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VIII-23 : l’affaire de l’armoire de fer (1791).

Lettres trouvees de la roine les coffres,

Point de subscrit sans aucun non d’hauteur :

Par la police seront caché les offres,

Qu’on ne scaura qui sera l’amateur.

Le squelette de Mirabeau sortant de l’armoire de fer.

Des lettres (« Lettres ») appartenant à Marie-Antoinette (« de la Royne ») seront découverte (« trouvees ») dans une armoire de fer (« les coffres »). Elles ne porteront aucun nom d’auteur (« Point de subscrit sans aucun nom d’hauteur »).

La police (« Par la police ») aura contribué à cacher les noms (« seront cachez les offre ») pour protéger la reine (« Qu’on ne sçaura qui sera l’amateur »).

Article Wikipédia Armoire de fer.

L’armoire de fer était une ouverture aménagée dans un mur, faisant office de coffre fort dissimulé par un lambris pivotant situé dans les appartements de Louis XVI, au palais des Tuileries. Son existence fut révélée publiquement le à Roland (« Lettres trouvees« ), ministre girondin de l’Intérieur, informé par l’artisan qui l’avait fabriquée, un serrurier nommé François Gamain.

Cette armoire était destinée à dissimuler la correspondance de Louis XVI avec, entre autres (« de la roine les coffres« ), Mirabeau, Maximilien Radix de Sainte-Foix, conseiller occulte du souverain, Joseph Duruey et Tourteau de Septeuil, ses banquiers, Arnaud de Laporte, intendant de la Liste civile sur laquelle des fonds étaient prélevés, François de Bonal, évêque de Clermont, etc. C’est à la suite de cette découverte que la dépouille de Mirabeau fut retirée du Panthéon. La plupart des pièces concernaient les correspondances des ministres de Louis XVI (Montmorin, Valdec de Lessart, Bertrand de Molleville, le comte de Narbonne, Cahier de Gerville, Dumouriez, etc.). D’autres lettres concernaient aussi presque tous les acteurs de la Révolution, que ce soit le général Santerre ou La Fayette, Antoine de Rivarol ou Talleyrand. D’autres documents étaient des rapports concernant les activités de corruption menées par les agents des ministres sous la direction de Collenot d’Angremont qu’on se précipita d’« expédier », avec Arnaud de Laporte, dans les jours qui suivirent le 10 août 1792. Ils furent les deux premiers guillotinés pour raisons politiques.

Tous ces documents, malgré les lacunes et filtrages probables, démontraient la duplicité des conseillers et des ministres — du moins ceux en qui Louis XVI avait confiance — qui avaient mis en place une diplomatie et une police parallèles. On découvrit surtout l’existence d’un vaste réseau de corruption mis en place et structuré dès 1791 par Montmorin, pour corrompre des meneurs populaires ou des orateurs de clubs, comme Antoine Joseph Santerre ou François Desfieux. Des tentatives avaient même été menées pour gagner des députés de l’Assemblée, notamment lorsqu’après la journée du 20 juin 1792, il avait été question d’aborder la question du « décret de déchéance ».

Lors de la journée du 10 août 1792, les papiers personnels de Louis XVI et de Marie-Antoinette furent confiés à des membres de leur entourage (« Point de subscrit sans aucun non d’hauteur« ). Ainsi, Mme Campan, première femme de chambre de la reine, recueillit-elle une liasse de documents importants qu’elle remit à Georges Gougenot de Croissy (1721 – 1796), secrétaire honoraire du roi. D’autres papiers, lettres et correspondances, furent mis en lieu sûr ou détruits. Mais les plus grandes destructions sont imputables à ceux qui avaient été compromis par les conseillers occultes de Louis XVI. Le ministre de l’Intérieur Roland aurait joué un rôle à cet égard (« Par la police seront caché les offres« ) et fait disparaître ce qui concernait son collègue Danton (« Qu’on ne scaura qui sera l’amateur« ). Le 20 novembre 1792, Jean-Marie Roland déposait ces archives, du moins ce qui en restait et qui était considérable, sur le bureau de la Convention nationale, brisant ainsi toutes les manœuvres destinées à empêcher de renvoyer Louis XVI en jugement.

Plusieurs controverses sont nées de l’utilisation de l’armoire de fer dans la mise en place du procès de Louis XVI.

Parmi elles, le ministre Roland de la Platière n’aurait pas eu le temps de lire les documents accusateurs entre leur découverte et la révélation par celui-ci de leur existence. L’architecte Jean-François Heurtier, à qui François Gamain a confié l’existence de l’armoire, confiera notamment : « J’atteste que je n’ai pas perdu les papiers de vue depuis le moment où ils ont été découverts, jusqu’à celui où le ministre, que j’ai toujours accompagné, est entré à la Convention pour les y déposer, et que l’ordre dans lequel les papiers ont été trouvés n’a pas même été dérangé.»

Pour d’autres, le même Roland aurait préalablement trié les papiers découverts, en retirant certains documents mettant en cause ses amis ou en ajoutant d’autres pièces découvertes ailleurs dans le palais. La servante de la reine, Madame Campan, affirme d’ailleurs dans ses Mémoires que « la reine l’invita [le roi] en ma présence à ne rien laisser dans l’armoire, et le roi, pour la tranquilliser, lui dit qu’il n’y avait rien laissé. »

Malgré leur faiblesse probatoire, les différentes pièces supposées avoir été gardées dans l’armoire de fer ont été utilisées à charge contre Louis XVI. Éric Le Nabour affirme que leur utilisation ne pouvait que mieux répondre aux exigences du moment, qualifiées selon lui d’« imaginaire de la Révolution. »

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