VI-63 : régence de Catherine de Médicis (1559-1566).

Catherine de Médicis (vers 1555) par François Clouet.

Catherine de Médicis (« la dame »), demeurée sur le trône (« au regne demeuree »), seule (« seule »), après la mort de son unique époux Henri II (« D’unic »). Il mourra le premier (« esteint premier ») au champ d’honneur (« au lict d’honeur »). Elle portera le deuil (« sera de douleur exploree ») pendant sept ans (« Sept ans »). Puis elle vivra et régnera (« au règne ») longtemps (« Puis longue vie ») encore pour le bonheur de la France (« par grand heur »).

Catherine de Médicis ne quitta le deuil que le 1er août 1566 (1559 + 7 = 1566), au retour d’un voyage qu’elle avait fait, avec son fils Charles IX, dans toutes les villes frappées par les guerres de religions afin de les pacifier.

Elle vécut jusqu’en 1589 et conserva toute sa puissance avec ses deux fils aînés, François II et Charles IX ; mais la perdit totalement avec Henri III. 

Article Wikipédia Catherine de Médicis.

Lorsque son fils François monte sur le trône, Catherine de Médicis lui recommande de confier les rênes du gouvernement à la famille de son épouse : les Guise. Issus de la maison de Lorraine et apparentés à la famille royale, les Guise sont riches et puissants. Ils ont su se faire une place de première importance à la cour et leur sœur Marie de Guise, la mère de la nouvelle reine, est régente d’Écosse pour sa fille.

Catherine les soutient et approuve la mise à l’écart opérée par eux, du connétable et de Diane de Poitiers. Elle-même intervient dans la redistribution des faveurs royales en échangeant avec l’ancienne favorite le château de Chenonceau contre celui de Chaumont. Par l’ascendant qu’elle exerce sur le jeune roi, Catherine joue un rôle central au sein du conseil royal, mais profondément atteinte par la mort de son époux, elle reste en retrait par rapport aux Guise qui détiennent la réalité du pouvoir.

Les contemporains ont souligné la douleur extrême manifestée par la reine à la mort du roi (“D’unic esteint premier au lict d’honeur). Pour marquer son chagrin, Catherine choisit de ne plus s’habiller qu’en noir (alors que le deuil se marquait traditionnellement en blanc) et arbore désormais un voile qu’elle ne quittera plus (“Sept ans sera de douleur exploree“). La souffrance qu’entraîne chez elle le souvenir de son défunt époux, la pousse même à ne pas assister au sacre de son fils le 18 septembre 1559. Catherine change son emblème : la lance brisée, avec la devise : « De là viennent mes larmes et ma douleur » (Lacrymae hinc, hinc dolor).

L’ampleur du mécontentement provoqué par les Guise au printemps 1560 obligeait ces derniers à céder davantage de pouvoir à Catherine de Médicis. Jusqu’alors réservée et marquée par la douleur du deuil, la reine-mère prend davantage part aux affaires. La montée du parti modérateur accroît son influence politique et le parti de la répression est contraint de l’écouter davantage. Elle s’entoure de conseillers modérés favorables à la Réforme et favorise leurs idées au sein du conseil royal. Parmi eux se trouvent des hommes d’Église comme Jean de Morvillier, Jean de Monluc (suspecté par Rome de protestantisme) ou encore Paul de Foix (qui avait été arrêté par le roi l’année précédente avec Anne de Bourg).

En juin, elle permet au juriste Michel de L’Hospital, opposant à la répression, d’être nommé chancelier de France. En août, elle parvient à réunir à Fontainebleau une assemblée de notables pour discuter des problèmes du royaume et appuie malgré l’hostilité du pape, la tenue d’un concile national pour réformer l’Église de France.

La mort de son fils François II, le 5 décembre 1560, la meurtrit profondément mais lui permet de prendre en main les rênes du pouvoir.

Le frère cadet du roi monte sur le trône sous le nom de Charles IX. Comme il n’a que dix ans et qu’il est encore mineur, Catherine de Médicis est déclarée régente (“Puis longue vie au regne par grand heur“). Face aux troubles religieux, elle met en place avec le soutien de conseillers modérés une politique de conciliation. L’échec de sa politique la conduit toutefois à durcir à plusieurs reprises sa position à l’égard des protestants.

La reine refuse dans un premier temps la marche à la guerre que provoque en mars 1562 le massacre de Wassy. Elle se tient à l’écart des deux partis, jusqu’à ce que par un coup de force, François de Guise l’oblige à se placer sous sa protection. Le 31 mars il débarque à Fontainebleau où se trouve la famille royale et la contraint à le suivre à Paris. Durant les mois de mai et de juin, Catherine tente encore de provoquer des rencontres entre les belligérants, mais finit par se résigner à la guerre devant la résolution des chefs militaires à en découdre.

Pendant plusieurs mois, elle intervient activement dans l’organisation logistique pour défaire les protestants. Elle se déplace également personnellement au siège de Rouen. La mort et l’emprisonnement des principaux chefs de guerre lui permet finalement de ramener la paix. Tout en prenant ses distances avec les Guise, elle accorde aux huguenots la paix d’Amboise en mars 1563. L’édit prévoit déjà une certaine liberté de culte dans les maisons seigneuriales et dans les villes. En août 1563, Charles IX devient majeur. Catherine abandonne la régence, mais Charles IX la confirme immédiatement dans ses pouvoirs. Pour Catherine, l’heure est à la reconstruction, car la guerre civile a entraîné de très grandes destructions.

Les grandes fêtes de Fontainebleau marquent le départ du « tour de France » qu’entreprend la famille royale à partir de 1564. Pendant 28 mois, la reine parcourt la France pour montrer le roi à son peuple, faire oublier les dissensions religieuses et imposer ses édits de paix. Son but est également de provoquer la rencontre des chefs d’État européens et de relancer un nouveau concile. La reine n’avait pas accepté que lors du concile de Trente, les protestants n’aient pas été invités. Le voyage est une succession d’entrées royales. Il se termine le 1er mai 1566 à Moulins (“Sept ans sera de douleur exploree“).

Voir le quatrain I-35 (mort d’Henri II).