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Les bêtes de l’Apocalypse (1).

Emmanuel Macron a déclaré dans une interview que la bête de l’événement allait venir. Cette phrase a beaucoup étonné le monde médiatique. Chacun s’est interrogé sur la signification de « la bête de l’événement ».

J’ai souvent été interrogé par mes lecteurs, de savoir si Emmanuel Macron était la bête de l’Apocalypse. Ces interrogations ont commencé bien avant la phrase de Macron sur la « bête de l’événement« . Si la sortie du président a fait autant réagir, c’est qu’elle venait confirmer une suspicion déjà ancienne. Je vais donc tenter de répondre à cette question fondamentale dans une série de plusieurs articles.

Commençons par le début. D’où vient la bête. Un passage de l’Apocalypse de saint-Jean évoque son arrivé sur terre.

« Et il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses anges combattaient contre le dragon ; et le dragon et ses anges combattaient ; mais ils ne purent vaincre, et leur place même ne se trouva plus dans le ciel. Et il fût précipité, le grand dragon, le serpent ancien, celui qui est appelé le diable et Satan, le séducteur de toute la terre, il fût précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait :  » Maintenant le salut, la puissance et l’empire sont à notre Dieu, et l’autorité à son Christ ; car il a été précipité, l’accusateur de nos frères, celui qui les accuse jour et nuit devant notre Dieu. Eux aussi l’ont vaincu par le sang de l’Agneau et par la parole à laquelle ils ont rendu témoignage, et ils ont méprisé leur vie jusqu’à mourir. C’est pourquoi, réjouissez-vous, cieux, et vous qui y demeurez ! Malheur à la terre et à la mer ! Car le diable est descendu vers vous, avec une grande fureur, sachant qu’il ne lui reste que peu de temps. «  » (Apocalypse, XII : 7-12)

Une féroce bataille eut lieu entre les anges du bien dirigé par saint-Michel et les anges du mal commandé par le dragon. Le dragon fut vaincu et précipité sur terre. Nous ne savons pas quand eut lieu la bataille. Probablement dans une période très ancienne de l’histoire de l’humanité.

A la fin des temps, le dragon prendra la forme de trois bêtes décrites dans l’Apocalypse de Saint-Jean. Dans le texte, elles sont présentés dans l’ordre inverse de leurs d’apparitions. Pourquoi l’ordre inverse ? Il semblerait que l’auteur de l’Apocalypse les ait décrites dans une chronologie inversée par rapport à leurs venues sur terre. Il y a la bête écarlate (I), la bête de la terre (II) et la bête de la mer (III).

I. La bête écarlate et la prostituée.

« Puis l’un des sept anges qui portaient les sept coupes vint me parler en ces termes : « Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux, avec laquelle les rois de la terre se sont souillés, et qui a enivré les habitants de la terre du vin de son impudicité. » Et il me transporta en esprit dans un désert. Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, et ayant sept têtes et dix cornes. Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate ; et richement parée d’or, de pierres précieuses et de perles ; elle tenait à la main une coupe d’or, remplie d’abominations et des souillures de sa prostitution. Sur son front était un nom, nom mystérieux :  » Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre.  » Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus ; et, en la voyant, je fus saisi d’un grand étonnement. » (Apocalypse, XVII : 1-6).

La bête écarlate est surmontée d’une femme habillée de rouge. La dame s’appelle « Babylone la grande« . La bête comporte sept têtes et dix cornes.

« Et l’ange me dit : « Pourquoi t’étonner ? Moi je vais te dire le mystère de la femme et de la bête qui la porte, et qui a les sept têtes et les dix cornes. La bête que tu as vue était et n’est plus ; elle doit remonter de l’abîme, puis s’en aller à la perdition. Et les habitants de la terre, dont le nom n’est pas écrit dès la fondation du monde dans le livre de la vie, seront étonnés en voyant la bête, parce qu’elle était, qu’elle n’est plus, et qu’elle reparaîtra. (…) Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois : Les cinq premiers sont tombés, l’un subsiste, l’autre n’est pas encore venu, et quand il sera venu, il doit demeurer peu de temps. Et la bête qui était et qui n’est plus, en est elle-même un huitième et elle est des sept, et elle s’en va à la perdition. Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore reçu la royauté, mais qui recevront un pouvoir de roi pour une heure avec la bête. Ceux-ci ont un seul et même dessein, et ils mettent au service de la bête leur puissance et leur autorité. Ils feront la guerre à l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra, parce qu’il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, et ceux qui l’accompagnent sont les appelés, les élus et les fidèles. » » (Apocalypse, XVII : 7-14).

Je ne rentrerai pas dans le détail de l’analyse du texte de l’Apocalypse. Pour cela je vous renvoi a mes trois livres où j’aborde le sujet, « le prophète Daniel et la fin des temps« , « l’Apocalypse de saint-Jean et la fin des temps volume 1 » et « l’Apocalypse de saint-jean et la fin des temps volume 2« .

Ce qui m’intéresse ici, c’est d’expliquer en quoi la crise du corona-virus marque l’avènement du règne de la bête. Il s’agit d’une mise à jour de mon analyse compte tenu des dernières évolutions. Mise à jour que j’intégrerais dans une nouvelle édition de mon étude sur l’Apocalypse de saint-Jean.

La femme, c’est le communisme soviétique de 1917 et des autres régimes qui s’en inspireront. C’est le retour de Babylone sur terre, après la chute de Nabuchodonosor. Nous sommes frappés de voir que la crise du coronavirus a commencé en Chine pays anciennement communisme et désormais converti à l’ultra-libéralisme.

Quoi d’étonnant puisque le communisme est une forme de capitalisme d’Etat qui organise l’économie et la vie politique au profit d’une oligarchie monopolistique. Le communisme est la mise en commun des biens aux profits de l’ensemble de la population. Dans le régime soviétique et chinois, c’est l’exact inverse, il y a appropriation des biens collectifs au profit d’une petite élite.

D’ailleurs le texte explique que la femme « était vêtue de pourpre et d’écarlate ; et richement parée d’or, de pierres précieuses et de perles. » Une richesse étonnante pour un régime dit communiste.

« Après cela, je vis descendre du ciel un autre ange, qui avait une grande puissance ; et la terre fut illuminée de sa gloire. Il cria d’une voix forte, disant : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande ! Elle est devenue une habitation de démons, un séjour de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau immonde et odieux, parce que toutes les nations ont bu du vin de la fureur de son impudicité, que les rois de la terre se sont souillés avec elle, et que les marchands de la terre se sont enrichis par l’excès de son luxe. » » (Apocalypse, XVIII : 1-3).

De même dans un autre endroit de l’Apocalypse, il est dit que les Nations ont été souillés par les richesses de la femme en rouge. C’est une allusion très claire à la rencontre entre le capitalisme et le communisme qui eut lieu en URSS et surtout en Chine.

« Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois : Les cinq premiers sont tombés, l’un subsiste, l’autre n’est pas encore venu, et quand il sera venu, il doit demeurer peu de temps. Et la bête qui était et qui n’est plus, en est elle-même un huitième et elle est des sept, et elle s’en va à la perdition. » (Apocalypse, XVII : 9-11).

La bête écarlate doit être distinguée de la prostituée. La bête est installée à Rome (la ville aux sept collines). C’est une allusion à l’installation de la bête à Rome dans la cité du Vatican. Les sept rois, ce sont les sept derniers papes (voir mes développements sur le sujet dans « L’Apocalypse de saint-Jean et la fin des temps volume 1« ).

« Et les dix cornes que tu as vues sur la bête haïront elles-mêmes la prostituée ; elles la rendront désolée et nue ; elles mangeront ses chairs et la consumeront par le feu. Car Dieu leur a mis au coeur d’exécuter son dessein, et de donner leur royauté à la bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies. Et la femme que tu as vue, c’est la grande cité qui a la royauté sur les rois de la terre. «  » (Apocalypse, XVII : 7-18).

La femme « Babylone » va être tuée par la bête qui siège a Rome au Vatican. Elle sera tuée par les dix cornes qui correspondent à dix rois temporels. Cette mort de la femme rouge, c’est la chute du communisme soviétique en 1991 à cause du Pape Jean-Paul II. Mais pas seulement. Dans la première version de mon livre sur l’Apocalypse, j’avais oublié la disparition du communisme chinois en 1978 avec l’avènement de Deng Xiao Ping et sa nouvelle politique économique. Or, 1978, c’est aussi l’année du début du pontificat de Jean-Paul II. Actuellement, le régime chinois n’est communiste que de nom. Dans les faits, il pratique une politique ultra libérale inspirée des travaux de Milton Friedman. Je développerais cette question plus en détail dans un autre article concernant plus spécifiquement la bête de la terre.

II. La bête de la terre.

« Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui parlait comme un dragon. Elle exerçait toute la puissance de la première bête en sa présence, et elle amenait la terre et ses habitants à adorer la première bête, dont la plaie mortelle avait été guérie. Elle opérait aussi de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes, et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête, persuadant aux habitants de la terre de dresser une image à la bête qui porte la blessure de l’épée et qui a repris vie. Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête, de façon à la faire parler et à faire tuer tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête. Elle fit qu’à tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, on mit une marque sur la main droite ou sur le front, et que nul ne pût acheter ou vendre, s’il n’avait pas la marque du nom de la bête ou le nombre de son nom. C’est ici la sagesse ! Que celui qui a de l’intelligence compte le nombre de la bête ; car c’est un nombre d’homme et ce nombre est six cent soixante-six. » (Apocalypse, XIII : 11-18).

La bête de la terre comporte deux cornes comme celle du diable.

La première corne, c’est le pouvoir de l’argent et de la banque (sera traité dans le deuxième article).

La deuxième corne représente le monde médiatique (sera traité dans le troisième article).

L’une comme l’autre a pour mission d’aider la troisième bête qui doit venir ultérieurement. Elle est là pour préparer le chemin de la bête de la mer puis se mettre à son service. C’est elle qui porte le fameux nombre 666. Un nombre d’homme.

La bête de la terre, c’est Béhémoth dont parle le livre de Job.

Job est la victime du démon. Dieu le laisse agir afin d’éprouver sa foi. C’est le combat éternel entre le bien et le mal.

« Il arriva un jour que, les fils de Dieu étant venus se présenter devant Yahvé, Satan vint aussi au milieu d’eux se présenter devant Yahvé. Et Yahvé dit à Satan : «D’où viens-tu ?» Satan répondit à Yahvé et dit : «De parcourir le monde et de m’y promener.» Yahvé dit à Satan : «As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a pas d’homme comme lui sur la terre, intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal. Il persévère toujours dans son intégrité, quoique tu m’aies provoqué à le perdre sans raison.» Satan répondit à Yahvé et dit : «Peau pour peau ! L’homme donne ce qu’il possède pour conserver sa vie. Mais étends ta main, touche ses os et sa chair, et on verra s’il ne te maudit pas en face.» Yahvé dit à Satan : «Voici que je le livre entre tes mains ; seulement épargne sa vie !»

Et Satan se retira de devant la face de Yahvé. Et il frappa Job d’une lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. Et Job prit un tesson pour gratter ses plaies et il s’assit sur la cendre. Et sa femme lui dit : «Tu persévère encore dans ton intégrité ! Maudis Dieu et meurs !» Il lui dit : «Tu parles comme une femme insensée. Nous recevons de Dieu le bien, et nous n’en recevrions pas aussi le mal ?» En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres. » (Job, II : 1-10).

Job ayant résisté à toutes les tentations du diable, reçoit les félicitations de Dieu. Celui-ci va alors lui faire voir deux monstres qui joueront un rôle important à la fin des temps. Nous avons d’abord le Béhémoth, une créature terrestre qui règnera sur la terre.

« Vois Béhémoth, que j’ai créé comme toi : il se nourrit d’herbe, comme le bœuf. Vois donc, sa force est dans ses reins, et sa vigueur dans les muscles de ses flancs ! Il dresse sa queue comme un cèdre ; les nerfs de ses cuisses forment un solide faisceau. Ses os sont des tubes d’airain, ses côtes sont des barres de fer. C’est le chef-d’œuvre de Dieu ; son Créateur l’a pourvu d’un glaive. Les montagnes produisent pour lui du fourrage, autour de lui se jouent toutes les bêtes des champs. Il se couche sous les lotus, dans le secret des roseaux et des marécages. Les lotus le couvrent de leur ombre, les saules du torrent l’environnent. Que le fleuve déborde, il ne craint pas ; il serait calme, si le Jourdain montait à sa gueule. Est-ce en face qu’on pourra le saisir, avec des filets, et lui percer les narines ? » (Job, XL : 15-24).

Je ne résiste pas à la tentation de vous citer la description qu’en fait le génial écrivain argentin Jorge Luis Borges dans son « livre des créatures imaginaires« .

« Quatre siècles avant l’ère chrétienne, Béhémoth était une magnification de l’éléphant ou de l’hippopotame, ou une incorrecte et timide interprétation de ces deux animaux ; maintenant, il est exactement comme le décrivent les dix fameux versets de Job (XL, 10-19) et la vaste forme qu’ils évoquent. Le reste est discussion ou philologie.

Le nom de Béhémoth est pluriel ; il s’agit (nous disent les philologues) du pluriel intensif du vocable hébreu « b’hémoth », qui signifie bête. Comme l’a dit Fray Luis de Léon dans son Exposition du livre job » : « Béhémoth est un mot hébreu, qui veut dire « bêtes » ; selon l’opinion générale des savants, cela signifierait encore éléphant, ainsi nommé à cause de sa taille démesurée, car étant un seul animal, il en vaut plusieurs. » » (Jorge Luis Borges, Le livre des êtres imaginaires, p. 50)

III. La bête de la mer.

« Puis je vis monter de la mer une bête qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème. La bête que je vis ressemblait à un léopard ; ses pieds étaient comme ceux d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, son trône et une grande autorité. Une de ses têtes paraissait blessée à mort ; mais sa plaie mortelle fût guérie, et toute la terre, saisie d’admiration, suivit la bête, et l’on adora le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête, et l’on adora la bête, en disant : « Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? » Et il lui fut donné une bouche proférant des paroles arrogantes et blasphématoires, et il lui fût donné pouvoir d’agir pendant quarante-deux mois. Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, son tabernacle et ceux qui habitent dans le ciel. Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre ; et il lui fût donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation. Et tous les habitants de la terre l’adoreront, ceux dont le nom n’a pas été écrit dans le livre de vie de l’Agneau immolé, dès la fondation du monde. » (Apocalypse, XIII : 1-8).

La bête de la mer est dotée de sept têtes et dix cornes. Ce sont les cornes qui portent les couronnes.

« Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore reçu la royauté, mais qui recevront un pouvoir de roi pour une heure avec la bête. Ceux-ci ont un seul et même dessein, et ils mettent au service de la bête leur puissance et leur autorité. Ils feront la guerre à l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra, parce qu’il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, et ceux qui l’accompagnent sont les appelés, les élus et les fidèles. » (Apocalypse, XVII : 7-18).

La bête est une sorte de chimère composée d’un léopard, d’un ours et d’un lion. Je n’en dirais pas plus, la bête de la mer aura son article spécifique dans la série. Les dix cornes représentent les dix rois qui seront aux services de la bête pour un temps très cour. Sans doute qu’Emmanuel Macron est l’une des dix cornes. En tout cas, c’est l’hypothèse que j’émets.

« Et il me dit :  » Les eaux que tu as vues, au lieu où la prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations et des langues. » (Apocalypse, XVII : 7-18).

Elle est appelée la bête de la mer, car elle concerne le peuple, la foule, les nations et les langues. C’est une bête collective. Dans le livre de Job, parmi les deux monstres que Dieu lui montra, le Léviathan est le monstre de la mer.

« Tireras-tu Léviathan avec un hameçon, et lui serreras-tu la langue avec une corde ? Lui passeras-tu un jonc dans les narines, et lui perceras-tu la mâchoire avec un anneau ? T’adressera-t-il d’ardentes prières, te dira-t-il de douces paroles ? Fera-t-il une alliance avec toi, le prendras-tu toujours à ton service ? Joueras-tu avec lui comme avec un passereau, l’attacheras-tu pour amuser tes filles ? Les pêcheurs associés en font-ils le commerce, le partagent-ils entre les marchands ? Cribleras-tu sa peau de dards, perceras-tu sa tête du harpon ? Essaie de mettre la main sur lui : souviens-toi du combat, et tu n’y reviendras plus. » (Job, XL : 25-32).

« Voici que le chasseur est trompé dans son attente ; la vue du monstre suffit à le terrasser. Nul n’est assez hardi pour provoquer Léviathan : qui donc oserait me résister en face ? Qui m’a obligé, pour que j’aie à lui rendre ? Tout ce qui est sous le ciel est à moi.

Je ne veux pas taire ses membres, sa force, l’harmonie de sa structure. Qui jamais a soulevé le bord de sa cuirasse ? Qui a franchi la double ligne de son râtelier ? Qui a ouvert les portes de sa gueule ? Autour de ses dents habite la terreur. Superbes sont les lignes de ses écailles, comme des sceaux étroitement serrés. Chacune touche sa voisine ; un souffle ne passerait pas entre elles. Elles adhèrent l’une à l’autre, elles sont jointes et ne sauraient se séparer. Ses éternuements font jaillir la lumière, ses yeux sont comme les paupières de l’aurore. Des flammes jaillissent de sa gueule, il s’en échappe des étincelles de feu. Une fumée sort de ses narines, comme d’une chaudière ardente et bouillante. Son souffle allume les charbons, de sa bouche s’élance la flamme. Dans son cou réside la force, devant lui bondit l’épouvante. Les muscles de sa chair tiennent ensemble ; fondus sur lui, inébranlables. Son cœur est dur comme la pierre, dur comme la meule inférieure. Quand il se lève, les plus braves ont peur, l’épouvante les fait défaillir. Qu’on l’attaque avec l’épée, l’épée ne résiste pas, ni la lance, ni le javelot, ni la flèche. Il tient le fer pour de la paille, l’airain comme un bois vermoulu. La fille de l’arc ne le fait pas fuir, les pierres de la fronde sont pour lui un fétu ; la massue, un brin de chaume ; il se rit du fracas des piques. Sous son ventre sont des tessons aigus : on dirait une herse qu’il étend sur le limon. Il fait bouillonner l’abîme comme une chaudière, il fait de la mer un vase de parfums. Il laisse après lui un sillage de lumière, on dirait que l’abîme a des cheveux blancs. Il n’a pas son égal sur la terre, il a été créé pour ne rien craindre. Il regarde en face tout ce qui est élevé, il est le roi des plus fiers animaux. » (Job, XLI : 1-26)

La bête de la mer, le Léviathan est la bête principale. Elle est assise sur un trône. On le comprend bien, cette bête correspond à la forme politique du pouvoir né dans la pensée politique de Thomas Hobbes. Je parle uniquement de l’Etat moderne qui considère que la nature de l’homme est mauvaise et qui donne le pouvoir à un démon (le léviathan). C’est souvent un régime politique qui distingue entre une élite éclairé, doté de haute capacité intellectuelle et une masse informe de gueux mauvais, laid et inutile.

Chez Hobbes, la nature de l’homme est mauvaise. Elle est égoïste et individualiste. Les hommes sont perpétuellement en concurrence les uns envers les autres. Ils veulent la même chose ou ne tolèrent pas les désirs des autres qu’ils jugent mauvais. Les hommes sont sur un pied d’égalité. Les plus fort ont toujours le risques d’être attaqué par les plus faibles et les plus faibles sont obligé de pratiquer la ruse pour se défendre vis-à-vis des plus forts. Personne n’est garanti d’être en sécurité. Il y a un état de guerre permanent et un risque de destruction de la société. C’est la célèbre formule « L’homme est un loup pour l’homme ».

Pour sortir de la situation chaotique, les hommes vont imaginer la construction d’un état de société afin d’assurer l’ordre. Les hommes vont signer un contrat social. Le contrat social va créer « le léviathan« . Le léviathan n’est pas un membre de la société humaine, il est une puissance extérieure a qui les hommes vont transférer tous les pouvoirs. Chaque individu renonce à l’ensemble de ses droits pour les donner au Léviathan. En échange, ils jouiront de la paix et de la sécurité.

Le Léviathan est un souverain absolu. Il n’est lié par aucune obligation, ne dispose d’aucun droit. Il n’y a aucune division de sa souveraineté sous forme de séparation des pouvoirs. Il concentre en lui tous les pouvoirs. Il peut sanctionner et faire la guerre, il est législateur, juge et pouvoir exécutif. Il n’y a aucune limite à sa souveraineté. Il n’est pas tenu au respect de sa propre loi, sinon cela limiterait sa puissance.

Notons également l’influence clairement sataniste de la pensée de Hobbes. L’Etat qu’il propose de créer porte le nom d’un monstre sorti des enfers. Ce qui est quand même très étonnant. Saint-Augustin parlait de « cité de Dieu » et de « cité terrestre ». Hobbes prend le nom d’un démon. Le choix des mots ne relève jamais du hasard. Il y a beaucoup à dire sur le Léviathan.

La bête de la mer serait donc une organisation étatique au service du diable.

Le Léviathan est également présent dans le livre du prophète Jonas. Il est décrit sous la forme d’une fabuleuse baleine qui va l’avaler puis le recracher trois jours plus tard.

« Yahvé fit qu’il y eut un grand poisson pour engloutir Jonas. Jonas demeura dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits » (Jonas, II : 1).

Cette thématique du Léviathan comme poisson gigantesque et fabuleux est reprise dans le roman d’Herman Melville « Moby Dick ». Un grand livre que je ne cesse de lire et de relire depuis que je suis adolescent. A chaque fois, je découvre une nouvelle dimension qui m’avait échappé auparavant. Nous sommes en face d’une de ces rares œuvres qui fait exploser tous les cadres de l’histoire. c’est un de ses livres qui vous hante jusqu’à votre mort, comme certains romans de Dostoievski.

J’envie les lecteurs qui maîtrise l’espagnol (une langue que je parle pas), car ils ont eux la chance de lire une traduction de Jorge Luis Borges, dont on dit qu’elle est exceptionnelle.

« Durant l’hiver 1851 Melville publia Moby Dick, le roman infini qui a été déterminant pour sa gloire. Page après page le récit s’agrandit jusqu’à usurper les mesures du cosmos ; au début, le lecteur peut supposer que le sujet en est la vie misérable des chasseurs de baleine ; puis il croit que le thème en est la folie du capitaine Achab, dont l’idée fixe est d’attaquer et de tuer la Baleine blanche ; et il réalise enfin que la Baleine et Achab et cette poursuite qui n’en finit pas sur les océans de la planète sont des symboles et des miroirs de l’Univers. » (Jorge Luis Borges, Œuvres complètes, Préfaces avec une préface aux préfaces, La pléiade, p. 403).

Herman Melville est celui qui parle le mieux de la dimension totale, absolue et donc totalitaire du Léviathan. La folie du capitaine Achab, qui cherche à surmonter la baleine, incarnation du Léviathan me fascine. Une folie d’ailleurs très jungienne. A la fin du roman, ayant retrouvé son Léviathan, il sombrera corps et biens dans l’immensité de l’océan. La folie du Léviathan est une perdition du corps et surtout de l’âme comme le montre très bien le livre. Un message et une leçon pour ceux qui pense contrôler la bête de la mer. En réalité, c’est elle qui vous contrôle en vous rendant fou.

Destin funeste pour les tous les Achab qui pensent pouvoir tire profit du Léviathan, la bête de la mer. Elle amène toujours à la folie et à la chute.

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