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La bête de l’Apocalypse : la synarchie, haut patronat et haute banque (5e).

Ce dernier (cette fois, c’est promis.), viens clôturé une série sur la bête de l’Apocalypse. Avant la fin de l’année, ces articles seront regroupés pour devenir un livre qui prendra le titre de « la bête de l’événement ». Internet est par nature éphémère. La publication d’un livre permet de sauvegarder pour les générations futures ce travail. C’est donc important pour moi de le faire. Cet article a été rédigé avant la mort de la Reine d’Angleterre Elisabeth II. La partie sur la City de Londres vient raisonner d’une étrange actualité, en particulier la proclamation du nouveau Roi Charles III devant le lord-maire de la City au pied de la Bourse. Cela vient confirmer l’importance de ce personnage et surtout du lieu pour la monarchie anglaise.

I : Le haut patronat international.

« Le haut patronat international a sa capitale, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre. Naguère, c’était Londres, c’est aujourd’hui New York. Les États sont, pour lui, de simples instruments de gestion. Il est au-dessus de nos “Patries”. Sa patrie à lui, ce sont les matières premières : l’or, le fer, cuivre, le charbon, le pétrole, etc. »

Il faut distinguer le haut patronat international (A) et le haut patronat français (B).

A : Le haut patronat international.

Selon le texte, « Le haut patronat international a sa capitale, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre. Naguère, c’était Londres, c’est aujourd’hui New York. »

 Le haut patronat international avait autrefois sa capitale à la City de Londres (1), désormais sa capitale se trouve à New-York, c’est-à-dire à Wall Street (2).

1. La city de Londres.

La City est un quartier de Londres qui regroupe un certain nombre de sièges sociaux de banque, d’assurance et de grands groupes industriels.

La City de Londres ne dépend pas de la mairie de Londres, mais dispose son propre lord-maire. Cette autonomie date de 1319. Elle fut accordée par le roi Edouard II aux profits des guildes commerciales.

La City of London est un Etat dans l’Etat auquel même le Roi (ou la Reine) doit se soumettre. La justice du souverain ne s’applique pas à l’intérieur de son territoire. Un délit commis à l’intérieur de la City relève exclusivement de la compétence de la City. De même, la police ordinaire ne peut pas intervenir sur ses terres, car la City dispose de sa propre police. Lorsque le monarque désire se rendre dans la City, il doit demander l’autorisation de pénétrer dans son territoire.

La City of London est essentiellement une zone financière composée presque exclusivement de banques, de grandes entreprises et d’assurance. C’est également là que nous retrouvons le siège social des grands journaux anglais. C’est aussi sur ses terres que se trouve la bourse de Londres. La City représente 13 % du PIB anglais.

Au niveau politique, son système n’est pas démocratique, cela ne vous surprendra pas. La démocratie fait rarement bon ménage avec le capitalisme. La réforme des élections locales de 1835 qui fut votée au Royaume-Uni ne fut pas appliquée à la City, cela ne vous surprendra pas.

Le Lord-maire de la City est élu tous les ans par les membres des cent dix guildes commerciales qui se réunissent au Guidhall (la mairie).

Rang.Année.Guildes.
1XIIe (1394)Vénérable Compagnie des Marchands généraux.
21345 (1428)Vénérable Compagnie d’épiciers
31361 (1364)Vénérable Compagnie de Drapiers.
4? (1272)Vénérable Compagnie de poissonniers.
5XIIe (1327)Vénérable Compagnie d’orfèvres.
6? (1327)Vénérable Compagnie des marchands de fourrures.
7? (1327)Vénérable Compagnie de Marchands Tailleurs.
81371 (1448)Vénérable Compagnie de Merceries.
9? (1394)Vénérable Compagnie des commerçants de sels.
10? (1463)Vénérable Compagnie des Ferronniers
11XIIe (1364)Vénérable Compagnie de Vignerons.
12? (1528)Vénérable Compagnie des travailleurs du vêtement.
13XIIe (1471)Vénérable Compagnie de teinturiers.
14XIIIe (1438)Vénérable Compagnie de Brasseurs.
15XIVe (1444)Vénérable Compagnie de Maroquinerie.
161348Adorable Compagnie d’étain.
171308Vénérable Compagnie de Barbiers.
18XIIIe (1416)Vénérable Compagnie de Couteliers.
19XIIe (1509)Vénérable Compagnie de Boulangers.
201199 (1484)Vénérable Compagnie de bougies de cire.
21? (1462)Vénérable Compagnie de bougies de suif.
221322 (1453)Vénérable Compagnie d’Armuriers et de Brassistes.
231327 (1449)Vénérable Compagnie de ceintures.
241331 (1605)Vénérable Compagnie de Bouchers.
251160 (1363)Vénérable Compagnie de Selliers.
261271 (1477)Vénérable Compagnie de Charpentiers.
271272 (1439)Vénérable Compagnie de maroquiniers cordonniers.
281283 (1581)Vénérable Compagnie de Peintres-Teinturiers.
291415 (1605)Vénérable Compagnie des tanneurs en cuir.
301376 (1472)Vénérable Compagnie de Maçons.
311365 (1611)Vénérable Compagnie de plombiers
32  (1514)Vénérable Compagnie des Propriétaires d’auberges.
331365 (1614)Vénérable Compagnie des Fondeurs de métaux.
341368 (1665)Vénérable Compagnie des vendeurs de volailles.
35  (1482)Vénérable Compagnie de Cuisiniers.
361422 (1501)Vénérable Compagnie de Tonneliers.
371416 (1568)Vénérable Compagnie des constructeurs.
381371Vénérable Compagnie des arcs longs.
391371Vénérable Compagnie de flèches.
401299 (1571)Vénérable Compagnie de forgerons.
411375 (1571)Vénérable Compagnie de Menuisiers et des Plafonniers.
421130 (1155)Vénérable Compagnie de Tisserands.
431180 (1522)Vénérable Compagnie de Lains.
441373 (1617)Vénérable Compagnie des Scribes de la cour et notaires publics.
451463 (1605)Vénérable Compagnie de Fruitiers.
46? (1501)Vénérable Compagnie de Plâtriers.
471403 (1557)Vénérable Compagnie de papeterie et de créateurs de journaux.
481376 (1561)Vénérable Compagnie de Brodeurs.
491500 (1626)Vénérable Compagnie de tapissiers.
501500 (1604)Vénérable Compagnie de Musiciens.
511189 (1604)Vénérable Compagnie de Tourneurs.
521825 (1937)Vénérable Compagnie de Vanniers.
531328 (1638)Vénérable Compagnie de Vitriers et Peintres de Verre.
541284 (1638)Vénérable Compagnie des plasticiens.
551356 (1674)Vénérable Compagnie de maréchaux-ferrants.
561900 (2004)Vénérable Compagnie des routiers.
571261 (1711)Vénérable Compagnie de mors équestres.
581617 (1617)Vénérable société des apothicaires.
591782  Vénérable Compagnie des charpentiers de marine.
601809 (1629)Vénérable Compagnie de Fabricants de Lunettes.
  61  1766 (1631)  Vénérable Compagnie d’horlogers.
62  (1639)Vénérable Compagnie des gantiers.
63  (1667)Vénérable Compagnie des chapeliers.
641713 (1663)Vénérable Compagnie de Tricoteuses Cadre.
65  (1664)Vénérable Compagnie de fabricants d’aiguilles.
661345 (1605)Vénérable Compagnie de Jardiniers.
67  (1670)Vénérable Compagnie de travailleurs de la tôle d’étain.
681763 (1670)Vénérable Compagnie de Charpentiers.
69  (1638)Vénérable Compagnie de Distillateurs.
70  (1670)Vénérable Compagnie de chaussures en bois.
71  (1664)Vénérable compagnie de vendeurs de verre.
72  (1677)Vénérable compagnie de carrossiers et de fabricants de harnais d’autocar.
73  (1637)Vénérable Compagnie d’armuriers.
741780 (1693)Vénérable Compagnie de tiroirs en fil d’or et d’argent.
751792 (1628)Vénérable Compagnie de Fabricants de Cartes à Jouer.
76  (1709)Vénérable Compagnie d’éventaillistes.
771848 (1946)Vénérable Compagnie de conducteurs de charrettes.
781932  Honorable Compagnie des Maîtres Marins.
791944 (1958)Société d’avocats de la City de Londres.
801952 (1955)Vénérable Compagnie d’agriculteurs.
811956 (2014)Honorable Compagnie des Pilotes aériens.
821960 (1619)Vénérable compagnie de fabricants de pipes à tabac et de mélangeurs de tabac.
831963Vénérable compagnie de fabricants de meubles.
841963Vénérable compagnie de fabricants d’instruments scientifiques.
851977  Vénérable Compagnie d’arpenteurs agréés.
861977  Vénérable Compagnie de comptables agréés en Angleterre et au Pays de Galles
871977  Vénérable Compagnie de Secrétaires et Administrateurs Agréés.
881977  Vénérable Compagnie de Marchands Bâtisseurs.
891977  Vénérable Compagnie de blanchisseurs.
901978  Vénérable Compagnie des Marketors.
911979  Vénérable Compagnie d’actuaires.
921979  Vénérable Compagnie d’assureurs.
931981  Vénérable Compagnie d’arbitres.
941983  Vénérable Compagnie d’ingénieurs.
951984  Vénérable Compagnie des négociants en charbon.
961984  Vénérable Compagnie de l’éclairage électrique.
971986  Vénérable compagnie de nettoyeurs environnementaux.
981988  Vénérable Compagnie d’architectes agréés.
991990  Vénérable Compagnie de Constructeurs.
1001992 (2010)Vénérable compagnie de technologues de l’information.
1012000  Vénérable Compagnie des Commerçants du Monde.
1022000  Vénérable Compagnie de conservateurs de l’eau.
1032001 (2013)Vénérable Compagnie de pompiers.
1042004  Vénérable Compagnie de chauffeurs de calèche.
1052004 (2008)Vénérable Compagnie de Consultants en Gestion.
1062004 (2007)Vénérable Compagnie de banquiers internationaux.
1072005 (2010)Vénérable Compagnie de Conseillers Fiscaux.
1082008  Vénérable compagnie de professionnels de la sécurité.
1092013  Vénérable Compagnie d’éducateurs.
1102014  Vénérable Compagnie des érudits des arts.

Il ne faut pas confondre les « guildes » avec les « corporations ». Une corporation correspond à une organisation professionnelle d’un métier. Elles regroupent l’ensemble des professionnels d’une branche de métier. Au contraire, la guilde correspond à un groupement de marchands afin de se protéger dans leurs activités commerciales, comme la sécurité des transports ou l’aide et le secours en cas de difficulté. Il y a l’idée de monopole dans le secteur concerné par la guilde.

Aujourd’hui, en 2022, des guildes économiques dirigent et désignent le maire d’un quartier d’une des plus grandes villes du monde. Le pays où est né le parlementarisme autorise des guildes à remplacer le peuple pour l’élection d’un maire. C’est le modèle synarchiste dans toute sa splendeur.

Dans la liste donnée plus haut, nous trouvons au côté des guildes, assez folkloriste, des bougies de cire (pour l’oligarchie), des bougies de suif (pour les gueux) et des chaussures en bois, des guilde plus sérieuses, comme la guilde des assureurs (numéro 92), la guilde des technologies de l’information (numéro 100), la guilde des commerçants du monde (numéro 101) ou la guilde des banquiers internationaux (numéro 106).

J’ai épluché, un par un le site internet de chacune des cent-dix guildes et nous trouvons des perles dont il faut dire quelques mots.

La guilde des maçons (numéro 30), fait penser à la franc-maçonnerie, et dont on prend bien soin de nous préciser qu’elle n’a rien a voir avec la franc-maçonnerie. Elle comprend deux-cent-cinquante liverymen et cinquante freemen. C’est un petit « club » dont l’accès est restreint comme la plupart des guildes de la City. Nous sommes effectivement très loin de la franc-maçonnerie qui accueille plusieurs milliers de membres. Elle est dirigée par un « maître », comme une loge et organise des dîners annuels, comme les agapes de la franc-maçonnerie.

La guilde des horlogers dispose de la devise « Tempus Rerum Imperator » qui peut être traduite par « Le temps, le maître de toutes choses ». C’est l’équivalent de l’expression typiquement maçonnique de « maître des horloges » pour parler du grand Architecte de l’Univers. D’ailleurs, le fondateur de la guilde porte le nom de David Ramsey, un horloger et astrologue passionné d’occultisme.

2. Wall Street.

Selon le rapport de police que nous étudions, la puissance économique serait passée de la City à Wall Street, de Londres à New York. Wall street (la rue du mur) est le nom d’une rue de l’île de Manhattan. Elle date du XVIIe, à l’époque où l’île était occupée par des colons hollandais. A la place de la rue existait un mur qui séparait les populations européennes des Indiens qui occupaient également l’île. Le mur aurait été détruit par les Anglais en 1699.

Sur un plan de l’époque, on retrouve la rue sous une autre orthographe, « de waal straat », « la rue des Wallons », c’est-à-dire des Belges francophones qui aurait formé la première population de la rue.

Des traders et spéculateurs se réunissaient sous un platane (« buttonwood tree ») qui se situait au numéro 68. En 1792, ils créeront la bourse de wall street avec l’accord de Buttonwood. Au départ, le marché était essentiellement réservé aux actions des banques et des chemins de fer, mais en 1882 Charles Dow et Eddie Jones (qui donnera l’indice Down Jones) vont étendre le marché aux actions industrielles.

En 1889 ; « la lettre de l’après-midi des clients » (« Customers’ Afternoon Letter ») devient « le Wall Street journal », journal de référence des marchés boursiers mondiaux.

C’est à partir de la Première Guerre mondiale que Wall Street supplante la City comme capitale du patronat internationale. Toutefois, la City a repris du poil de la bête (de l’événement) depuis 1986. Il y a donc aujourd’hui deux capitales du haut patronat, ce qui n’était pas le cas à l’époque du rapport des Renseignement Généraux.

Remontons la rue Wall Street en suivant l’ordre de ses numéros :

Entreprises.Domaines.
1Bank of New York.Banque
11New York Stock Exchange.Bourse.
14 16Banker’s Trust Company.Banque.
23JP Morgan.Banque.
30Seaman’s Bank.Banque.
37US Trust Company puis Bank of America Private Bank.Banque.
40Trump tower. 
45Atlantic Mutual Insurance Company.Assurance.
60JP Morgan.Banque.
63Brown Brothers Harriman and CompanyBanque.

Auquel nous devrions rajouter, pour l’époque du rapport des RG, la banque Loeb et Kuhn. Elle fut fondée en 1867 par Abraham Loeb et Solomon Kuhn. Elle fut ensuite dirigée par Jacob Schiff, jusqu’en 1920, puis par Otto Kahn et Felix Warburg. En 1977, elle fusionna avec Lehman Brothers.

La banque Lehman Brothers fut fondée en 1850 dans l’Alabama puis déplacée son siège social à New York. Elle disparaîtra en 2008 à cause de la crise des subprimes.

Enfin, terminons avec la banque Rothschild qui dispose également d’un siège social à Manhattan. Nous reparlerons plus tard de cette banque en ce qui concerne la France.

 B : Le haut patronat français.

 Le comité des forges et le comité des houillères, ainsi que le monde bancaire, que nous verrons dans la section suivante, étaient les chefs réels de la France.

 « L’État d’aujourd’hui n’est rien devant les trusts. Ni l’État de Lebrun, de Daladier, de Paul Reynaud, ni l’État de Pétain ni de Laval ni ceux de Mussolini, de Hitler ou de Roosevelt. Derrière tous les Rois, chefs d’État et ministres, il y a le haut patronat, dont le public ne connaît pas les chefs, qui n’aiment pas à se faire connaître ».

Le haut-patronat qui dirige réellement les pays est inconnu du grand public, car ils « n’aiment pas à se faire connaître ». L’expression est lourde de sens. Elle n’a pas changé. Les vrais maîtres de la France de 2022 n’aiment pas la lumière médiatique. Ils se cachent dans l’ombre et tirent les ficelles discrètement.

 « Rois, parlements, presse, armée, église […sont] depuis un demi-siècle complètement passés sous le contrôle du haut patronat. On parle souvent de la responsabilité des partis politiques, de la maçonnerie et des syndicats, mais les hommes politiques, les ministres, les vénérables des loges et les secrétaires de syndicats, cela ne pèse pas lourd devant le Comité des Forges et le Comité des houillères, qui sont les organismes qui commandent tous les autres. La moitié des hommes publics importants sont achetés par eux. »

 Le haut patronat français comportait principalement deux institutions : le comité des forges (1) et le comité des houillères (2).

1. Le comité des forges.

Alors que la loi d’Isaac le Chapelier de 1791 interdisait les corporations, les grands patrons de la sidérurgie se regroupait clandestinement au sein du comité des forges. Il faudra attendre la loi Ollivier de 1864 qui abolissait le délit de coalition pour que le comité des forges soit officiellement créé, le 19 février 1864.

Deux grandes familles sont à l’origine de cette création : la famille Schneider (1a) et la famille de Wendel (1b).

 1a. La famille Schneider.

Eugène Schneider (1805-1875) fut le premier président du comité et resta en poste jusqu’en 1868. Eugène et son frère Adolphe ont créé une entreprise de sidérurgie au Creusot en 1836. C’est le premier groupe industriel français. Elle gérait également des mines dans la région de Blanzy et la construction d’équipement comme des locomotives, de l’armement et des ponts.Ma famille étant d’origine bourguignonne et plus précisément du Morvan, je me rappelle étant enfant la faillite de Creusot-Loire et le drame social que constitua cet événement dans toute la région. Au Creusot, il ne reste, aujourd’hui, comme témoignage de l’empire Schneider, qu’un marteau pilon géant à l’entrée de la ville. On a peine à imaginer, la puissance de cette entreprise.

Marteau-pillon à l’entrée du Creusot.

Eugène Schneider utilisa sa puissance industrielle pour faire une importante carrière politique. L’argent aide à se faire élire et à occuper des postes.

Président du corps législatif.1867-1870.
Maire du Creusot.1866-1870.
Président du Conseil général de Saône-et-Loire.1852-1869.
Ministre de l’Agriculture et du Commerce.1851.
Député.1845-1870.

Il fut régent de la Banque de France entre 1854 et 1875. Nous en reparlerons plus tard.

A la mort d’Eugène Schneider, en 1875, il fut remplacé par Henri Schneider (1840-1898). Il fut élu député (1889-1898) et maire du Creusot (1871-1896) pendant de nombreuses années. Lors de son élection comme député, il était un partisan du Général Boulanger.

C’est Henri Schneider qui introduisit le paternalisme ouvrier inspiré de la doctrine sociale de l’église.

Henri Schneider fut également régent de la Banque de France de 1886 à 1897.

A la mort d’Henri, en 1898, un autre Eugène Schneider (1868-1942) lui succéda à la tête de l’empire industriel. Il fut député (1898-1910) et maire du Creusot (1896-1900).

Il améliorera les institutions paternalistes que son père avait mises en œuvre. Malgré cela, il aura la réputation d’être un briseur de grève lors de la grande grève de 1899-1900. Il pratiqua le lock-out et créa le premier syndicat jaune, le 29 octobre 1899. Il sera considéré par la gauche comme l’un des représentants des deux-cents familles.

A la mort d’Eugène Schneider en 1942, c’est son fils Charles Schneider (1898-1960) qui lui succède.

1b. La famille de Wendel.

L’entreprise de Wendel fut fondée en 1704 par Jean-Martin de Wendel (1665-1737) avec l’ouverture d’une forge à Hayange en Lorraine. Confisquée à la Révolution, l’entreprise sera rachetée par François de Wendel en 1803. Son fils Charles de Wendel (1809-1870).

En 1870, l’annexion de l’Alsace et surtout de la Lorraine fait basculer Hayange en Allemagne. Le groupe de Wendel refusera sa transformation en entreprise allemande. Elle restera française en Allemagne. Cependant les dirigeant resté à Hayange perdront la nationalité française, certains seront même élu député allemand au Reichstag. Le reste de la famille ira s’installer à Joeuf.

Robert de Wendel (1847-1903) sera président du comité des forges de 1898 à 1903.

Le comité des forges en 1914.
Premier rang, de gauche à droite : Louis Mercier, François de Wendel, Henry Darcy, Eugène Schneider, Florent Guillain, Robert Pinot, comte Fernand de Saintignon, Léon Lévy, Henri de Freycinet, Camille Cavallier, Émile Ferry, Georges Claudinon.
Deuxième rang : Armand Résimont, Ernest Lesaffre, Claudius Magnin, Léopold Pralon, baron Xavier Reille, Alexandre Dreux, Charles Boutmy, Léon de Nervo, Daniel Bethmont, Edmond Capitain-Geny, François Dujardin-Beaumetz.

Le groupe de Wendel atteindra son apogée sous François de Wendel (1874-1949). Il sera président du comité des forges de 1918 à 1940. Il sera député de 1914 à 1932, puis sénateurs de 1933 à 1941. Il sera régent de la Banque de France de 1913 à 1936. Alors député au moment du vote des pleins pouvoirs, il ne participera pas au vote.

Ernest-Antoine Sellière, qui fut élu président du Medef, de 1998 à 2005, est un héritier de la famille de Wendel dont le groupe a été transformé en groupe d’investissement. Certains ont alors dit que son élection à la tête du syndicat patronal était, en quelques sortes, le retour du comité des forges.

François de Wendel se présentera plusieurs fois aux législatives face à Albert Lebrun. Il perdra les élections contre lui. Lorsque Albert Lebrun sera élu président de la République, il lui succédera comme sénateurs. Or, selon Annie Lacroix-Riz, Albert Lebrun était l’homme du comité des forges. Là aussi, nous en reparleront.

2. Le comité des houillères.

 Le comité des houillères fut créé en 1887 sur le modèle du comité des forges par Henry Darcy (1840-1926). Son père, également Henry Darcy (1803-1858), né à Dijon, remarquable ingénieur permis à sa ville de naissance d’avoir l’eau courante dès 1840 (la première ville française à avoir de l’eau par des robinets, dans les logements individuels). Il élabora la première ligne de chemin de fer française entre Paris et Lyon via Dijon, en 1844. Un magnifique parc dans le centre-ville de Dijon porte son nom. Un parc avec des immenses fontaines et des bassins d’eau. Lorsque j’étais étudiant dans cette ville, j’aimais m’y installer pour lire des livres. A l’époque j’étais beaucoup plus naïf qu’aujourd’hui, car je ne savais pas le rôle de son fils dans le comité des Houillères.

Henry Darcy fils, était un haut fonctionnaire qui dirigea un certain nombre d’entreprises dans la sidérurgie et les mines. Il fait partie de cette tradition de haut fonctionnaire ayant un pied dans le monde patronal.

Il présidera le comité central des houillères de France depuis sa création, en 1887 à 1925. Il sera ensuite remplacé par Henri de Peyerimhoff de 1925 à 1940.

Henri de Peyerimhoff (1871-1953) est un haut fonctionnaire qui dirigea de nombreuses entreprises comme son prédécesseur Henry Darcy.

Nous ne sommes pas étonnés de retrouver au sein du comité des houillères de nombreux hauts fonctionnaire recyclé en grands patrons. C’est ce que dit le rapport des Renseignements Généraux :

« Ces groupements ont organisé « le débauchage des grands fonctionnaires [, qui] ont su que, s’ils fermaient les yeux sur l’action des grands patrons, ils pourraient obtenir des situations de premier ordre. Un fonctionnaire qui gagnait 50 000 frs au service de l’État était engagé par eux, avec un traitement de 500 000 frs et bien au-delà, c’est ainsi qu’ils ont “possédé” l’Administration française et pris à l’État ses meilleurs fonctionnaires. […] Ils ont pris 70% des sénateurs en leur faisant donner des places dans les conseils d’administration. Des députés sont devenus avocats-conseils des grandes compagnies. Mais les jeunes normaliens, les jeunes professeurs des facultés de droit devenaient socialistes. Le Comité des Forges organisa le recrutement des meilleurs élèves des grandes écoles, et il les casa, à leur sortie de l’école, à la tête de syndicats avec de gros appointements. »

Le haut patronat achète les fonctionnaires dès la sortie des grandes écoles. Il récupère les meilleurs fonctionnaires de l’Etat, nous dit-il.

« Le haut patronat comprend ce que l’on appelle les “Deux Cents Familles”. Mais il va bien au-delà. Ses états-majors de premier rang représentent cinq mille administrateurs et techniciens, parmi lesquels se recrutent les grands commis qui deviennent parfois les chefs de ces organisations. De cet ensemble directeur dépend ce qu’on appelle “Le Monde” qui vit des dividendes distribués par les trusts. C’est avec “Le Monde” que le haut patronat gouverne les lettres, les arts, l’armée, une partie du monde ecclésiastique, les salons tenus par les grandes dames “du Monde” dont les Académiciens, les Évêques et les généraux. »

Ce sont les « Deux-Cents Familles » dont nous avons déjà parlé. Deux-Cents-Familles auquel il faut rajouter cinq mille administrateurs et techniciens au service de ses familles et qui vivent des dividendes versés par les trusts.

Le siège du Comité des houillères, rue Saint-Domingue, dans le septième arrondissement, accueillait également la très importante Société générale de l’immigration dont il faut dire quelques mots, en raison de son importance. Après la Première Guerre mondiale, dix pour cent des ouvriers français étaient morts ou gravement blessés. Il y avait un manque de main d’œuvre qu’il fallait compenser en faisant venir des immigrés pour les remplacer. Le comité des houillères était chargé de la mission. Il va donc crée la Société générale de l’immigration (SGI). Il fera venir plus de trois millions d’étrangers surtout européens (Pologne, Italie, Espagne ou Belgique). Les guerres mondiales tuent des gueux, et ils faut les remplacer par d’autres gueux étrangers.

Il n’est pas encore question d’Afrique du Nord ou d’Afrique sub-saharienne, mais cela viendra avec la Deuxième Guerre mondiale. Nous le voyons, à l’époque, comme aujourd’hui, le haut patronat organise l’invasion migratoire de la France pour remplacer l’ouvrier français. L’extrême gauche qui exige l’accueil des immigrés est complice du grand patronat.

Il faut également se méfier des faux intellectuels de « droite » dans notre camp, sous le verni duquel se cache de véritable islamo-gauchistes. Je pense par exemple à Youssef Hindi, qui avec son copain Sylvain Baron ont fait fermer définitivement mon compte tweeter. Il y en a d’autres, mais intéressons-nous à lui.

Youssef Hindi donnait un interview (Youssef est partout, mais il clame à qui veux l’entendre qu’il est censuré) a la chaîne Youtube « géopolitique profonde ». Le nom du site, me fait penser à un passage du livre « Notre jeunesse » de Charles Peguy.

« Nous croyons au contraire  (au contraire des uns et des autres, au contraire de tous les deux ensemble) qu’il y a des forces et des réalités infiniment plus profondes, et que ce sont les peuples au contraire qui font la force et la faiblesse des régimes ; et beaucoup moins les régimes, des peuples.

Nous croyons que les uns et les autres ensemble, ils ne voient pas, ils ne veulent voir ces forces, ces réalités infiniment plus profondes. » (Charles Peguy, Notre jeunesse, folio essais, p. 112-113)

Dans l’émission « Géopolitique profonde » Youssef parle de la France. Que connaît-il de la France… il est Marocain. Devrait-il se contenter de parler ce qu’il connaît, c’est-à-dire du Maroc. Il est également possible de parler de la France, mais depuis le Maroc. Mais qu’un Marocain parle de la France à la place des Français est insupportable. Il ne dispose d’aucune légitimité pour le faire.

Il explique, que les Musulmans et les Catholiques ne peuvent pas s’allier, car ils n’ont pas la même sociologie. Le musulman serait issu du prolétariat, alors que le catholique serait issu de la bourgeoisie.

Youssef Hindi reprend à son compte l’idée principale de l’islamo-gauchisme, que l’immigré musulman serait le nouveau prolétariat. Il viendrait remplacer sur ses terres, le prolétariat catholique.

Youssef Hindi est le roi du raccourci intellectuel. Tout est simple, voir simpliste avec lui. Il parle comme-ci, il n’y avait pas de prolétaire catholique et de bourgeoisie musulmane. Charles Peguy était catholique et issu d’un milieu modeste, aujourd’hui il y a des millions de catholiques pauvres dans les campagnes françaises, dont personne ne parlent jamais. A l’inverse, ayant été fonctionnaire au service des étrangers dans une Préfecture, j’ai vu que la plupart des immigrés récents venant des classes moyennes ou aisées. Il faut payer le passeur environ six mille euros (quel Français pourrait payer une telle somme ?). Lorsque nous enquêtions par les Renseignement Généraux ou via l’ambassade du pays d’origine, nous découvrions que l’étranger disposait souvent de nombreuses propriétés dans leur pays d’origine qui lui aurait permis de vivre chichement dans son pays. L’immigration qui déferle sur la France depuis quarante ans, n’est absolument pas une immigration économique due à la pauvreté, mais un pillage économique organisé au profit des classes moyenne et aisées du tiers-monde.

Contrairement à lui, je pense possible une alliance des prolétariats Catholiques, Musulmans et Juifs par la conversion à la religion du Christ. Les musulmans attendent, comme les Chrétiens, le retour du Christ. C’est à cette occasion que les gens se retrouveront derrière le Christ pour marcher, contre nos ennemis.

D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que je surprends Youssef Hindi de mal parlé des catholiques, ce qui me laisse supposer qu’il est là pour faire le travail d’une guerre contre les catholiques, comme les loges ou le patronat.

Ce discours-là était déjà présent dans le comité des houillères après la Première Guerre mondiale.

II : Le système bancaire.

« Servant les trusts, deux grandes banques d’affaires, la Banque de Paris et des Pays-Bas, présidée par Moreau (ancien gouverneur de la Banque de France) et l’Union parisienne (où régnait Schneider du Creusot). Toutes les banques catholiques, juives, protestantes, sont associées aux trusts. Les […] plus actives dans la politique des trusts ont été la banque de l’Indochine, avec Baudouin (ancien ministre des Affaires étrangères) et la banque Worms, dirigée par Hyppolite Worms, […] la grande organisatrice des gouvernements de Vichy. »

Le cœur du système bancaire français (à l’époque du rapport) était la Banque de France (A). Il faut aussi dire quelques mots de la banque Worms (B) qui se trouve à la tête du système synarchique.

A : La Banque de France.

La Banque de France fut fondée en 1800 par Napoléon Bonaparte. Elle regroupe alors des banquiers privés. C’est une banque comme les autres, mais avec le privilège de l’émission de la monnaie.

La Banque de France sera nationalisée en 1946, puis de nouveau privatisée en 1994, avant d’être supplanté par la Banque centrale européenne avec la création de l’euro.

Le gouverneur et deux sous-gouverneurs de la Banque de France sont nommés par le président de la République. Jusqu’en 1936, il y avait un conseil de régence de quinze membres dont certains sièges étaient occupés par des banquiers et des industriels français. Les fauteuils sont numérotés et remplacés à la mort de son occupant sur le modèle de l’Académie française.

Fauteuil 9Alphonse de Rothschild1855-1905.
Édouard Alphonse James de Rothschild1906-1936.
Fauteuil 11François Wendel.1913-1936.
Fauteuil 12Eugène Schneider.1854-1875.
Henri Schneider.1886-1897.

Annie Lacroix-Riz nous dit que lors de la nomination d’un nouveau gouvernement, le président du Conseil et le ministre des Finances devaient se présenter devant le Gouverneur de la Banque de France. Le nouveau gouvernement était avalisé uniquement si celui-ci s’engageait à réaliser un certain programme de réformes.

En cas de refus, la Banque de France engageait une guerre avec le gouvernement en lui refusant des avances de trésor.

Ce fut le cas avec le gouvernement du cartel des gauches entre avril 1924 et juillet 1926.

« À la fin du 19e siècle ont été créées de « grandes coalitions patronales, ou trusts, […] pour empêcher l’avilissement des prix et pour limiter les revendications ouvrières. Cela les a conduits à organiser, dans chaque catégorie, un contrôle presque total de la production. »

Les objectifs des réformes sont de deux natures :

Depuis que je suis enfant, j’entends les hommes politiques et les journalistes parler de « réforme ». L’origine de cette expression remonte au comité des forges dans la période de l’entre-deux-guerres.

Baisse des salaires, baisses des charges sociales et empêcher les ouvriers de revendiquer des droits. Les fonctionnaires sont également la cible privilégiée, à travers la réduction des dépenses publiques et donc une réduction des services publics. Voilà les éléments qui se cachent derrière l’expression de « réforme ».

Dans un pays catholique, le mot « réforme » est lourd de sens. C’est celui qui fut également utilisé par les protestants contre l’église. C’est le monde anglo-saxon contre le monde latin. Dans l’inconscient collectif français, le terme de « réforme », ne peut que susciter le rejet immédiat. D’ailleurs, la France est le seul pays latin où le protestantisme a tenté de s’infiltrer et cela a suscité une très grave guerre civile au XVIe siècle.

Comme le montre Annie-Lacroix-Ruiz dans son livre « le choix de la défaite », il est devenu obligatoire pour les hommes politiques français, d’engager des « réformes », même lorsque le choix des électeurs en décide autrement.

Le choix des vrais maîtres de la France d’imposer un programme de réformes trouve son origine dans l’expérience malheureuse du Cartel des gauches. Le cartel regroupait les partis politiques de gauche aux élections législatives de 1924. Le cartel fit face au Bloc National de droite.

Citons ce que dit l’un des plus grands historiens des idées politiques français (avec jacques Ellul), Jean-Jacques Chevallier. J’ai lu avec passion ses manuels lorsque j’étais étudiant en droit.

« Les élections de mai 1924 voient l’écrasement du Bloc national par le Cartel des gauches, qui rassemble les socialistes SFIO, les radicaux-socialistes, les républicains-socialistes et la gauche radicale. Les fonctionnaires coalisés jouent un grand rôle dans cette victoire du Cartel.

Poincaré les avait mécontentés, inquiétés en s’élevant contre l’intrusion des associations de fonctionnaires dans l’État, et en faisant prévoir des réductions de personnel administratif.

La gauche a 328 députés sur 582 : soit 105 SFIO, 140 radicaux-socialistes, 42 républicains-socialistes et 41 membres de la gauche radicale (c’est l’aile modérée, la « droite de la gauche », extrêmement importante dans l’arithmétique de la majorité). Le centre a 80 députés ; la droite 146, dont 104 de l’Union républicaine démocratique : URD Il faut classer à part 30 députés communistes.

On notera deux points : 1° Le Bloc national a plus de voix que le Cartel des gauches : 4 500 000 contre 4 270 000, anomalie issue du jeu de la loi électorale de 1919 ; 2° Le Cartel ne possède pas à la Chambre une vraie majorité, car si les 41 membres de la gauche radicale l’abandonnent, il tombe à 287 voix contre 291 du centre et de la droite. Donc cette Chambre, politiquement rouge, n’est « du point de vue social que modérée ». Elle ne s’en rend pas compte. L’enthousiasme de la victoire l’emporte, et lance cette fragile majorité de gauche dans une voie au bout de laquelle est la catastrophe. » (Jean-Jacques Chevallier, Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958, p. 539-540)

Le cartel des gauches obtiendra 328 élus contre 291 au Bloc National. Ils exigeront la démission du président de la République Alexandre Millerand, car il avait pris position durant la campagne pour le Bloc National. Ils refuseront de former un gouvernement tant qu’il restera en poste. Ils s’opposeront à la nomination du Gouvernement de Frédéric François-Marsal (un gouvernement de droite) que tenta de nommer le président. Finalement, Millerand démissionnera le 11 juin 1924.

Le Cartel des Gauches connaîtra plusieurs présidents du conseil :

« Le gouvernement de la banque intronisait les arrivants après s’être assuré qu’ils se plieraient à ses exigences « d’assainissement financier » : c’était la condition sine qua non des « avances au Trésor » que consentirait au nouveau cabinet l’organe dirigeant de cette banque privée – norme érigée par son fondateur Bonaparte en régulateur de l’Etat. S’il était alarmé par les incertitudes qu’une pression populaire faisait peser sur les institutions et les décisions gouvernementales, il animait la croisade contre l’intrus. Il avait écrasé définitivement au bout de deux ans (avril 1924-juillet 1926), de fait en quelques semaines ou en quelques mois, le cartel des Gauches qui, porteur de projets fiscaux progressifs, n’en appliqua aucun. Cette incursion avait cependant conduit « les chefs » réels de la France à forger des plans, dits de « réforme de l’Etat », interdisant jusqu’à l’éventualité d’une nouvelle alerte. » (Annie Lacroix-Riz, Le choix de la défaite, p. 5).

Les projets fiscaux dont parle Annie Lacroix-Riz, c’est la création d’un impôt sur le capital afin de récupérer l’argent dépensé durant la guerre, chez ceux qui en ont profité pour s’enrichir entre 1914 et 1918.

« Et surtout, la crise économique et financière continue : au début d’avril 1925, s’ouvre virtuellement une nouvelle crise du franc. Les socialistes préconisent l’impôt sur le capital, inquiétant ainsi la propriété, si bien que le politique et l’économique se dissocient, suivant un phénomène classique en France républicaine et dont A. Siegfried a donné une explication lapidaire et fameuse : le Français, « politiquement, son cœur est à gauche, mais sa poche est à droite … et en pratique, chaque Français a une poche ».

On voit alors commencer le mouvement de reflux parlementaire vers la droite, succédant au mouvement de flux électoral vers la gauche. » (Jean-Jacques Chevallier, Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958, p. 541)

C’est à la suite de l’expérience malheureuse du Cartel des Gauches que les véritables maîtres de la France, vont mettre en place le plan de réforme à mettre obligatoirement en œuvre afin d’empêcher l’émergence de revendication de la France d’en bas.

Aux élections législatives de 1932, les électeurs vont encore une fois donner une majorité de gauche à l’Assemblée nationale, ce qui va faire craindre aux dirigeants occultes du pays, une nouvelle offensive fiscale sur les riches. Edouard Herriot restera en poste six mois et Paul Boncourt, un mois, avant que les autres présidents du conseil se soumettent au gouverneur de la Banque de France.

« A la différence de celles de 1928, ces élections sont « dans la ligne » comme celles de 1924, puisqu’elles sont des élections de lutte : bloc contre bloc, et non pas d’apaisement. C’est une victoire, inespérée par son étendue, des gauches. Les groupes de gauche augmentent de 80 sièges, et les groupes de droite diminuent d’autant. Mais les communistes ont perdu plus de 250 000 voix ; ils n’ont plus que 12 députés. « Le Parti, communiste – écrit avec satisfaction le vieux républicain Seignobos – dirigé par Moscou est en régression indiscutable ». Il y a 157 radicaux et 129 SFIO (au premier tour les SFlO ont obtenu 127 000 voix de plus que les radicaux). Herriot à nouveau s’impose comme chef du Cartel. Cependant, il ne dure que six mois, se heurte à une impasse, et de sa chute (fin 1932) au 6 février 1934, c’est-à-dire pendant treize mois, on aura 5 ministères. On commencera à parler du massacre des ministères, expression devenue classique : un ministère Paul-Boncour, un ministère Daladier (numéro 1), un ministère Sarraut (numéro 1), un ministère Chautemps (numéro 2), un ministère Daladier (numéro 2).

Ce massacre des ministères manifeste la persistance, malgré une victoire électorale de la gauche qui a dépassé ses espérances, du désarroi politique. La majorité est impuissante, divisée devant le problème financier et budgétaire, toujours celui-là. Les efforts des radicaux-socialistes auxquels appartiennent 4 ministères sur les 5 qu’on vient d’indiquer (seul Paul-Boncour n’est pas radical-socialiste) ne sont pas soutenus par les socialistes SFIO qui refusent non seulement la participation, mais même dans les heures difficiles, leur soutien. Tactique subtile de Léon Blum, leur chef, qui n’est pas approuvée de tous !

Par ailleurs, la plus grande partie de la droite, dont Tardieu est le chef, fait une opposition irréductible. De là, suivant les expressions du député Bonnevay, président de la Commission d’enquête sur le 6 février 1934 : cette succession de ministères impuissants, culbutés les uns sur les autres, mais renaissant avec le même personnel. Instabilité ministérielle avec stabilité du personnel, naissance des Ligues (Croix de feu, etc.) traduisant une poussée d’anti-parlementarisme à la fois hérité de l’histoire française et emprunté au fascisme montant.

Crise politique donc, elle-même issue de la crise économique. Si bien que pour peu qu’une crise morale, manifestation de sentiments sains (comme lorsque, au temps du scandale Wilson, on criait : A bas les voleurs !), se produise, qu’elle soit exploitée habilement par les ennemis déclarés ou non du régime, au premier rang l’Action française, animée de la mystique du coup de force, alors tous les éléments suffisants seront rassemblés pour une Journée, comme on disait au temps de la Révolution française. La crise morale éclate : c’est le scandale des faux bons de Bayonne, qui devient l’affaire Stavisky, laquelle amène la chute du ministère Chautemps (numéro 2), Chautemps ayant fait refuser par la Chambre la nomination d’une commission d’enquête. Nouveau ministère Daladier (numéro 2), qui déplace le préfet de police Chiappe, suspect de tiédeur dans sa répression des petites émeutes suscitées par l’Action française tout au long de janvier 1934 à Paris. Le déplacement de Chiappe déclenche directement la manifestation du 6 février 1934, manifestation qui tourne en émeute, ayant pour but, semble-t-il, d’enlever de force le pont de la Concorde, où le service d’ordre protège la Chambre des députés. C’est la période critique qui s’ouvre. » (Jean-Jacques Chevallier, Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958, p. 546-547)

En 1932, le comité des forges parviendra à placer à la présidence de la République, l’un de ses hommes, Albert Lebrun. C’est sous son mandat que des gouvernements synarchistes s’installeront au pouvoir, comme nous l’avons déjà vue.

Il faut aussi signaler, une troisième tentative de prise de pouvoir par la gauche avec les élections législatives de 1936 qui permet a la coalition du Front populaire d’arriver en tête. Mais le Front populaire n’est plus le Cartel des Gauche. C’est une gauche sous le contrôle des maîtres de la France.

La crise économique de 1929 et ses graves répercutions économiques menaçaient l’Occident. Il fallait favoriser l’arrivé au pouvoir de la gauche radicale pour lui mettre sur le dos la responsabilité de la crise.

« Les déconfitures retentissantes attendues provoqueraient du chômage, des baisses de prix de détail, des moindres rentrées d’impôts, enfin une crise économique générale qui désillusionnerait profondément ceux qui avaient au contraire annoncé une période de prospérité. (…) Les Marin, de Wendel, de Warren, poursuivraient, en réalité, avec (…) acharnement (…) une politique du pire qui devait amener au pouvoir un Gouvernement de gauche. Ces messieurs (…) espéraient qu’un Gouvernement radical-socialiste se verrait responsable de la crise imminente. » (Annie Lacroix-Riz, Le choix de la défaite, p. 53).

Un texte d’une étonnante actualité lors des élections présidentielle et législatives de 2022. L’extrême gauche autour de Mélenchon, et l’extrême droite autour de Marine Le Pen ont connu des scores très élevés et ont empêché le président Macron d’avoir la majorité absolue à l’Assemblée. En même temps, avec la guerre en Ukraine, s’annonce une terrible crise économique et énergétique (comme en 1924 et 1932). Tentera-t-on de mettre sur le dos de la NUPES et du RN, l’échec économique des maîtres de la république, comme le fit la droite en accusant le Front populaire d’être responsable de la défaite de 1940.

B : La banque Worms.

Elmar Michel, chef de la section économique du « militärbefehlshaer in Frankreich » (MBF) dans son rapport de mandat d’Occupation de la France de juillet 1944 « mentionne parmi les forces politiques qui pendant les deux premières années d’Occupation et même plus tard, présidèrent aux destinées de la France, un groupe d’hommes d’affaires appelé « synarchie Worms » ou encore « groupe Worms » ou même plus simplement « synarchie » ».

La « synarchie » serait identifiée à la banque Worms.

Dans le rapport Biddle de l’OSS de janvier 1942 signé six mois après le rapport Chavin, il parle également de la Banque Worms et de son influence sur le régime de Vichy.

« Ne doit pas être considéré comme constitué de Français, pas plus que leurs homologues en Allemagne ne doivent être considérés comme allemands, car les intérêts des deux groupes sont si emmêlés qu’ils en sont indissociables ; ils ne portent d’attention qu’à la défense de leurs intérêts. Il faut inclure de nombreuses grandes banques dans cette catégorie : la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (qui était par excellence le groupe de Laval), la Banque Indochine (dont Baudouin était le chef), la Banque de Paris et des Pays-Bas. Mais celle qui s’identifiait particulièrement au régime Darlan était la Banque Worms et Cie, dirigée par Hyppolyte Worms, avec Gabriel Le Roy Ladurie et Jacques Barnaud comme personnalités dominantes. ».

La Banque était dirigée par Hyppolyte Worms avec l’aide de Jacques Barnaud et de Gabriel Le Roy Ladurie.

« Pour mesurer à quel point les membres du groupe de la Banque Worms avaient été appelés au Gouvernement à l’automne 1941, un bref examen du Conseil des ministres et des secrétaires d’Etat s’impose : Pierre Pucheu (Intérieur) et Yves Bouthillier étaient des membres de la clique Worms. Le général Bergeret (secrétaire d’Etat à l’aviation) était classé par les uns dans l’entourage personnel de Pétain, par les autres dans le groupe Worms. Lui excepté, les secrétaires d’Etat étaient à un homme près associés à la même clique. C’était Jacques Barnaud (délégué général aux relations économiques franco-allemandes) Jérôme Carcopino (Education), Serge Huard (Famille et Santé), l’amiral Platon (Colonies), René Belin (Travail), François Lehideux (Production industrielle), Jean Berthelot (Communications) et Paul Charbin (Ravitaillement). Jacques Benoist-Méchin (en charge des relations franco-allemandes) était un journaliste allié de longue date à Otto Abetz et, d’après tous les rapports, un simple pantin des Allemands. (…) Il ressort de cette liste que pratiquement tout ministère ou secrétariat touchant les affaires économiques était aux mains d’un homme ou d’un autre de la clique Worms. Nombre d’entre eux comme Pucheu, Bouthillier, Barnaud et Lehideux étaient compétents – aussi compétents qu’intéressés et dépourvus de scrupules. Pucheu que son procès pour trahison fit connaître quelque peu (…) avait été étroitement associé aux cagoulards et autres mouvements fascistes d’avant-guerre. Comme agent du cartel sidérurgique il avait cherché à promouvoir la coopération entre l’industrie lourde française et allemande. En d’autre termes, lui comme plusieurs d’entre eux, avait un passé collaborationniste et ne montrait pas de la simple bonne volonté pour s’allier à l’ennemi mais de l’acharnement. Darlan pouvait compter sur ces hommes, qui non seulement s’employaient à livrer biens et produits manufacturés à l’Allemagne, mais servaient aussi d’intermédiaire pour permettre aux Allemands de prendre possession ou de contrôler des usines françaises. Inutile de dire qu’ils gagnèrent gros dans les opérations et firent simultanément prospérer leurs propres affaires. Cette collaboration économique (…) était bien établie avant la guerre et servait bien à la fois les intérêts allemands et français. »

La Banque Worms fut fondée en 1928 par Hyppolite Worms (1889-1962). C’est une famille de rabbin qui exerça de nombreuses activités dans le commerce à partir de 1840. Elle venait de la ville de Worms à soixante kilomètres de Francfort-sur-le-Main. C’est dans la région d’Offenbach, là où se trouvait la cour de Jacob Frank. Nous pouvons donc supposer que la famille Worms pourrait être également une famille frankiste.

La famille Worms est d’ailleurs très liée matrimonialement à la famille Rothschild. Mayer Amschel Rothschild (1744-1812) eut dix enfants, cinq garçons et cinq filles. Dix enfants, comme les dix rois qui doivent accompagner l’Antéchrist à la fin des temps.

Les cinq garçons furent placés à la tête d’une succursale de la banque Rothschild dans les cinq principaux pays européens de l’époque : 

Amschel Mayer1773-1855.Branche allemande.
Salomon Mayer1774-1855Branche autrichienne.
Nathan Mayer1777-1836Branche anglaise.
Calmann Mayer1788-1855Branche napolitaine.
James Mayer1792-1868Branche française

 

Les cinq filles vont se marier à de puissantes familles juives pour étendre la domination de l’empire Rothschild sur le monde. Elles vont donner naissance à deux autres branches.

La fille aînée, Schönche Jeannette (1771-1859) se maria avec Benedikt Moses Worms. C’est de ce couple que descendra Hippolyte Worms le fondateur de la banque Worms. On parle de la branche Worms.

La fille cadette, Henriette (1791-1866) se mariera avec Abraham Montefiore (1788-1824) pour donner naissance à la branche Montefiore. La famille Montefiore jouera un rôle important dans le retour des Juifs en Israël à la fin du XIXe siècle. Il faut lire à ce sujet le livre « Jérusalem » écrit par Simon Sebag Montefiore.

Extrait article wikipédia « la famille Rothschild ».
Schönche Jeannette1771-1859.Branche Worms.
Henriette.1791-1866Branche Montefiore.

Donc la banque Worms, est une succursale de la banque Rothschild. Cela Annie Lacroix-Riz s’abstient d’en parler. Elle affirme de manière péremptoire que la banque Worms est une banque dirigée par des catholiques, car elle trouve deux dirigeants catholiques dans l’organigramme. C’est d’une incroyable malhonnêteté. Sans doute un prisme idéologique, car Madame Lacroix-Riz est une militante communiste.

III : La presse.

« La presse pouvait gêner le haut patronat, il en organisa systématiquement la corruption. Contrôlant les agences de publicité et les messageries de journaux, il contraignit les journaux à un déficit permanent, et leurs agents spéciaux, que l’on nomme distributeurs de publicité, mais qui sont, en fait, des organisateurs de silence, apportèrent aux journaux des subventions qui comblaient leur déficit et les mettaient à leur merci. En trente ans, le haut patronat français a ainsi acquis le contrôle de toute la presse, de l’Action française au Populaire. »

Le haut patronat organisa la prise de contrôle de la presse par ses agences de publicité et les services de distributions des journaux chez les revendeurs. Deux méthodes qui existent encore aujourd’hui. L’achat d’espace publicitaire est perçut comme une sorte de subvention versée aux journaux pour les faire taire. Le texte parle « d’organisateur de silence ». Par cette technique, le patronat avait acquis toute la presse française de l’extrême gauche à l’extrême droite. Rien n’a changé.

L’agence de publicité du comité des forges, c’était l’agence Havas, qui contrôlait à partir de 1927, la publicité de la quasi-totalité de la presse française. En 1940, avec l’occupation allemande, l’agence Havas sera scindée en deux : l’agence de publicité Havas et l’Agence France Presse. L’une comme l’autre seront nationalisées à la libération.

Lors de son intervention devant la commission d’enquête sur les événements du 6 février 1934, Edouard Daladier déclarait au sujet de la presse :

« Il aurait fallu, que je m’occupe des attaches de tous les journaux, car il n’y a pas que La Volonté qui soit subventionnée par des hommes d’affaires, il y a les quatre cinquièmes des journaux existants. (…) Les journaux qui vivent comme vivent de grands journaux étrangers, eux, uniquement de leurs travaux, c’est-à-dire de leurs lecteurs, abonnements, publicité strictement commerciale, sont extrêmement réduits en France et (…) s’il fallait faire une enquête sur la façon dont vivent tous les journaux, ce serait intéressant à faire. J’affirme (…) que, surtout à Paris, il y a une très grande proportion de journaux qui vivent des affaires. » (séance du 26 avril 1934, BA 1856, IGS commission d’enquête, APP).

En Allemagne, le trust Hugenberg-Krupp, en 1930 tenait mille six cents journaux en partie matériellement et mille journaux totalement. En France, ce sont les quatre cinquièmes des journaux qui sont tenus par le haut patronat.

Dans la chute du Cartel des gauches, le comité des forges utilisa massivement la presse à sa botte pour attaquer le gouvernement.

« Le comité des Forges donna alors des instructions aux directeurs des journaux qu’il contrôlait ou qu’il subventionnait pour qu’ils se préparent à entreprendre une campagne contre tout projet d’impôts nouveaux. Il leur a également demandé de critiquer sévèrement l’attitude des socialistes à l’égard du précédent ministère qui a empêché MM. Palmade e Germain-Martin d’appliquer les projets de redressement et de compression budgétaires qu’ils avaient mûrement étudiés. Les premiers articles qui seront publiés à ce sujet passeront dans Le Temps, La Journée Industrielle, et le Bulletin quotidien de la Société d’Etudes et d’Informations économiques. » (Annie Lacroix-Riz, Le choix de la défaite, p. 53-54).

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