Le bio-pouvoir est présenté par Michel Foucault dans le premier volume de “L’histoire de la sexualité” ainsi que dans trois cours au collège de France.
II : La notion de bio-pouvoir.
L’auteur remarque qu’à partir du XVIIIe siècle, la vie est l’enjeu privilégié du pouvoir. Il distingue deux éléments constitutifs du bio pouvoir pour permettre à celui-ci de fonctionner. D’abord, l’instauration d’une surveillance et d’un dressage des citoyens (A) et ce qui permet par la suite la mise en place de stratégie de régulation des individus par la biologie et la médecine (B). La mise en place du bio-pouvoir facilite le passage de la loi à la norme (C).
A. Le pouvoir disciplinaire.
Michel Foucault va décrire tout un processus de surveillance des individus, c’est le pouvoir disciplinaire. Il l’évoque dans son célèbre livre « Surveiller et punir« .
Cette surveillance s’exerce sur les corps qui deviennent l’objet et la cible du pouvoir. Le but est de rendre les corps dociles. Ainsi, ils pourront être mieux exploités et plus efficaces.
Ce genre de pouvoir va être exercé par des institutions comme l’armée, l’école ou la prison.
Le pouvoir de punir n’appartient pas à une institution centrale, mais a des institutions locales qui agissent directement sur l’individu. Il y a une sorte de décentralisation, un mot à la mode sous notre cinquième république, ce qui n’est pas un hasard. La surveillance doit se faire au plus près du corps des citoyens. Les institutions locales chargées de la surveillance, de la punition s’organisent en réseau à travers une série d’individus et d’institutions. Cela va du policier au juge en passant par les organes politiques locaux (préfectures, mairies, impôts, etc.).
C’est le système de surveillance panoptique inventée par Jeremy Bentham et complété par des romanciers comme Franz Kafka ou Georges Orwell. Il s’agit de faire croire à un individu qu’il surveillé en permanence à travers un système inégal ou le gardien peut surveiller sans être vu par celui qu’il surveille. Ne sachant pas s’il est vu ou non par le gardien, il intériorise la surveillance et s’auto-censure.
C’est le cas avec les caméras de surveillance (déjà ancien) et maintenant avec les drones, les smartphones ou les réseaux sociaux. La surveillance fait un grand bond en avant avec le corona-virus. La belle aubaine. La population est confinée et toutes sorties sans l’ausweis est puni d’une amende, voir de la prison. Toutes ses techniques sont expérimentées à l’échelle d’un pays, d’un continent voir du monde. Le futur vaccin contre le corona comportera une puce RFID. Bill Gates y travaille.
B. Le pouvoir médical et biologique.
Avec le bio pouvoir, la vie de l’homme devient l’enjeu des stratégies politiques. On voit apparaître des techniques de pouvoir, des mécanismes régulateurs qui encadrent la vie des individus et contrôlent les processus biologiques. C’est la bio-politique.
Le bio-pouvoir s’inscrit dans le développement du capitalisme. Le capitalisme ne peut se maintenir au pouvoir que par l’insertion contrôlée des corps dans l’appareil de production.
Il faut maintenir l’homme vivant, car seul les vivant peuvent produire et surtout consommer. C’est pour cela que le bio pouvoir s’intéresse aux différentes étapes de la vie, de la naissance à la vieillesse et a tout ce qui peut interrompre la vie, comme la vieillesse, la maladie, les accidents. D’où l’obsession moderne pour l’hygiène, la sécurité routière ou le ralentissement du vieillissement des corps.
Mais attention, le bio pouvoir ne s’intéresse à ses phénomènes que collectivement. Il va s’agir d’installer des mécanismes de sécurité pour empêcher la mort ou la fatigue qui empêche de produire et de consommer. C’est sur la vie que le pouvoir exerce ses prises. La mort est la limite qui lui échappe.
C’est ce qui explique l’importance joué par les médecins dans le bio pouvoir.
« De plus en plus, nettement, apparaît l’incompatibilité des unes et de l’autre ; de plus en plus, est nécessaire une sorte de discours arbitre, une sorte de pouvoir et de savoir que sa sacralisation scientifique rendrait neutre. Et c’est précisément du côté de l’extension de la médecine que l’on voit en quelque sorte, je ne veux pas dire se combiner, mais se réduire ou s’échanger ou s’affronter perpétuellement la mécanique de la discipline et le principe du droit. Le développement de la médecine, la médicalisation générale du comportement, des conduites, des discours, des désirs, etc. » (Michel Foucault, Il faut défendre la société, cours du 14 janvier 1976).
Les démocraties libérales ont toujours vus des médecins se faire élire ou agirent au niveau politique. Ce fut le cas de Jean-Paul Marat dès la Révolution française. Ensuite, nous avons eux, parmi tant d’autres, Georges Clémenceau, Bernard Debré (ministre de l’Intérieur et Président du Conseil constitutionnel), Bernard Accoyer (président de l’Assemblée nationale), Bernard Kouchner (plusieurs fois ministre) ou Philippe Douste-Blazy (ministre de la Santé). Aujourd’hui, nous avons 27 députés médecins. Cela concerne également la dissidence contrôlée. Combien de médecins et de fils de médecin ?
Le corona-virus a permis de montrer une invasion de médecins sur les plateaux télés. Des médecins, des chefs de service en veux-tu, en voilà jusqu’à plus soif. Il faut justifier la mise en place du bio pouvoir. Parallèlement, on a assisté à la disparition des hommes politiques, sauf lorsqu’ils sont médecins. C’est une sorte de coup d’état des médecins sur la France. Le bio pouvoir à l’œuvre qui ne cesse de me faire penser au complot des blouse blanche quelques semaines avant la mort de Joseph Staline. Un mauvais présage pour Emmanuel Macron.
C. L’effacement de la loi au profit de la norme.
Une des conséquences du développement du bio pouvoir, c’est l’importance croissante prise par le jeu de la norme aux dépens du système juridique fondé sur la loi. La loi dispose comme arme ultime contre ceux qui la transgressent, au moins à titre d’ultime, de la mort.
Un pouvoir qui a pour tâche de prendre la vie en charge aura besoin de mécanismes continus, régulateurs et correctifs. Il ne s’agit plus de donner la mort contre ceux qui transgresse les règles. C’est ce qui explique l’abolition de la peine de mort dans la plupart des pays occidentaux. Pour cela, il faut distribuer le vivant dans un domaine de valeur et d’utilité. C’est le rôle de la norme.
Attention, la loi et la justice ne s’efface pas dans la société du bio pouvoir. Bien au contraire, la loi ce maintien en fonctionnant davantage comme une norme. La loi avec ses règles précises, ses sanctions en cas de violation est remplacée par la norme plus intrusive dans la vie privée des citoyens. L’institution judiciaire s’intègre de plus en plus dans un continuum d’appareils médicaux, administratifs, etc., dont les fonctions sont surtout régulatrices. Là où la loi sanctionnais des violations de règles clairement édicté dans un texte dont l’objectif était de permettre la vie en société, la norme intervient partout et tous le temps dans la vie des citoyens.