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IV-63 :la guerre de Vendée (1792-1818).

L’armee Celtique contre les montaignars,
Qui seront sçeuz & prins à la pipee :
Paysans frez pouseront tost faugnars,
Precipitez tous au fil de l’espee.

Le Vendéen, peinture de Julien Le Blant.

Les Bretons (« L’armee Celtique ») s’opposeront militairement (« contre ») aux révolutionnaires issues du mouvement montagnards (« les montaignars »). L’armée composé de paysans (« Paysans ») refusera la conscription militaire pour alimenter en homme les guerres révolutionnaires (« frez pouseront tost faugnars »).

La troupe révolutionnaire écrasera dans le sang (« Precipitez tous au fil de l’espee ») la Bretagne et la Vendée pour mettre fin à l’insurrection. Ils exécuteront les prisonniers (« Qui seront sçeuz & prins à la pipee »).

L’incendie de Granville par les Vendéens, peinture de Jean-François Hue, 1800. Musée de La Roche-sur-Yon.

Article Wikipédia « La guerre de Vendée » :

Le mécontentement était latent. Dès février 1793, la Charente-Inférieure fait face à un afflux de réfugiés. L’insurrection éclate véritablement en mars quand la Convention, le 23 février, ordonne une levée de 300 000 hommes « pour faire face à la baisse subite des effectifs des armées de la République due aux pertes, aux désertions mais surtout aux départs massifs des volontaires, levés l’année précédente pour la durée d’une campagne et qui, l’ennemi ayant été ramené aux frontières et même au-delà, estimaient pouvoir rentrer chez eux ». La Vendée (somme toute peu concernée du fait d’une faible ponction) ne représente que l’une des provinces qui s’insurgent en 1793, comme la vallée du Rhône, où l’agitation est endémique depuis 1790 et va durer jusqu’en 1818. En juin 1793, les villes de Bordeaux, Marseille, Toulouse, Nîmes et Lyon, ainsi que la Normandie voient le développement d’insurrections fédéralistes et royalistes.
Restée au pays, la petite noblesse n’a fait que suivre l’insurrection paysanne (« Paysans frez pouseront tost faugnars« ), avant de la récupérer définitivement et de lui donner une coloration franchement et explicitement royaliste et catholique, surtout à partir de juillet 1793.
Le camp républicain est alors divisé entre girondins et montagnards (« contre les montaignars« ), qui s’accusent mutuellement de favoriser la Contre-révolution. Tandis que les insurgés bretons (« L’armee Celtique« ) sont écrasés par Canclaux à l’extrême ouest, par Beysser entre Rennes et Nantes (l’agitation ne reprendra qu’à la fin de 1793, sous la forme de la Chouannerie), l’agitation réprimée en Alsace, au sud de la Loire, les insurgés vendéens parviennent non seulement à déborder les gardes nationaux, trop peu nombreux, et à s’emparer de plusieurs villes, mais battent une colonne de soldats de métier, le 19 mars.
Envoyés pour accompagner la levée de 300 000 hommes, les envoyés en mission de la Convention sont alarmés par le spectacle des soulèvements, qu’ils dramatisent, accusant les autorités locales, souvent modérées, de complicité, et réclament de Paris des mesures énergiques. Considérant que la Contre-révolution est partout à l’œuvre, organisant des complots, et que les soulèvements forment un ensemble organisé, la « Vendée militaire » devient le symbole de cette Contre-révolution.
Cette conception a été reprise à la fois par des écrivains royalistes et catholiques, pour la « magnifier », et des écrivains et historiens républicains, au XIXe et au début du XXe siècles. Cette construction a toujours des effets importants sur l’élaboration des identités locales et régionales : ainsi, bien des Vendéens ont intériorisé une identité fortement marquée par la religion, voire une nostalgie d’un Ancien Régime folklorique — deux aspects qui, on l’a vu, ne correspondent pourtant pas aux origines de l’insurrection de 1793. De même, l’identité du citadin nantais s’élabore entre autres en regard du « ventre-à-choux » vendéen, du campagnard, toujours suspect d’attachement à la royauté, et qu’il est de bon ton de moquer.
Pour conclure, l’insurrection vendéenne ne naît pas d’une cause unique, mais de multiples facteurs, tous liés à un mécontentement populaire grandissant. L’origine de cette insurrection ne réside pas, du moins pour les paysans (« Paysans frez pouseront tost faugnars« ) et artisans qui en étaient à l’origine, dans une quelconque nostalgie de l’Ancien Régime. Des déceptions et frustrations, accumulées depuis plusieurs années ; l’arrivée d’une nouvelle hiérarchie administrative, une bourgeoisie des bourgs qui accapare pouvoir politique et économique ; l’aggravation de la situation des paysans ; les difficultés économiques et sociales, avec le cours forcé de l’assignat ; la remise en cause des communautés paysannes et de leurs usages religieux ; tout cela a constitué un ensemble de facteurs, dont la conscription n’a été que la goutte d’eau, qui permet d’expliquer le rassemblement des premières bandes d’artisans et de paysans.

(…)

La Terreur au nord de la Loire.

Après la Virée de Galerne, les représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau, Bourbotte, Thirion, Bissy, Pocholle, Tréhouart et Le Carpentier établissent des commissions militaires révolutionnaires pour juger les prisonniers vendéens et chouans (« Qui seront sçeuz & prins à la pipee« ), ainsi que les habitants suspectés de complicité avec les rebelles ou encore des soldats accusés de fuite ou de désertion. D’autres prisonniers sont jugés par les tribunaux criminels.
En Normandie, la répression suit le siège de Granville, au moins 43 condamnations à mort (« Precipitez tous au fil de l’espee« ) sont prononcées à Granville par une commission militaire, 13 personnes sont condamnées à Coutances88. À Alençon, le tribunal criminel condamne 189 personnes à la peine de mort, dont 172 prisonniers vendéens.
Dans la Sarthe, des commissions militaires et le tribunal criminel siègent à Sablé-sur-Sarthe et au Mans. 185 personnes sont guillotinées ou fusillées au Mans et 42 autres personnes sont exécutées à Sablé-sur-Sarthe. En Mayenne, une Commission révolutionnaire juge en dix mois 1 325 personnes et en fait guillotiner 454. Finalement, 243 hommes et 82 femmes sont exécutés à Laval, et 116 hommes et 21 femmes dans les autres villes du département ; Mayenne, Ernée, Lassay-les-Châteaux, Craon et Château-Gontier. 40 autres condamnations à mort sont prononcées par les commissions Proust et Félix, venues d’Anjou.
Trois commissions militaires sont mises en place en Ille-et-Vilaine. À Rennes et Fougères, la commission Brutus Magnier juge 744 personnes (dont 258 militaires), du 21 novembre 1793 au 5 juin 1794, et prononce 267 ou 268 condamnations à mort, dont 19 femmes. Sur l’ensemble des militaires, 169 sont acquittés, 2 condamnés à mort, 41 aux fers, 46 à la prison. La commission Vaugeois, juge à Rennes et à Vitré, elle prononce 84 condamnations à mort, 33 aux fers, 31 à la détention et 391 acquittements. Elle condamne notamment à mort le prince de Talmont, général de la cavalerie vendéenne, qui est guillotiné à Laval. À Saint-Malo, les chiffres de la commission militaire de Port-Malo ou commission O’Brien sont moins connus, au moins 88 condamnés à mort sont identifiés bien qu’il y ait eu plus de 200 exécutions selon le représentant Laplanche.
En outre à Rennes, le tribunal criminel condamne à mort 76 hommes et 11 femmes, 80 personnes reçoivent diverses peines, et 331 sont acquittés. Un nombre important de prisonniers meurent également du typhus ou de leurs blessures dans les prisons.

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