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Les techniques de manipulation mentale : la dissonance cognitive (7).

Plongez au cœur de la dissonance cognitive, un puissant mécanisme de manipulation mentale, dans cet avant-dernier volet de notre série. Découvrez comment nos convictions et actions entrent parfois en contradiction, nous poussant vers des comportements inattendus pour rétablir notre équilibre intérieur. Cet article offre un regard profond sur la psychologie sociale, éclairant la manière dont nos pensées se façonnent et s’ajustent sous l’influence extérieure, une lecture essentielle pour quiconque s’intéresse à la dynamique du comportement humain.

Auparavant, nous avions vu toutes les manœuvres dont disposais le pouvoir pour manipuler la population selon la théorie de l’engagement. Dans le domaine de la dissonance cognitive, nous sommes dans une autre logique. Elle concerne le fonctionnement cognitif de l’homme, c’est-à-dire comment se déroule ses rapports psychologiques avec le monde. Dans le fonctionnement cognitif de l’homme, il faut bien distinguer la consistance cognitive (I) de la dissonance cognitive (II).

I. La consistance cognitive.

En psychologie sociale, on parle de pensée sociale (A) qui doit être cohérente au niveau cognitif (B).

A. La pensée sociale.

La pensée sociale est la pensée que les individus adoptent en fonction du contexte sociale. Pour parler plus simplement, c’est la manière dont une personne pense le monde qui l’entoure. C’est ce qui va déterminer notre comportement avec les autres.

Chacun a une pensée sociale différente. Elle est spécifique vis-à-vis des autres individus. Une personne à sa manière propre de voir le monde, la société et ses rapports avec les autres.

Toutefois, malgré le caractère unique de la pensée sociale, celle-ci est toujours organisée de la même manière.

On parle alors de structure ou d’organisation de la pensée sociale.

En effet, nous retrouvons toujours les mêmes éléments organisés en architecture.

C’est l’idée développée par le psychologue social français Michel-Louis Rouquette en 1973. Michel-Louis Rouquette, né en 1948 à Béziers et mort en 2011 dans la même ville fut professeur à l’université de Montpellier, à celle de Saint-Denis, puis en enfin à l’Université René Descartes. Avant lui, ces éléments de la cognition humaine étaient étudiés distinctement. Rouquette est le premier à avoir l’idée géniale de les regrouper ensemble dans un système cohérent.

Michel-Louis Rouquette (1948-2011), psychosociologue français.

Nous avons quatre éléments hiérarchisés en fonction de leur stabilité et de leur généralité. Du plus général au moins général, du plus stable au moins stable :

  • L’idéologie (1).
  • Les représentations sociales (2).
  • Les attitudes (3).
  • Les opinions (4).

Ils peuvent être classés entre eux selon deux critères : leur stabilité et leur degré de généralité.

1. L’idéologie.

En haut se trouve, l’idéologie.

C’est l’élément le plus stable et le plus général.

L’idéologie est une superstructure qui regroupe les représentations sociales et les attitudes d’une personne. Elle englobe et détermine tous les autres éléments. Elle est unique. Il n’y en a qu’une seule pour chaque individu.

Il est quasiment impossible d’agir par la manipulation mentale directement sur l’idéologie, en raison de sa stabilité et de sa généralité. Par généralité, on entend qu’elle est propre à une société. Elle concerne des millions d’individus.

L’idéologie est l’objet de la manipulation mentale sur le long terme. La propagande a pour objectif de faire changer l’idéologie d’un individu. C’est très difficile et très compliqué. C’est pour cela que la plupart des techniques que je vais vous présenter ne viseront qu’à changer les attitudes, les opinions ou les représentations sociales.

Lorsqu’on parvient à modifier plusieurs attitudes et qu’elles entrent en contradiction avec les représentations sociales, on obtient le changement des représentations sociales. Il faut modifier plusieurs représentations sociales pour obtenir un changement d’idéologie. C’est un travail de longue haleine qui ne fonctionne pas toujours.

Actuellement en France, il existe huit cultures politiques selon les travaux des historiens Serge Berstein (« Les cultures politiques en France« ) et René Remond (« Les droites en France »).

Berstein et Remond font apparaître des systèmes de représentation, des codes, des ensembles de référent, des systèmes de représentation permanent dans la vie politique française. Ce sont des cultures politiques porteuses de normes partagées par des groupes plus ou moins importants dans la société et qui sont reçut en héritage.

Or, la culture politique correspond à la notion d’idéologie de la psychologie sociale.

Pour ceux qui ont l’habitude de me lire, vous savez que j’ai un double cursus de droit et de psychologie. A aucun moment, les auteurs ne font référence à la psychologie sociale et à la notion de pensée sociale. Or, sans le savoir, leurs travaux viennent rejoindre ceux de la psychologie. Deux spécialités qui semblent s’ignorer royalement, et c’est bien dommage. Les travaux des deux auteurs viennent confirmer la notion d’idéologie de la psychologie sociale.

Pour Serge Berstein, il y a huit cultures politiques en France :

  • La culture traditionaliste.
  • La culture libérale.
  • La culture socialiste.
  • La culture communiste.
  • La culture démocrate-chrétienne.
  • La culture républicaine.
  • La culture nationaliste.
  • La culture libertaire.

L’individu devra choisir parmi l’une de ses huit idéologies. Au pire, il pourra faire un mélange de deux, voir de trois idéologies.

Une culture politique va être associée à un ou plusieurs partis politiques, parfois, a un syndicat, mais pas toujours. Chaque comportement est l’expression de sa culture politique, chaque culture politique est une clef d’intelligibilité de la vie politique.

Chaque culture politique va proposer une vision globale de la société, du monde, de son évolution. Chaque culture propose une vision de la société idéale quelle cherche à construire. On va parler d’idéologie. L’idéologie sert à construire l’univers social et à orienter le comportement et les conduites sociales d’un individu.

Les cultures politiques ne sont pas fixes historiquement. Elles sont là pour apporter une réponse à un problème fondamentale qui se pose à un moment donné de l’histoire. Par exemple, la Révolution française suscite la création de deux cultures politiques : la culture traditionaliste, qui veut revenir à la forme d’organisation politique de l’Ancien Régime et donc antérieure à la Révolution et la culture républicaine. Cependant, ses cultures vont s’adapter aux circonstances nouvelles, tout en essayant de garder l’ancien point de vue.

2. Les représentation sociales.

En dessous de l’idéologie, nous trouvons les représentations sociales qui découlent de l’idéologie.

Elles ont une stabilité et une généralité moyenne.

Nous avons plusieurs représentations sociales en fonction des sujets. Elles trouvent leurs origines dans l’idéologie. C’est l’idéologie qui détermine le contenu de la représentation sociale.

Il est possible de modifier directement une représentation sociale, même si la tâche est assez difficile. En effet, tout comme l’idéologie, la représentation sociale est stable. Qui dit stabilité dit que la modification directe de celle-ci est compliqué. Souvent, le manipulateur, n’agira pas sur elle pour obtenir un changement de comportement. Il faut modifier deux ou trois attitudes pour obtenir un changement de représentation sociale.

Prenons l’exemple de l’immigration. Cherchons la représentation sociale de l’immigration dans la culture socialiste et dans la culture nationaliste.

Pour la culture socialiste, il faut regarder sur le site internet du Parti socialiste, leur programme sur l’immigration. Il faut faire de même avec le programme du Rassemblement National pour la culture nationaliste.

Pour le Parti socialiste, nous avons les idées suivantes :

  • Accueil.
  • Respect de la dignité.
  • Droit d’asile.
  • Intégration.
  • Politique migratoire.

Pour le Rassemblement Nationale, nous trouvons :

  • Profiteurs.
  • Danger.
  • Terrorisme.
  • Chômage.

3. Les attitudes.

Les attitudes sont générées par l’idéologie et les représentations sociales.

Elles sont changeantes et personnelles.

L’attitude est seulement un comportement que l’on adopte face à un problème. Elle se polarise autour d’un élément positif ou négatif. Elle ne se verbalise pas, c’est seulement un comportement vis-à-vis d’une question. L’attitude se verbalise par l’opinion que nous verrons ensuite. Attitude et opinion sont intimement lié.

Dans le cadre de l’immigration, l’attitude d’un socialiste sera positive, alors que pour un sympathisant du Rassemblement National, elle sera négative. Le militant socialiste ira parler avec Mouloud, alors que celui du Rassemblement Nationale se sauvera en courant.

L’attitude est la cible privilégiée des techniques de manipulation mentale et de la propagande. C’est elle qu’il faut viser en priorité lorsqu’on souhaite mettre en œuvre l’une de ses techniques. En modifiant plusieurs attitudes, on parvient à faire changer une représentation sociale.

4. Les opinions.

Enfin, tout en bas, se trouvent les opinions qui découlent des attitudes.

Elles changent très souvent et son différentes pour chaque individu.

Comme pour l’attitude, l’opinion est un facteur important dans les techniques de manipulation mentale. Il faut, en priorité, chercher a modifier les attitudes et les opinions des gens pour obtenir un changement psychologique. Toute l’histoire de la propagande à travers les siècles vise à provoquer le changement des opinions et des attitudes. Ayant changé plusieurs attitudes, on obtient une modification de la représentation sociale puis enfin de l’idéologie. La base étant l’attitude et l’opinion. J’ai en projet d’écrire plusieurs articles sur le sujet. Le mécanisme psychologique en jeu n’étant jamais abordé par les auteurs qui écrivent sur la propagande. C’est pourtant un point fondamental.

B. La cohérence de la cognition.

Cette consistance joue à trois niveaux :

  • Le niveau comportemental (1).
  • Le niveau discursif (2).
  • Le niveau cognitif (3).

1. Le niveau comportemental.

Nous produisons un ensemble de comportements qui sont cohérents pour ne pas paraître cyclothymique.

Reprenons notre exemple de l’immigration. Un sympathisant socialiste comme un militant nationaliste va essayer de garder un comportement général cohérent au sujet des populations étrangères vivant dans son pays. Est-ce que je parle gentiment à un immigré, est-ce que je donne à boire et à manger, à un migrant qui dort dehors ? Ou alors est-ce que j’insulte l’étranger ? Est-ce que je refuse d’aider un migrant, car je désire qu’il retourne chez lui en Afrique ? Le choix de ce comportement va dépendre de mon idéologie, de ma représentation sociale de l’immigration et de mon attitude sur le sujet.

L’objectif du propagandiste va être de chercher à provoquer une discordance dans le comportement afin de provoquer un mécanisme psychologique de dissonance cognitive. Mécanisme qui aura pour objectif de rétablir la cohérence. Nous verrons cela ensuite.

Le vrai état totalitaire, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’a pas pour objectif d’interdire de faire, mais bien au contraire d’obliger à faire. Par exemple, en ce moment, la quasi-totalité de la classe politico-médiatique française a pris le choix politique d’être dans le camp israélien dans le cadre de la guerre du Shabbat. Il tente d’obliger les autres à dire que le Hamas est une organisation terroriste et à réduire le camp palestinien au camp qui soutient le Hamas. Si vous ne le faites pas, vous êtes immédiatement qualifié d’antisémite. Nous sommes ici, clairement dans l’application méthodique de la technique de la dissonance cognitive au service d’une propagande de guerre.

Pourquoi chercher à obliger à faire ? Ou à dire ? C’est contre intuitif.

C’est simple, la réponse est dans la technique de la dissonance cognitive.

En obligeant une personne à agir d’une certaine manière en contradiction avec ce qu’elle pense, on provoque une dissonance cognitive dont on espère qu’elle provoquera un changement de représentation sociale voir d’idéologie.

Sous le IIIe Reich, on obligeait les gens à faire le salut Nazi. Un homme, August Landmesser, refusa de le faire. Cela donna une photo mondialement célèbre. Le vrai acte de résistance dans un Etat totalitaire est de refuser de faire jusqu’au bout. Il faut refuser de répondre à la question du statut de terroriste du Hamas. C’est une nécessité vitale. C’est l’attitude qu’adopta August Landemesser.

C’est très difficile d’être celui qui dit « non » dans une époque où tout le monde est obligé de dire « oui ». Très difficile d’être un August Landmesser. Il était un modeste ouvrier des chantiers navals de Hambourg. Comme quoi, souvent la vérité vient du petit peuple, des gens les plus modestes. Jamais ou presque jamais, un tel acte ne viendra de la bourgeoisie. Il avait compris, bien mieux que beaucoup de professeur d’université la vérité essentielle du nazisme et la manière de lutter contre lui. Par conformisme, il aurait pu (il aurait dû) faire le salut nazi. Mais il refusa, car il voulait garder sa cohérence cognitive. Alors que les 99 % qui l’ont fait autour de lui devront pratiquer l’une des quatre techniques de la dissonance cognitive afin de rétablir cette cohérence vitale afin de vivre en société.

2. Le niveau discursif.

Le niveau discursif concerne, non plus seulement les actes que nous produisons, mais le discours que nous tenons. Nous sommes dans le domaine de la communication verbale et para-verbal. La encore, l’individu normal cherche la cohérence. C’est un objectif vital que nous impose la vie en société, un mécanisme bien intégré dans chaque individu.

La propagande des régimes totalitaires tente d’obliger à faire, mais également d’obliger à dire.

C’est également tout le sens d’une scène resté célèbre entre Etienne Chouard et le « journaliste » Denis Robert. Denis Robert est l’exemple même du journaliste devenu propagandiste, collabo et bon petit soldat du totalitarisme. Il avait pour mission d’obliger Etienne Chouard à dénoncer les chambres à Gaz.

Là aussi, nous avons le même mécanisme de réduction, de simplification et de raccourci typique des mécanismes de propagande. Pour la guerre du Shabbat, ne pas dire que le Hamas est un groupe terroriste, c’est soutenir le terrorisme et donc être un terroriste soit même. On essaye de réduire la cause palestinienne au Hamas et donc à des terroristes. Une incroyable simplification de la complexité de la crise palestinienne. On tente par une technique, très mal faite d’ailleurs, de faire changer de représentation sociale les pro-palestiniens afin de les amener à adhérer à la cause israélienne. Bon courage. Nous verrons plus bas, que les services de l’Ambassade d’Israël en France vont utiliser une méthode plus subtile et plus efficace. Heureusement pour leur camp qu’ils ont des spécialistes plus efficaces de la guerre psychologique, car nos « bras cassés » en France qui occupe tout l’espace médiatique sont pitoyables. L’Etat israélien devrait choisir de meilleurs propagandistes.

C’est la même chose pour les chambres à gaz. On tente toujours de réduire l’horreur de la Shoah à la seule existence des chambres à gaz. Ne pas dire que les chambres à gaz ont existé, c’est nié leur existence et donc nier l’existence de la Shoah. Une simplification incroyable qui devrait faire sursauter n’importe quelle personne intelligente. Lorsque je vivais à Kiev, j’ai visité le site de Babi yar. A Babi Yar, des centaines de milliers de juifs ont été exterminé… par balle… pas de chambre à gaz… On en fait quoi ? Ils sont niés ? Ces morts-là n’existent pas. Et le ghetto de Varsovie ? Idem. Le vrai négationniste, c’est Denis Robert…

Pourquoi cette attitude là.

Car le sujet des chambres à gaz est le cheval de bataille du judaïsme politique.

Judaïsme politique qui conçoit le judaïsme, non pas comme une religion, mais comme une race. Ces gens-là sont athées et nient l’existence de Dieu et du destin établi pour les Juifs dans l’Ancien Testament. Ils veulent aller contre ce que Dieu a décidé pour Israël. Vivre en exil depuis la mort du Christ, jusqu’au retour du messie que les Juifs reconnaîtront. Faux juif athée, ils ont soutenu, durant la Deuxième Guerre mondiale les persécuteurs des vrais Juifs qui ont terminé dans les camps. Les ancêtres de ces gens-là ont financé la prise de pouvoir d’Adolf Hitler (voir les travaux d’Anthony Sutton) et ont ensuite soutenu Pétain et l’occupation allemande de la France, livrant des listes de vrais Juifs a la Gestapo pour les faire envoyer dans les camps (lire les travaux de Simon Epstein et de Maurice Rajfus). Il surjouait l’antisémitisme au moment de l’affaire Dreyfus, comme ils surjouent aujourd’hui l’antisémitisme, pour finir dans les bras du nazisme, qu’ils soient hitlérien, ukrainien ou du Likoud. Nous revivons la même histoire à quatre-vingts ans d’écart.

C’est tout simplement insupportable de recevoir des leçons de morale de ces gens-là. Mon grand-père résistant dans le maquis bourguignon, faisait passer des femmes et des enfants Juifs en zone libre. La ligne de démarcation traversait sa zone de maquis, dans le Morvan. Je n’ai aucune leçon à recevoir.

La seule chose qui les intéresse, c’est de provoquer un mécanisme de dissonance cognitive en obligeant les gens à dire et à faire ce qu’ils ne veulent ni faire, ni dire. C’est ce que montre très bien la scène entre Denis Robert et Etienne Chouard.

Denis Robert pose la question de cette manière : « Est-ce que tu as un doute, toi personnel, sur l’existence des chambres à gaz ? »

Réponse spontanée d’Etienne Chouard :  » (il souffle) qu’est-ce que c’est que cette question…pfff ce n’est pas mon sujet… je n’y connais rien.« 

Denis Robert affirme alors d’un ton péremptoire : « Mais non, tu ne peux pas répondre, j’y connais rien« .

Etienne Chouard : « mais pourquoi… Mais bien sûr que si… je vais te dire… oui j’ai aucun doute… j’ai aucun doute… Juste je n’y connais rien. J’ai aucun doute, car sinon je suis un criminel de la pensée. Il y a un truc déconnant là. Parce qu’on demande aux gens d’être sûr, d’avoir une certitude sur un sujet qu’ils connaissent pas. »

Dennis Robert : « Mais on peut avoir une opinion.« 

Le discours d’Etienne Chouard est plein de bon sens. Il dit qu’il n’y connaît rien et qu’il n’en parle jamais. Mais cela ne suffit pas, car on veut obtenir de lui qu’ils reconnaissent l’existence des chambres à gaz.

Vous remarquerez avec moi que Denis Robert ne cherche pas à lui faire dire s’il condamne les camps de concentration, s’il a des doutes sur la Shoah ou s’il soutient le nazisme, ce qu’il aurait fait sans problème. Moi aussi d’ailleurs.

Non. On cherche à lui faire reconnaître l’existence des chambres à gaz. Pourquoi cette insistance sur ce petit détail (détail qui avait valu beaucoup d’ennuis à Jean-Marie Le Pen).

C’est justement là où se trouve la subtilité du mécanisme.

Denis Robert n’a pas cherché à lui demander s’il condamnait le nazisme ou les camps de la mort. La technique serait tombée à l’eau immédiatement. Cela n’aurait provoqué aucun mécanisme de dissonance cognitive, car justement, cette opinion est en adéquation avec ce que pense Etienne Chouard, il faut aller chercher le petit point de détail qui va le mettre en difficulté, afin de susciter le doute dans son esprit. Du petit détail, on va ensuite généraliser le propos. Le doute sur l’existence des chambres à gaz va devenir le doute sur la Shoah, puis la négation de la mort de Juifs dans les camps. On entre dans l’esprit de la personne par le petit bout de la lorgnette.

Derrière la question de la chambre à gaz, il y a un sujet qui fait polémique et donc la possibilité de la mise en œuvre du mécanisme de dissonance cognitive. Il y a la question du professeur Faurisson ou de Vincent Reynouard et des écrits révisionnistes de manière plus général. Denis Robert avait repéré que par le passé, Etienne Chouard avait pris la défense de ces gens-là, au nom de la liberté d’expression. C’est pour cela qu’il décide d’utiliser cet angle d’attaque. En cherchant à lui faire dire « oui, je n’ai aucun doute sur l’existence des chambres à gaz« , il va tenter de générer un conflit dans la cognition d’Etienne Chouard.

Une fois la situation redevenue normal, il reprendra son schéma de pensée habituelle

Toutefois, le simple fait de poser une question sur un point sensible n’est pas suffisant pour provoquer de la dissonance, il faut ajouter de la peur, de l’intimidation. C’est l’introduction de la pulsion numéro 1, comme l’aurait dit Serge Tchakhotine. La pulsion n°1, c’est la violence, l’agressivité. Il faut lire et relire « le viol des foules par la propagande politique » pour bien comprendre l’importance des quatre pulsions fondamentales en matière de propagande. Pour forcer une personne à dire ce qu’elle ne veut pas dite, on le menace de procès, de prison, on l’accuse d’antisémitisme, de racisme. Les dix plaies d’Egypte vont s’abattre sur lui, s’il ne dit pas qu’il condamne les chambres à gaz ou s’il ne dit pas que le Hamas est un groupe terroriste.

Mais attention, il ne faut pas trop faire peur, ne pas menacer de manière trop forte la personne, sinon cela ne fonctionne plus. Parmis de multiples techniques issues de la théorie de la dissonance cognitive, celle dont j’ai décidé de vous parler dans cet article porte le doux nom de « technique de la soumission forcée« . La menace doit être modérée, car si elle est trop forte et trop violente, la personne qui subit la mise en œuvre de la technique trouvera d’autres mécanismes pour sortir du conflit interne qui rendra inefficace la propagande. Une fois la situation redevenue normale, il reprendra son schéma de pensée habituel. L’effet de la contrainte sera temporaire. C’est le principal problème de la propagande nazie qui utilisa avec trop de force l’intimidation sur la population. Contrairement aux idées reçues, la propagande d’Hitler et de Goebbels fut un échec, n’entraînant pas de changement durable dans l’esprit des gens. Une fois le Troisième Reich renversé, les Allemands sont retournés vers leurs manières habituelles de penser. Une menace modérée entraîne une intériorisation du conflit qui provoque un changement durable.

Quelques semaines plus tard, la dissonance cognitive a fait son effet sur Etienne Chouard. Il est alors invité sur Sud radio en face d’Elisabeth Levy. Une émission devenue, elle aussi, culte.

Lors de l’émission, on s’aperçoit qu’Etienne Chouard a changé radicalement de comportement et d’opinion, face à Elisabeth Levy.

« Je suis vraiment désolé… j’ai l’impression d’avoit fait une énorme connerie. Il fallait répondre… évidemment… évidemment il n’est pas besoin de lire des livres pour avoir un point de vue sur la Shoah… puisqu’il n’y a pas de doute… il n’y a aucun doute là-dessus. Les chambres à gaz ont existé, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Je ne suis pas négationniste. Pour moi la Shoah, c’est évidemment l’incarnation de l’horreur. C’est une indignation, c’est révoltant, c’est répugnant, c’est scandaleux, au point que cela devrait continuer à nous mobiliser pour éviter que cela ne recommence.« 

Que s’est-il passé ?

Etienne Chouard a changé de représentation sociale en raison de la dissonance cognitive.

Bien comprendre le mécanisme en jeu.

  1. Par la peur et une menace modérées, on cherche à forcer une personne à dire le contraire de ce qu’elle pense.
  2. La personne cède à l’injonction en accepter de dire le contraire de ce quelle pense.
  3. Cela provoque une dissonance cognitive. Conflit au sein du psychisme.
  4. Résolution du conflit, en utilisant l’un des quatre mécanismes de réduction de la dissonance.

La résolution du conflit cognitif peut se faire de quatre manières différentes (nous verrons cela ensuite) dont l’une est le changement de cognition. C’est celle-là qu’Etienne Chouard va choisir. Il aurait pu faire autrement. Il aurait même pu éviter d’entrer dans le processus de la dissonance cognitive.

Comment empêcher la mise en œuvre de la dissonance cognitive ?

C’est très simple.

En dénonçant la technique que son adversaire met en œuvre contre lui. Il aurait dû parler de dissonance cognitive ou de technique de soumission forcée et accuser son adversaire de manipuler les gens. Lorsque vous sentez que l’on veut vous forcer sous contrainte à dire quelque chose que vous ne voulez pas dire, il y a technique de la soumission forcée. Une fois ses éléments détectés lors d’une interview ou d’une discussion, il faut le dire. Ses techniques ne fonctionnent que parce que celui qui les subit ne le sait pas. S’il a compris ce qui se passe, le manipulateur à échouer et il n’y aura pas de dissonance. Cela permet de couper l’herbe sous le pied de son interlocuteur.

Je suis étonné de la passivité d’Etienne Chouard, comme de Jean-Marie Le Pen au moment de l’affaire du « point de détail ». Ces gens-là, n’ont-ils aucun conseiller politique qui a fait des études de psychologie. La médiocrité de leur entourage est flagrante. C’est l’époque qui veut cela.

Je précise que je n’ai aucune sympathie pour les thèses négationnistes ou même révisionniste. Ce sont des gens à la mentalité très particulière avec qui j’ai eu par le passé beaucoup de problèmes. J’ai le même point de vue vis-à-vis des « faux Juifs » souvent athée qui exploitent ce malheur afin de manipuler les foules, car il ne croit pas en Dieu. Là aussi, nous avons un groupe très particulier aux idées identiques à celles de négationnistes (athéisme et intérêt pour le nazisme). Les négationnistes utilisent les mêmes techniques détournées de manipulation mentale. Sous couvert d’une critique du judaïsme de l’Ancien Testament, il attaque par un moyen détourné le catholicisme, la religion qui continua le judaïsme en raison de la Nouvelle alliance. Ils sont souvent silencieux sur le Judaïsme né après l’arrivé du Christ, c’est-à-dire le Talmud et la Kabbale. Presque toujours, ces gens-là sont athées et/ou néo-païens sans jamais le précisé explicitement. Et lorsqu’ils se revendiquent du catholicisme, ils ne le sont pas, mais sont proches des idées de l’hérétique Marcion.

Au milieu, de ces faux Juifs et des négationnistes néo-païens, qui représente une minuscule minorité de la population, il y a le petit peuple juif comme catholique qui est pris en otage dans un conflit d’arrière-cours sans grande importance et surtout sans intérêt.

3. Le niveau cognitif.

La cohérence doit être comportementale, discursive, mais également à l’intérieur de nos connaissances. Tout ce que nos savoirs doivent être cohérents entre eux. Cela se fait par le biais de l’exposition sélective, c’est-à-dire que l’on cherche à éviter toute connaissance qui remettrait en cause nos connaissances établit.

Pour parler plus simplement, notre cohérence se manifeste dans nos paroles, dans nos actes, mais également dans notre pensée. C’est pour cela que les régimes totalitaires ne se contentent pas de lutter contre ce que vous dites tout haut, contre ce que vous faites, mais également va tenter de lutter contre votre pensée intérieure. On observe bien cette lutte contre la pensée intérieure des citoyens dans le roman « 1984 » de Georges Orwell. C’est la manifestation du niveau cognitif.

Elle se retrouve chaque jour dans l’actualité du moment. On tente de deviner la pensée des gens en analysant leurs discours ou leurs actes, voir même ce que ne nous ne faisons pas et qui serait censé exprimer notre pensée la plus intime. Évoquons la polémique sur Karim Benzema qui n’aurait pas fait de tweet sur les victimes civiles en Israël, alors qu’il le fait pour celle de Gaza. Cela serait censé exprimer une forme d’antisémitisme latent… l’antisémitisme par omission, une nouvelle forme de crime de la pensée dans la France de Macron.

Loin de moi l’idée de défendre Karim Benzema pour lequel je n’ai aucune sympathie. J’utilise simplement cet exemple afin de montrer les mécanismes psychologiques derrière l’actualité. Il existe mille raisons psychologiques qui pourraient expliquer le comportement de M. Benzema, autre que l’antisémitisme. Par exemple des motifs de choix politiques, religieux ou simplement la fierté. L’objectif du totalitarisme étant d’obliger à dire ou à faire afin de forcer à penser comme eux. En accusant Karim Benzema d’antisémitisme, on tente de le forcer à dire quelque chose qu’il pense peut-être, mais qu’il n’a pas envie de dire publiquement. Moi cela m’arrive régulièrement. Or, ce genre d’attitude est interdit dans un régime totalitaire. C’est tout l’objet de la dimension cognitive.

II. La dissonance cognitive.

La dissonance cognitive a été élaborée par le psychologue juif américain Léon Festinger (1919-1989).

Léon Festinger.

Il travailla sous les ordres de Kurt Lewin au MIT (Massachusetts Institute of Technology), auquel il succédera après sa mort. Nous sommes ici en plein dans les travaux ayant servi à manipuler les foules dont Kurt Lewin est l’un des maîtres. Lewin et Festinger sont d’ailleurs, je n’hésite pas à le dire, deux génies, grâce à qui nous pouvons comprendre d’importants mécanismes de la psychologie humaine. 

La théorie de la dissonance cognitive de Festinger vient compléter celle de la consistance cognitive que nous venons de voir. Elle s’articule entièrement autour de la théorie de la consistance cognitive.

Naturellement, chez l’homme normal, il y a une cohérence cognitive, c’est-à-dire que l’idéologie est en accord avec les différentes représentations sociales, les représentations sociales étant elle-même en accord avec les attitudes et les opinions. Mais parfois, un élément extérieur vient créer le désordre à l’intérieur du cerveau d’une personne. C’est-là que va se produire la dissonance cognitive.

Pour la fin de l’article, je voudrais aborder la question de l’utilisation des enfants dans la propagande de guerre de l’armée israélienne dans le cadre de la guerre du Shabbat. J’ai fait ce choix afin de rester cohérent avec le thème adopté depuis le début de l’article. De plus, j’ai perçu dans la communication du gouvernement israélien une utilisation très habille et très subtil de la technique de la dissonance cognitive, en ce qui concerne les enfants et les jeunes femmes mortes s le 7 octobre 2023. Il cherche à amener l’opinion publique internationale à un changement de cognition à l’égard de l’intervention militaire à Gaza.

Ce n’est pas une obsession de ma part, mais c’est l’actualité qui commande mon choix. Depuis plus d’un mois, nous sommes submergés par des gens qui nous accusent d’antisémitisme du matin au soir, chaque jour de la semaine. Le mot est prononcé quarante fois par heure, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sur toutes les chaînes de télévision, sur toutes les stations de radio, sur tous les réseaux sociaux. Du jamais-vu. Jamais, dans toute l’histoire du monde occidental, un mot n’aura autant été utilisé que celui-là… Jusqu’à la nausée.

C’est le signe d’une intense campagne de propagande.

Sans doute sommes nous en présence de la plus grande campagne de propagande de tous les temps.

Je ne pouvais donc pas faire autrement que d’en parler.

Nous verrons dans le dernier article de cette série sur la manipulation mentale que l’arme absolue de la propagande, c’est la répétition. Répétition afin de produire le conditionnement. A quoi veut-on nous conditionner ? C’est toute la question…

J’observe depuis un mois la page Twitter de l’Ambassade d’Israël en France. Le responsable de la communication de l’Ambassade est talentueux. Quelle redoutable efficacité. Depuis le 7 octobre 2023, il diffuse des photos de victime de l’attaque du Hamas. Beaucoup de femmes très belles et de jeunes enfants qui pourrait être les nôtres.

Il y a eu ce message qui provoqua chez moi une intense émotion. Je me rappelle être resté bloqué sur ce message de longues minutes comme tétanisé. C’est en essayant de comprendre concrètement ce qui m’était arrivé que j’ai eu l’idée d’écrire la fin de cet article.

Une simple photo avec un petit texte présentant les prénoms et l’âge des victimes, peut faire beaucoup plus d’effet qu’un long discours. Elle peut avoir un effet dévastateur sur l’être humain. Il y a parfois des images qui arrivent à vous hanter toute une vie. C’est la force et le grand secret de la propagande que beaucoup de gens méconnaisse.

La photo ou l’image fixe est le plus puissant des supports de la propagande, plus puissant que la vidéo ou le texte. Un seul exemple. Que reste-t-il dans la mémoire de la population de la Seconde Guerre mondiale ? Deux images. Deux images inoubliables, alors même que le cinéma a filmé des centaines de milliers d’heures d’images sur la pellicule. Mais vous n’avez retenu que deux images qui ont marqué tous les esprits. La photo du drapeau soviétique sur le reichstag et le drapeau américain dressé à Iwo Jima. Cela montre la supériorité émotionnelle de l’image sur le film, l’écrit ou la voix. Même lorsque le film est réalisé par des génies absolus du cinéma comme Sergei Eisenstein, Leni Riefensthal ou Frank Capra. C’est un principe qui n’est plus à démontrer, même au temps d’Internet.

drapeau soviétique sur le Reichstag.
Drapeau américain à Iwo Jima.

Même chose pour les photos des victimes du 7 octobre 2023. La jeune fille espiègle au centre de l’image attire tous les regards. On ne voit qu’elle. On ne pense qu’à elle, lorsqu’on pose son regard sur la photo. Cela réveille l’instinct paternel ou maternel des gens. On pense immédiatement à notre fille, a notre nièce ou a notre petite fille.

C’est le petit texte qui accompagne l’image qui joue le rôle de déclencheur de l’émotion, car il nous informe que cette petite fille est morte et qu’elle avait six ans. Il permet d’interpréter et de donner du sens à la photo. Je ne saurais assez souligner l’importance du petit texte qui accompagne la photo. C’est la combinaison de la photo et du texte qui rend ce support de propagande aussi efficace.

Comme le montrait déjà Serge Tchakhotine dans son « viol des foules par la propagande politique« , l’émotion comme la peur peut être une puissante arme de manipulation mentale. La peur, c’est la pulsion n°1, alors que l’instinct maternel et paternel, c’est la pulsion n°4. La pulsion sexuelle, c’est la pulsion n°3, elle est utilisée également par l’ambassade d’Israël en France à travers l’exhibition des photos de charmantes jeunes filles tuées le 7 octobre 2023.

Je pense au destin tragique de Shani Luk qui a ému le monde entier. Une image et un visage qui restera, sans aucun doute, longtemps gravé dans la mémoire du peuple.

Sur le message de l’Ambassade d’Israël, on voit d’ailleurs de manière explicite le rédacteur du texte canalisé l’émotion ou la colère des gens la guerre que l’armée israélienne mène à Gaza. On utilise la technique de la soumission forcée, de la dissonance cognitive pour amener les gens à la guerre.

« Israël fera payer le prix fort au Hamas pour les viols, les kidnappings, les tortures, les massacres.« 

Le texte fait ensuite référence, assez ironiquement, à « la manipulation médiatique contre les Israéliens« , alors que le message est lui aussi une manipulation mentale.

Pensons également à Lin au physique de mannequin qui perdit la vie lors du festival de techno.

Je ne juge pas l’Etat d’Israël pour avoir utilisé ces images et celle de la mort de Shani, afin d’amener les gens à soutenir la guerre d’Israël à Gaza. C’est quelque chose de normal dans le cadre de la guerre moderne de quatrième génération. La guerre psychologique et l’utilisation de la propagande sont une arme comme une autre dans ce type de conflit.

La campagne de propagande de l’Ambassade d’Israël en France est un modèle du genre d’une redoutable efficacité qui semble compenser d’autres campagnes plus ou moins catastrophique mené tambour battant dans les médias, comme cette étrange méthode consistant à insulter un peuple dont on veut obtenir le soutien, en lui jetant à la figure du matin au soir le mot « antisémite ». Ce qui laisse penser que la guerre d’Israël est menée contre les musulmans et contre les chrétiens.

Indulgence vis-à-vis de l’usage des enfants et des femmes comme armes de propagande par Israël, d’autant plus que leurs adversaires en font autant. Un grand classique de la propagande de guerre. Chaque camp va « utiliser » ses enfants morts pour faire valoir sa cause. Certaines images du côté palestinien sonnent faux. Des enfants souriants au milieu des ruines de leurs maisons, un petit drapeau palestinien à la main comme un supporter de football ; un enfant avec six doigts sur une de ses mains. C’est l’entrée de l’intelligence artificielle dans le conflit. Il faut aussi le dire.

Revenons au sujet qui nous intéresse. Afin de réduire la dissonance, on va effectuer un travail que l’on appelle la réduction ou rationalisation.

Il existe quatre mécanismes de réduction de la dissonance :

  • Le déni (A).
  • L’étayage (B).
  • Le rééquilibrage (C).
  • Le changement des cognitions initiales (D).

Les trois premiers mécanismes sont des échecs pour le propagandiste. Seul le quatrième est intéressant pour celui qui met en œuvre la technique de la dissonance cognitive, car elle provoque un changement de cognition.

A. Le déni.

Le premier mécanisme qui est mis en œuvre en cas de dissonance cognitive, c’est le déni.

Le déni consiste à nier la véracité des cognitions dissonantes. On va alors dire que l’on n’a éprouvé aucune émotion en voyant l’image des enfants morts. On va également nier leurs décès. C’est dans ce champ-là que l’on peut placer le phénomène du négationnisme.

J’ai observé ce phénomène sur les réseaux sociaux sous les photos des victimes diffusées par l’Ambassade d’Israël. Un excellent domaine d’étude pour la psychologie sociale. On observe concrètement l’effet produit par la campagne de propagande.

J’ai observé deux types de réaction : soit la personne déclare que le sujet ne l’intéresse pas, soit elle va dire que les enfants ne sont pas morts, que l’on n’a pas retrouvé les corps, qu’il n’y a pas d’images ou de photos de leurs exécutions, etc.

En niant l’élément dissonant, on fait disparaître la dissonance cognitive. On retrouve la consistance.

B. L’étayage.

Le deuxième mécanisme, c’est l’étayage.

L’étayage consiste à renforcer la cognition initiale en la justifiant.

L’image que l’on a vue avec des enfants morts a provoqué une sorte d’ébranlement intérieure. Il faut réagir pour rétablir l’équilibre. On va essayer de justifier notre point de vue initiale, en évoquant les agressions israéliennes en Palestine depuis soixante-quinze ans qui justifierait l’attaque du Hamas. Les morts civiles de la guerre du Shabbat ne seraient que le résultat de la politique du gouvernement israélien. C’est tout un jeu d’équilibriste pour rendre plus importante notre pensée initiale qui a été dangereusement remise en cause par les photos.

La aussi, la lecture des messages sur Twitter en dessous des messages de l’ambassade permettent d’observer concrètement ce phénomène. On sent d’ailleurs chez certains messages, que l’ébranlement intérieur a été bien réel. Il transparaît dans le texte, parfois, il est exprimé avec plus ou moins de sincérité.

On renforce notre opinion initiale. Cela a pour effet de rétablir la consistance cognitive.

C. Le rééquilibrage.

Le troisième mécanisme est le rééquilibrage.

Le rééquilibrage fonctionne à l’inverse de l’étayage. Ici, ce n’est pas l’image initiale que l’on renforce, mais la cognition dissonante que l’on va atténuer et donc réduire son importance. La personne va donner une moindre importance à l’information dissonante. C’est une manière comme une autre de rétablir la consistance cognitive.

Concernant les photos des femmes et des enfants tués, on va expliquer que les victimes sont responsables de leurs actes. Cela ne saurait justifier en aucun cas l’assassinat d’enfant dans un camp comme dans l’autre. Une victime innocente est une victime innocente. Mais dans notre cas, le principe est de mettre à égalité deux massacres pour en réduisant la portée du crime du Hamas, puisque chaque camp organise des meurtres. On va par exemple accuser les victimes du concert de s’être amusé à quelques kilomètres de la bande de Gaza. Bande de Gaza considéré comme une prison à ciel ouvert. On parle d’occupation illégale du territoire palestinien par les Israéliens. Ce genre de messages sont très nombreux.

D. Le changement de cognition initiale.

Enfin, le quatrième et dernier mécanisme est celui qui entraîne le changement de cognition.

Avec le mécanisme du changement de cognition, la personne va changer radicalement son comportement, ses croyances ou ses opinions. Ainsi, la cognition redevient consistante.

Dans le cadre des photos diffusées par l’Ambassade, les gens vont exprimer leurs compassions pour les victimes et soutenir Israël ou rester neutre. C’est l’objectif que recherche le propagandiste qui met en œuvre cette technique. On devine à certains petits détails qu’il y a eus changement de cognition. Par exemple, une petite croix sur l’avatar semble indiquer que le propriétaire du compte est chrétien. Autre exemple, il y a une grande émotion dans le texte ce qui indique un important ébranlement intérieur. Enfin, Un interlocuteur parle de « votre combat » pour parler de l’intervention militaire à Gaza, ce qui sous-entend qu’il n’est pas Juif. Je pourrais multiplier les exemples, ils sont nombreux.

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