrifié le jour et la lumière : car, comme l’a écrit l’Apôtre, « celui qui fait le mal déteste la lumière ». Il faut dire combien sont différentes de celles-ci les pieuses sociétés de fidèles, qui fleurissent dans l’Église catholique ! En eux, il n’y a rien de caché ni de caché ; les lois qui les régissent sont manifestes pour tous ; les œuvres de charité qui s’exercent selon la doctrine de l’Évangile sont manifestes. Pourtant ces associations catholiques, si salutaires, si opportunes pour exciter la piété, et réconforter les pauvres, non sans douleur on les voit s’opposer en certains endroits, et même les réprimer en d’autres ; alors qu’au contraire, la sombre secte maçonnique, si ennemie de l’Église de Dieu, si dangereuse pour la sécurité des Royaumes, est favorisée ou du moins tolérée. Et c’est pour nous, Vénérables Frères, une chose grave et douloureuse à supporter de voir qu’en réessayant une telle secte, selon les Constitutions de nos Prédécesseurs, certains sont négligés et presque endormis, alors que dans un travail d’une telle importance, la raison du ministère et de l’office qui leur sont confiés exige d’eux une grande vigilance.
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Maintenant, en conclusion, avec l’affection paternelle de l’âme, Nous avertissons et excitons les fidèles, qui par hasard ont souscrit à ces sectes, qu’ils devraient venir à des conseils plus sains, et qu’ils devraient abandonner ces groupes funèbres et ces groupes conventuels afin qu’ils ne tombent pas dans l’abîme de la ruine éternelle ; Pour la sollicitude des âmes, qui nous stimule, nous exhortons tous les autres fidèles à se méfier des paroles trompeuses des sectaires qui, montrant une certaine apparence d’honnêteté avec une haine ardente, sont poussés contre la religion du Christ et contre les principautés légitimes, et à ce seul titre, tendent et travaillent : de trafiquer tous les droits, tant divins qu’humains. Qu’ils comprennent que ces adeptes des sectes sont comme des loups qui, couverts de peaux d’agneaux, comme Jésus-Christ l’a prédit, viendront exterminer le troupeau ; qu’ils comprennent qu’ils doivent être maintenus dans le nombre de ceux dont l’Apôtre nous interdit tant la coutume et la compagnie, qu’il a ouvertement ordonné que nous ne les saluions même pas. » (Pie IX, allocution Multiplicites inter, 25 septembre 1865).
Le souverain pontife dénonce le rôle des carbonari dans l’unification italienne. C’est une branche de la franc-maçonnerie italienne. C’est elle qui dirigera le mouvement du Risorgimento. On peut s’étonner qu’une telle dénonciation de l’ennemi n’arrive qu’en 1865. Comme le disait Carl Schmitt dans son livre sur « la théorie du partisan« , il faut dénoncer l’ennemi et ne pas se tromper d’ennemi pour gagner une guerre. Encore faut-il le dénoncer assez tôt pour gagner la guerre. Entre 1848 et 1865, combien d’années perdu. La situation est déjà désespérée lorsqu’il prononce son allocution. Le pape ne contrôlait plus que Rome et sa région. Une situation qui raisonne étrangement avec notre situation actuelle. Nos dirigeants et nos intellectuelles ne veulent pas voir et désigner l’ennemi. Lorsqu’ils le font timidement, la situation est tragiquement presque perdue.
Notons, pour faire un parallèle avec le premier article, que le cercueil de Pie IX est surmonté d’une effigie ne comportant pas la tiare symbole du pouvoir temporel, mais les attributs papale du pouvoir spirituel (pallium et le camauro).
Etonnante image, car Pie IX garda une sorte de pouvoir temporel sur un quartier de Rome, le Vatican. Cette souveraineté sera confirmée par l’accord de Latran de 1929 signé entre Pie XI, Benito Mussolini et le « roi d’Italie » Victor-Emmanuel III (1900-1946). Le pape fut représenté sur son gisant avec la mitre papale, c’est-à-dire avec son attribut du pouvoir spirituel. Il abandonne la représentation temporelle, alors qu’il reste chef d’Etat d’un quartier romain.
La fin du pouvoir temporel va être consacrée officiellement par Paul VI et surtout Benoît XVI avec l’abandon de la tiare papale. Nous l’avons déjà vu, elle représente la fonction royale du pape. Le mot tiare vient du latin « tiara » ou « triregnum« , c’est-à-dire la triple couronnes des papes. Elle est en forme d’ogive recouverte de file d’or et surmonté d’une croix. Elle comporte trois couronne l’une en dessous de l’autre. Chaque couronne a une signification particulière et fut rajoutée à travers le temps sur l’ogive. Car il faut savoir qu’au départ, l’ogive n’a pas toujours comporté trois couronnes.
La première couronne représente le pouvoir originel de saint-Pierre. Jésus demanda à Saint-Pierre de diriger la future église. Selon le liber pontificalis (LVI : 10) après le baptême de Clovis, celui-ci remporte une importante bataille à Vouillé contre les Wisigoths. L’empereur d’orient Anastase Ier proposa à Clovis les insignes impériaux pour qu’il prenne la relève des empereurs d’occident. Dans la basilique Saint-Martin de Tours, Clovis se voit revêtir les insignes impériaux de l’occident, en particulier le diadème. Mais ultérieurement, le roi des Francs offrira le diadème au pape Hormisdas. Ce double don ne peu se comprendre que dans le cadre de la donation de Constantin qui avait transféré l’empire au pape. Ce diadème est la première couronne de la tiare. La première couronne correspond donc au pouvoir temporel impérial.
La deuxième couronne représente le pouvoir des clefs. Le pouvoir des clefs a été donné par le Christ à Saint-Pierre.
« Jésus lui répondit : » Tu es heureux, Simon, fils de Jean, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. Et moi je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » Alors il défendit à ses disciples de dire à personne qu’il était le Christ. » (Mathieu, XVI : 17-19)
La deuxième couronne fut ajouté par Boniface VIII en 1301. Avant cette date, les portraits des papes comportent effectivement une tiare avec une seule couronne comme le montre par exemple, le portrait de Grégoire VII.
L’ajout de la deuxième couronne entre dans le cadre du conflit avec Philippe le Bel et symbolisait le pouvoir de surveillance du pape sur les pouvoirs temporels des rois. C’est effectivement le droit de lier et de délier les hommes sur terre et dans le ciel donc de punir le roi en cas de violation de ses obligations religieuses.
Une statue de Boniface VIII montre celui-ci portant la tiare avec deux couronnes et les deux clefs dans une main.
La troisième couronne symbolise le pouvoir morale du pape sur les rois et les peuples. C’est le magistère de l’église en matière de dogme et de mœurs. Elle apparaît sur les armoiries de Jean XXII en 1316.
La perte de la tiare va se faire en deux étapes durant le XXe et le XXIe siècle. Paul VI (1963-1978) fait mettre une tiare sur ses armoiries, mais celle-ci ne porte qu’une seule couronne. Il renonce donc aux deux autres couronnes traditionnelles depuis le XIVe siècle. C’est une tiare incomplète. Jean-Paul Ier et Jean-Paul II reprendront les trois couronnes.
Etrange signe que le souverain pontife donne dès son avènement. Deux ans plus tard, le jour de clôture du concile de Vatican II, le 8 décembre 1965, il annonce qu’il renonce définitivement à la tiare. Il estime ne plus devoir exercer de pouvoir temporel sur le monde catholique. La représentation d’une seule couronne sur ses armoiries avait été une forme de mise en oeuvre d’une papauté qui se limitera au spirituel (sans doute que la couronne restante représentait la troisième, celle du magistère). Comme je le dis souvent, le symbolique précède et annonce souvent des décisions qui surviendront ensuite dans le monde réel. La tiare, avec une seule couronne, désormais inutile fut offerte au musée de la basilique de l’immaculée conception de Washington (tout un symbole).
Benoît XVI (2005-2013) fut le premier souverain pontife à faire disparaître la tiare de ses armoiries. Geste qui sera imité par son successeur François (2013-?). Elle sera remplacée par la mitre qui ne symbolise que le pouvoir spirituel.
Notons avec un grand intérêt que des fidèles ont tenté d’offrir une tiare à chacun des successeurs de Paul VI (sauf Jean-Paul Ier qui ne régna pas assez longtemps). Le peuple sent bien que l’abandon du symbole de la tiare correspond à un renoncement volontaire du pouvoir politique. Le petit peuple comprend très bien la portée hautement symbolique d’une regalia. Je dirait même mieux, il le comprend bien mieux que les élites bourgeoises qui nous dirige ou se trouve dans l’opposition.
En 1981, une délégation de catholiques hongrois, alors sous un régime communiste, offre à Jean-Paul II, une sublime tiare avec trois couronnes en fleurs de lys. Il accepte le don, mais ne la portera jamais.
Le 25 mai 2011, des catholiques allemands offrent à Benoît XVI une autre tiare qu’il ne portera pas. Pour cause, il venait de renoncer à la mettre sur ses armoiries. Il est difficile de lutter lorsque l’homme ne veut pas voir, malgré les signes que Dieu nous envoie.
Troisième tentative avec François. Le 16 mai 2016, une délégation de catholiques yougoslaves emmené par le président serbe Trajko Veljanovski emmène une autre tiare qui sera acceptée mais jamais portée (pour l’instant).
Une église catholique qui ne joue plus aucun rôle politique n’est plus l’église. C’est une renonciation très grave qui annonce des déboire encore plus grand. Les deux couronnes auxquelles le pape renonce sont celle du trône impérial sur l’Occident et le pouvoir des clefs.
François, depuis qu’il a accédé au trône de Saint-Pierre, n’annonce rien de bon. Est-il vraiment pape ? On peut se poser la question.
Pas de tiare. Certes.
Il refusera même les autres attributs du souverain pontife. Il est le premier pape de l’histoire à se présenter au balcon de la place Saint-Pierre le soir de son élection sans aucun attribut liturgique. Il ne portait qu’une soutane blanche et une croix. Lors de son discours, il ne se présentera pas comme pape, mais comme « évêque de Rome » et parlera de Benoît XVI comme d’un « évêque émérite ». La papauté a symboliquement disparu, avant une disparition réelle… hé oui le symbolique annonce toujours le réel.
Perte du pouvoir spirituel.
En écrivant ses terribles lignes je ne peut que penser à la prophétie de Saint-Malachie, à celle de Fatima ou encore a des quatrains de Nostradamus.
La prophétie de Saint-Malachie dite aussi prophétie des papes donne une devise en latin à chaque pape jusqu’à la fin des temps. La dernière devise de la liste concerne Benoit XVI : « Gloria olivae » (la gloire de l’olivier). François n’a pas de devise. En effet il règne en même temps que Benoît XVI, encore en vie, au moment où j’écris ses lignes. Toutefois, sa santé décline dangereusement selon son entourage.
Après la devise de Benoit XVI, la prophétie donne un petit texte qui annonce l’avènement de Pierre II le Romain, le futur Grand Pape de la fin des temps qui accompagnera le Grand Monarque.
« Pierre le Romain, qui fera paître ses brebis à travers de nombreuses tribulations. Celles-ci terminées, la cité aux sept collines sera détruite, et le juge redoutable jugera son peuple. Fin.«
Le texte se termine par le terrible mot « fin » lourd de sens.
L’apparition de Fatima a donné un secret en trois parties, qui ont été publié en l’an 2000 par Benoît XVI, alors qu’il était encore évêque.
« Après les deux parties que j’ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche ; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre Dame en direction de lui ; l’Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d’une voix forte : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! »
Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu : « Quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant » un Évêque vêtu de blanc, « nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père ».[Nous vîmes] divers autres Évêques, Prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s’ils étaient en chêne-liège avec leur écorce ; avant d’y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin ; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches ; et de la même manière moururent les uns après les autres les Évêques et les Prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes.
Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu.«
Vous noterez avec moi que la révélation parle d’un « évêque vêtu de blanc » qui « semble » être le saint-père. Cela me fait penser à François lors de son arrivée au balcon de la place saint-Pierre. Je ne veux présager de rien… Je ne fait que constater.
Terminons avec deux quatrains de Nostradamus concernant la chute de Rome.
I-69 :
La grand montaigne ronde de sept estades,
Apres paix, guerre, faim, inundation,
Roulera loing abysmant grands contrades,
Mesmes antiques, & grand fondation.
Rome («La grand montaigne ronde de sept estades») connaîtra après une longue période de paix («Apres paix»), la destruction par la guerre («guerre»), la famine («faim») et des troubles révolutionnaires («inundation»).
Lorsque la cité s’écroulera, sa destruction entraînera également dans l’abîme l’ensemble du monde occidental dont elle était le phare et le modèle («Roulera loing abysmant grands contrades»). Le fondement culturel et spirituel de la ville ne concerne pas seulement les deux mille ans de l’histoire chrétienne, mais également l’histoire de la Rome Antique dont l’Occident est l’héritière («Mesmes antiques, & grand fondation»).
X-65 :
O vaste Rome, ta ruyne s’approche,
Non de tes murs, de ton sang & substance
L’aspre par lettres fera si horrible coche
Fer pointu mis à tous jusques au manche.
O vaste Rome, ta ruine s’approche («O vaste Rome, ta ruyne s’approche»). Cela ne concernera pas la ruine de tes murs («non de tes murs»), mais de tes habitants et de ta puissance religieuse («de ton sang et substance»).
L’homme qui porte le nom d’Aspre fera de terrible persécution («l’aspre par lettre fera si horrible coche») et tuera avec un fer pointu («fer pointu mis tous») en le plantant jusqu’au manche dans le corps de ses victimes («jusqu’au manche»).