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La bête de l’Apocalypse : la synarchie (5a).

La première où j’ai entendu parlé de la synarchie, ce fut au début des années 2000, sans doute en 2001 ou 2002, je ne me rappelle plus exactement la date. C’était lors de mes études de droit. Je suivais alors un cours d’histoire des institutions sur la période 1930-1945. Le professeur, un avocat dont j’ai oublié le nom, nous parla dans le détail du régime de Vichy et de la résistance. Puis soudain, il parla du complot synarchique, dont le régime de Vichy était, selon lui, le résultat.

J’ai oublié le nom de ce professeur, mais je n’ai jamais oublié ces mots. Ils n’ont cessé de me hanter depuis cette date. Au fil de mes lectures, je retrouvais l’idée d’une humanité à deux niveaux, d’une élite capable de diriger le monde et d’une masse de gueux incompétent.

Il me fallut encore plusieurs années pour intégrer cette information pourtant capitale. J’ai vraiment compris l’importance de la synarchie lors de ma scolarité à l’IRA de Lille et lors de mon passage comme fonctionnaire en Préfecture. Là en côtoyant cette élite administrative, ses fils et filles de bonnes familles, dont je n’ai jamais fait partie, ils me l’ont bien fait comprendre, j’ai eu accès à ce secret bien gardé. Sans donner le détail de mon cheminement, j’ai surpris quelques conversations à ce sujet, qui m’on permis de faire le lien avec les propos de ce professeur d’histoire du droit. Une grande partie de mes ennuis viennent d’ailleurs de là. Ils savaient que j’avais compris et voulais m’empêcher d’en parler. Cela concerne tant le pouvoir en place que son opposition contrôlé. Les deux vous mentent avec le même aplomb. La vérité des faits historique est l’inverse de ce qu’ils vous disent.

Le livre « synarchie et pouvoir » d’André Ulmann et Henri Azeau, publié en 1968 et jamais réédité, est remarquable sur le sujet. Il commence par un avertissement dont voici la teneur :

« Il semble que parler de la synarchie, écrire sur la synarchie, soit en France tout au moins, à la fois une curiosité, une audace, un exploit, et même une gageure. On n’en dit rien qu’à mots couverts, on n’en écrit qu’à plume réfléchie, voire hésitante. La raison essentielle en est peut-être d’ignorance, car synarchistes et synarques n’ont pas manqué d’habilité pour déguiser leur doctrine, leurs manœuvres et leurs ambitions.

(…)

Certes, ils refusent toujours, ces survivants, de reconnaître aux yeux du public la réalité même de la synarchie bien que souvent, dans le privé, ils n’en fassent plus mystère. Ils s’accordent encore à parler de « mythe », surtout lorsque l’évidence les gêne. C’est là un terme dont complices et timorés peuvent aller se délectant. » (André Ulmann, Henri Azeau, Synarchie et pouvoir, Julliard, p. 9-10).

Avant de commencer, il faut à titre préliminaire, ne pas confondre les termes. Le mot de synarchie est utilisé en France. Dans le monde anglo-saxon, on parle plutôt de corporatisme. Le terme prête à confusion en français. Il ne faut pas confondre le corporatisme avec les corporations de l’Ancien Régime. Le corporatisme anglo-saxon vient de l’anglais « corporate », c’est-à-dire l’entreprise. Autant, je suis un partisan du retour des corporations d’Anciens régimes, autant, je combats le corporatisme de type synarchique, modèle politico-économique de la bête de l’Apocalypse.

La synarchie fut découverte « officiellement », en juillet 1941, dans un rapport réalisé par le commissaire de police Henry Chavin. Ce rapport de vingt-deux pages dénonce un complot de hauts-fonctionnaires et de chefs d’entreprise pour prendre le pouvoir et diriger la France. Je me suis procuré le document. Il est d’une très haute importance pour comprendre la crise politique que traverse la France depuis la pandémie du corona-virus. La crise sanitaire de 2020 me semble être l’exacte application des principe synarchistes. C’est ce que je vais tenter de vous expliquer dans trois articles.

Le thème de la synarchie fut omniprésent à la libération dans la presse ou lors des procès organisés contre les pétainistes et les collaborateurs.

Durant le procès du Maréchal Pétain, la synarchie s’invita à plusieurs reprises dans les débats. La lecture des minutes du procès éclaire d’un regard très intéressant, ce que fut la synarchie à cette époque et ce qu’elle pourrait être pour notre époque.

Audience du 30 juillet 1945. Un juré pose une question au tribunal sur la possibilité de recevoir certains témoins concernant les conditions de l’armistice de 1940. Le premier président va alors, dans sa réponse, aborder de lui-même la question de la synarchie.

« Un juré : Je voudrais demander, s’il m’est permis de poser quelques questions à propos des témoins.

Nous avons entendu toute une série de témoins qui sont venus nous entretenir des événements qui ont précédé l’armistice et la signature de l’armistice. Mais, de l’armistice à la libération, il s’est passé, dans ce pays une série de drames qui intéressent certainement beaucoup de jurés. Nous avons reçu des lettres de personnes qui demandaient à être entendues. Nous avons reçu ainsi une lettre de Mme Vèze, dont le mari a sans doute été le premier Français décapité pour faits politiques. Nous avons reçu une lettre de la Fédération nationale des internés retour d’Allemagne. Je crois qu’il serait très intéressant de les entendre. Et je vous demande, Monsieur le Président, usant de votre droit, de faire entendre ces témoins.

M. le premier président : J’ai été au-devant de vos préoccupations et j’ai déjà demandé que l’on me présente la liste de deux ou trois personnes, susceptibles d’éclairer la haute Cour sur les conséquences résultant de la politique pratiquée à partir de l’armistice.

J’avais même été plus loin. J’avais pensé que cela vous intéresserait peut-être, et j’ai demandé au commissaire qui a fait l’enquête sur les différentes affaires qui ont trait à la synarchie, de venir déposer pour nous mettre au courant de ce qu’ont été ces mouvements factieux et quel était le lien qu’on pouvait trouver entre ces mouvements factieux et l’activité du Maréchal Pétain. » (Haute Cour de justice, Compte rendu in extenso des audiences, p. 117).

Audience du 2 août 1945, concerne la déposition de Monsieur Trochu, ancien président du Conseil municipal de Paris (ancêtre du poste de maire de Paris) à l’époque des faits. Il était également en contact avec des membres de la Cagoule, dont nous reparleront plus tard. Il fut reçu plusieurs fois par Philippe Pétain et puis soudain il évoque la synarchie, en s’étonnant que plus personnes n’évoque le sujet.

« Le Maréchal voulait faire sortir la charte du travail. La synarchie, dont on ne parle plus maintenant – c’est extrêmement curieux que cette synarchie, qui a fait l’objet de tant de commentaires à l’époque où elle était toute-puissante, personne n’en parle plusla synarchie qui avait plusieurs représentants au Gouvernement, s’opposait violemment à la charte du travail. » (Haute Cour de justice, Compte rendu in extenso des audiences, p. 177)

Audience du 10 août 1945, c’est la déposition d’André Lavagne, ancien directeur de cabinet du Maréchal Pétain. Cette fois-ci, c’est le premier président qui demande au témoin s’ils y avaient des ministres de la synarchie à Vichy.

« M. le premier président : Il y avait des ministres de la synarchie avec vous ?

M. Lavagne : On appelait ainsi les ministres qui étaient opposés aux idées du Maréchal. Ils étaient favorables aux idées un peu trop patronales de la grosse industrie qui déplaisaient au Maréchal. » (Haute Cour de justice, Compte rendu in extenso des audiences, p. 308)

On le voit à travers ses trois moments du procès du Maréchal, que personne ne met en cause l’existence de la synarchie, que ce soit le président du tribunal ou les témoins qui figuraient dans l’entourage du chef de l’Etat français.

Autre procès, deux ans plus tard. Il concerne Jacques Benoist-Méchin, qui occupa de hautes fonctions dans les divers gouvernements de Vichy. Son nom était cité comme synarchiste dans le rapport Chavin. Nécessairement, la question lui fut posée et donna lieu un échange lunaire avec le président du tribunal. L’échange montre d’ailleurs la gène de l’intéressé pour répondre, ce qui en dit long sur l’aspect sulfureux du sujet, même à la libération.

« M. le président : Nous irons vraisemblablement aussi vite sur la question de la synarchie. Vous êtes indiqué comme ayant été un synarque éminent. Vous avez vu, dans le dossier, le document tout entier relatif à la synarchie et vous avez vu que vous y figurez en bonne place. Voulez-vous vous expliquer ? Savez-vous ce que c’est ? Avez-vous connu la synarchie ou des synarques et, personnellement, avez-vous appartenu à la synarchie ?

M. Benoist-Méchin : Je ne sais pas ce que c’est que la synarchie. Je n’ai jamais fait partie de la synarchie . Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui fit partie de la synarchie. Je n’ai jamais été prié d’adhérer à la synarchie. Je n’ai jamais su, concernant la synarchie, quoi que ce soit d’autre que ce que vous savez vous-même par les journaux.

Me Marcel Héraud : C’est-à-dire rien du tout.

M. le président : Ne dites pas cela Me Marcel Héraud, car dans un grand nombre d’affaires nous avons eu à nous occuper de synarchie et je dois dire que jusqu’ici nous n’avons pas trouvé, devant nous, un synarque ou, en tout cas, nous n’avons pas trouvé devant nous un accusé qui dise : « je suis un synarque ».

Me Marcel Héraud : Et même qui dise ce que c’est la synarchie.

M. le président : Vous l’avez vu au dossier comme moi ; je vous fais grâce de tout le mémoire. » (Le procès Benoist-Méchin, édité par Jean-Louis Aujol, Paris, Albin Michel, 1948)

Un autre échange entre le président et Monsieur Benoist-Méchin va raviver sa mémoire :

« M. Benoist-Méchin : Je ne connais pas M. Jean Renaud. En tout cas, je crois qu’un synarque, cela signifie quelqu’un qui est cousu d’or, qui brasse des milliards, quelqu’un qui est associé à la plus puissante des finances internationales, quelqu’un – lâchons le grand mot – qui a partie liée avec les « trusts ». Ce n’est pas mon cas ; je crois que la suite de ces débats vous permettra de vous faire exactement une idée de mes moyens d’existence. Je suis un homme qui vit de sa plume ; je ne dispose d’aucun appui financier extérieur à celui que m’apporte mon propre travail. » (Le procès Benoist-Méchin, édité par Jean-Louis Aujol, Paris, Albin Michel, 1948)

Benoist-Méchin donne la meilleure définition de la synarchie : le pouvoir des puissances de la finance internationale, des « trusts ». Avant d’aborder ce sujet, il faut d’abord nous intéresser aux racines de la synarchie (I), avant de parler de la mise en œuvre de la synarchie à partir du XXe siècle (II).

I : Les racines de la synarchie.

La notion de Synarchie a été évoquée pour la première fois par Saint-Yves d’Alveyre dans son ouvrage « Mission des Juifs » en 1860 (A) avant d’être repris par le mouvement martiniste (B).

A : Saint-Yves d’Alveyre dans la « mission des Juifs ».

Saint-Yves d’Alveyre est l’un des maîtres à penser de l’oligarchie occidentale. Il eut une influence considérable depuis la fin du XIXe siècle et jusqu’à nos jours, dont nous retrouvons les traces jusqu’en dans les institutions politiques françaises et surtout européennes. Je peux même dire, et j’expliquerais pourquoi dans un autre article, que l’Union européenne est une création synarchiste de première main. Elle fut conçue dans la pensée de Saint-Yves. Je m’attaque donc à un gros morceau dès le début de mon article, un auteur dont nous devrions lire et étudier chacun de ses livres pour comprendre la pensée de nos maîtres. Je dis cela de manière innocente pour ceux qui voudrait continuer et compléter mes travaux. Car hélas, en ce qui me concerne, le temps me manque. Je ne traiterais principalement de son livre sur « la mission des Juifs« , avec quelques citations rapides de ses autres livres. Saint-Yves d’Alveyre se réclame du judaïsme (1) en reprenant la pensée politique de Moïse (2) qui servira de modèle à la synarchie (3).

1 :La filiation de la synarchie au judaïsme contemporain.

Saint-Yves d’Alveydre sans être de confession juive lui-même, se revendique l’héritier du judaïsme.

« Dans la Mission actuelle des Juifs, bien que n’ayant pas de sang juif dans les veines, je prends rang parmi les Juifs, je m’adresse à leurs savants talmudistes, à leurs kabbalistes, à ce qui reste des Esséniens, aux nasis, aux princes des kahals.

C’est ainsi que je veux prouver aux plus informés parmi les Juifs, au nom de leur propre Tradition que, dans chacune de leurs patries d’adoption, dans la Chrétienté, dans l’Islam, aux Indes, en Chine, enfin sur toute l’étendue du Globe, ils ont tout interêt religieux et social, collectif et individuel, au triomphe de la Synarchie. » (Saint-Yves d’Alveyre, Mission des Juifs, tome I, p. 12).

Il s’adresse aux Juifs qui ont refusé de reconnaître Christ. Ce sont les talmudistes et les kabbalistes. Il fait appel à eux pour la mise en œuvre de la synarchie, surtout lorsque ceux-ci vivent dans les pays chrétiens, musulmans, aux Indes ou en Chine.

La synarchie s’inscrit donc pleinement dans un projet lié à la religion juive post christique.

2 : La conception politique de Moïse.

a. La hiérarchisation des responsabilités.

Le modèle politique qui servit de base à la Synarchie nous vient de Moïse. C’est toutefois une mauvaise lecture de la pensée mosaïque. Il faut rechercher certains passages dans le XVIIIe livre de l’Exode pour comprendre la pensée politique de moïse :

« Le lendemain, Moïse s’assit pour juger le peuple, et le peuple se tint devant lui depuis le matin jusqu’au soir. Le beau-père de Moïse, voyant tout ce qu’il faisait pour le peuple, dit : « Que fais-tu là pour ces gens ? Pourquoi sièges-tu seul, et tout le peuple se tient-il devant toi depuis le matin jusqu’au soir ? » Moïse répondit à son beau-père : « C’est que le peuple vient à moi pour consulter Dieu. Quand ils ont quelque affaire, ils viennent à moi ; je prononce entre eux, en faisant connaître les ordres de Dieu et ses lois. » Le beau-père de Moïse lui dit : « Ce que tu fais n’est pas bien. Tu succomberas certainement, toi et le peuple qui est avec toi ; car la tâche est au-dessus de tes forces, et tu ne saurais y suffire seul. Maintenant, écoute ma voix ; je vais te donner un conseil, et que Dieu soit avec toi ! Toi, sois le représentant du peuple auprès de Dieu, et porte les affaires devant Dieu. Apprends-leur les ordonnances et les lois, et fais-leur connaître la voie qu’ils doivent suivre et ce qu’ils doivent faire. Maintenant choisis parmi tout le peuple des hommes capables et craignant Dieu, des hommes intègres, ennemis de la cupidité, et établis-les sur eux comme chefs de milliers, chefs de centaines, chefs de cinquantaines et chefs de dizaines. Ils jugeront le peuple en tout temps, porteront devant toi toutes les causes importantes, et décideront eux-mêmes dans toutes les petites causes. Allège ainsi ta charge, et qu’ils la portent avec toi. Si tu fais cela, et que Dieu te donne des ordres, tu pourras y tenir et tout ce peuple aussi viendra en paix en son lieu. »

Moïse écouta la voix de son beau-père et fit tout ce qu’il avait dit. Moïse choisit dans tout Israël des hommes capables, et il les préposa au peuple comme chefs de milliers, chefs de centaines, chefs de cinquantaines et chefs de dizaines. Ils jugeaient le peuple en tout temps ; ils portaient devant Moïse toutes les affaires graves, et décidaient eux-mêmes toutes les petites causes. Moïse prit congé de son beau-père, et Jéthro s’en retourna dans son pays. » (Exode, XVIII : 13-27).

Le texte, très célèbre, montre l’organisation du pouvoir selon la volonté de Dieu. Il s’applique au judaïsme de l’Ancien testament et à sa continuatrice, l’Église catholique. C’est la base du catholicisme politique repris en occident par la monarchie de droit divin.

A l’origine, Moïse gouvernait seul. Il trônait devant son peuple réuni en assemblée. Il recevait directement de Dieu ses ordonnances et ses lois. Moïse était l’intermédiaire entre le divin et le peuple. Un rôle qui sera repris ultérieurement par les Rois de France ou par les Papes à Rome.

Sur le conseil de son beau-père, Jethro, Moïse va modifier sa manière de gouverner.

Le pouvoir politique va être divisé entre deux niveaux de responsabilité.

Moïse continuera de jouer le rôle d’intermédiaire entre Dieu et les hommes. Il prononcera les ordonnances et lois divines.

Jethro va donner un important conseil à Moïse. Il lui suggère de choisir parmi ses ouailles, les plus intelligent, les plus intègres et les plus croyant pour l’assister dans ses tâches. Ces gens vont constituer le deuxième niveau de l’organisation politique. Il y aura plusieurs rangs dans les chefs : ceux de milliers, ceux de centaines, ceux de cinquantaines, ceux de dizaines. Cela signifie qu’il y aura un chef pour mille personnes, un chef pour cent personnes, un chef pour cinquante personnes et un chef pour dix personnes.

Mais l’organisation ne s’arrête pas là. Il y aura une répartition des tâches entre les deux niveaux. Les plus importantes iront vers Moïse, alors que les petites causes seront gardées par les chefs subalternes.

Le modèle de Jethro sera repris tant par l’Empire romain que par les monarchies chrétiennes occidentales. Un roi représentant de Dieu sur terre, organisant les activités de ses sujets et en dessous une pyramide hiérarchique de représentant du roi chargé de mettre en œuvre sa politique et de la gestion des petits litiges.

b. Le conseil des soixante-dix anciens.

A une autre époque, Yahvé viendra compléter son système politique, en proposant l’instauration d’un conseil des soixante-dix anciens. La scène se trouve décrite dans le livre des Nombres.

« Yahvé dit à Moïse : « Assemble-moi soixante-dix hommes des anciens d’Israël, que tu connais pour être anciens du peuple et préposés sur lui ; amène-les à la tente de réunion et qu’ils se tiennent là avec toi. Je descendrai et je te parlerai là ; je prendrai de l’esprit qui est sur toi et je le mettrai sur eux, afin qu’ils portent avec toi la charge du peuple, et tu ne la porteras plus toi seul. (…) Moïse sortit et rapporta au peuple les paroles de Yahvé, et il assembla soixante-dix hommes des anciens du peuple et les plaça autour de la tente. Yahvé descendit dans la nuée et parla à Moïse ; il prit de l’esprit qui était sur lui et le mit sur les soixante-dix anciens ; et, dès que l’esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent ; mais ils ne continuèrent pas. » (Nombre, XI : 16-17 ; 24-25).

Yahvé demanda à Moïse de réunir une assemblée de soixante-dix hommes pour l’assister dans son travail. Ces hommes recevront le Saint-Esprit dans leurs corps afin de les aider dans leurs fonctions. Ce conseil des sages ou des anciens se trouvait uniquement auprès de Moïse. Il n’y a pas de conseil auprès des différents représentants de degrés inférieurs.

3 : Le gouvernement arbitral trinitaire.

Saint-Yves d’Alveyre va reprendre les deux passages de l’Ancien Testament pour créer sa théorie de la synarchie. Une lecture partiale et erronée de l’Ancien testament.

« Dans la Mission actuelle des Souverains, j’ai voulu démontrer que l’État social-chrétien tend vers une Constitution unitaire, ayant trois Pouvoirs Arbitraux comme organisme typique, et j’ai donné à cet organisme le nom de Synarchie qui signifie : « avec principes ».

Ce nom est exactement le contraire de celui d’Anarchie, « sans principes », qui caractérise l’état du Gouvernement Général de l’Europe, principalement depuis l’an 1648. » (Saint-Yves d’Alveyre, Mission des Juifs, tome I, p. 11).

Le terme synarchie viendrait de deux mots grecs, « syn » (avec) et « arkhé » (principe, pouvoir, commandement). Synarchie serait donc « avec commandement« . La synarchie s’opposerait à l’anarchie, qui signifie « sans commandement« .

« Et j’agis ainsi, parce que je leur démontre, appuyé sur l’Histoire du Monde et sur la leur, que la Synarchie, le Gouvernement Arbitral, trinitaire, tire des profondeurs de l’initiation de Moïse et de Jésus est la Promesse même des Israëlites, comme la nôtre, et le triomphe même d’Israël par la Chrétienté. » (Saint-Yves d’Alveyre, Mission des Juifs, tome I, p. 13).

La synarchie serait donc, selon Saint-Yves, un gouvernement unitaire, se déclinant en trois pouvoirs d’arbitrages. Il parle de gouvernement arbitral trinitaire dont on a du mal à comprendre le lien avec l’enseignement de Jethro, puisqu’il n’est question ni de trois pouvoirs, ni d’arbitrage. Saint-Yves mélange le système du gouvernement de Jethro avec la tripartition fonctionnelle de la société mis en évidence par George Dumézil dans ses trois livres « mythe et épopée« .

Dans son livre « Mission actuelle des souverains« , Saint-Yves distingue trois pouvoirs :

  • le pouvoir enseignant.
  • le pouvoir juridique.
  • le pouvoir économique.

Pour Dumezil, dans les sociétés indo-européenne, les individus se répartiraient en trois fonctions :

  • la fonction sacerdotale,
  • la fonction militaire,
  • la fonction de production.

Les trois pouvoirs de Saint-Yves correspondent aux trois fonctions traditionnelles (prêtres, militaires et productions). Le Le pouvoir militaire va disparaître chez Saint-Yves d’Alveyre au profit du pouvoir judiciaire. D’ailleurs, chose étrange, en France, l’armée a presque toujours été la cible des attaques de la synarchie. On détruit l’armée, car c’est le deuxième ordre de l’Ancien Régime pour le remplacer par la police et la justice. Une tendance lourde que l’on observe en cette fin de Cinquième république. Ce n’est pas le fruit du hasard. Saint-Yves se cache derrière nos hommes politiques.

Saint-Yves d’Alveyre va mélanger les deux pour former son système synarchique.

« Ce Gouvernement synarchique a, pour première institution, le Conseil de Dieu, ou le Sacerdoce, représentant la totalité de l’Enseignement.

Ensuite, vient le Conseil des Dieux ou des Initiés laïques, exerçant la magistrature, le Pouvoir proprement dit.

Enfin, dans chaque tribu, vient le Conseil des anciens, exerçant l’administration et la petite Magistrature locales. » (Saint-Yves d’Alveyre, Mission des Juifs, tome I, p. 18).

Saint-Yves d’Alveyre distingue trois pouvoirs différents :

  • Le Conseil de Dieu (au singulier), c’est-à-dire le Sacerdoce (a).
  • Le Conseil des Dieux (au pluriel) ou des Initiés laïques qui exerce la magistrature (b).
  • Dans chaque tribu un Conseil des anciens (c).
1Conseil de Dieu.Sacerdoce.
2Conseil des Dieux.Magistrature.
3Conseil des anciens.Magistrature locale.
a. Le conseil de Dieu.

Le Conseil de Dieu, c’est le lien particulier de Moïse avec Yahvé. Il reçoit ordres et lois pour ensuite les transmettre au peuple.

Nous avons une fonction simple et très importante. Le chef qui joue le rôle d’intermédiaire entre Dieu et le peuple. Dans le catholicisme politique, c’est le rôle du roi. Il faut distinguer entre le glaive temporel et le glaive spirituel. Le pape est dépositaire du glaive spirituel alors que le roi détient le glaive temporel. Nous retrouvons cette distinction essentielle, entre pouvoir temporel et spirituel, chez Moïse. Moïse s’occupe du pouvoir temporel et son frère Aaron se voit déléguer le pouvoir spirituel. Nous avons la même division entre Samuel d’un côté et les rois Saül et David.

Cet aspect pourtant essentiel disparaît chez Saint-Yves. Le spirituel et le temporel se trouvent confondus sur une seule et même personne, le chef. Bien comprendre, cet aspect essentiel. Il y a confusion du religieux et du politique au profit d’une seule personne qui joue le rôle d’homme politique et de chef religieux à la fois.

C’est la porte ouverte a toute les dérives. Pour bien comprendre l’aspect délétère de la confusion des fonctions religieuse et politique, il faut expliquer que la théorie des deux glaives n’est efficace que si elle est doublée du pouvoir des clefs dont dispose le pouvoir spirituel.

Le pouvoir des clefs a été donné par le Christ à Saint-Pierre et à ses héritiers.

« Jésus lui répondit :  » Tu es heureux, Simon, fils de Jean, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. Et moi je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.  » Alors il défendit à ses disciples de dire à personne qu’il était le Christ. » (Mathieu, XVI : 17-19)

Le pouvoir des clefs permet au chef religieux, donc le Pape, de lier et de délier les compétences politiques des rois. C’est le pouvoir d’excommunication des rois et des empereurs lorsque ceux-ci ne respect pas la volonté de Dieu. Une fois l’excommunication prononcée, les sujets sont déliés de l’obligation d’obéissance au souverain. C’est une sorte de contre-pouvoir en cas d’abus du roi. Avec la confusion des deux fonctions entre les mains d’un seul homme, il n’y a plus de limites à la volonté du roi. En revanche, il peut lier le roi ou l’empereur par le sacre.

En résumé :

  • Pouvoir de lier : sacre des rois et des empereurs. Entraine l’obéissance des sujets.
  • Pouvoir de délier : excommunication. Entraine la désobéissance des sujets.

Ce système a fonctionné durant des siècles sans aucun problème. C’est le seul qui est efficace pour empêcher un abus de pouvoir du pouvoir temporel. C’est pour cela qu’à la fin des temps, le grand Monarque sera accompagné du Grand Pape. Il faut restaurer les deux pouvoirs dans leur intégralité, les deux glaives et les clefs, sans quoi nous serions condamnés à revivre les mêmes errances à plus ou moins brèves échéances.

b. Le conseil des Dieux.

Le Conseil des Dieux se rapporte au conseil des soixante-dix sages que devait choisir Moïse pour l’assister dans ses tâches judiciaires.

La encore Saint-Yves d’Alveyre déforme la pensée mosaïque. Il déclare que ce conseil devra se composer d’initiés laïcs. Il pense aux anciens élèves issus des grandes écoles, comme lui, ou des hauts fonctionnaires (Conseil d’Etat, inspection des finances). Pour lui, ces gens-là sont la quintessence de l’intelligence et de la sagesse, alors que justement, ils n’ont ni la sagesse, ni l’intelligence, ni surtout le respect des valeurs religieuses qui pourraient les placer au-dessus des hommes ordinaires. C’est l’exact contraire de la volonté de Yahvé. Dieu demande à Moïse de mettre à ses côtés l’élite intellectuelle et morale de son peuple.

c. Le conseil des Anciens de chaque tribu.

Le conseil des Anciens de chaque tribu concerne les chefs de millier, de centaines, de cinquantaines et de dizaines.

Pour Saint-Yves, ce sont les agriculteurs, les industriels et les commerçants comme dans la troisième fonction de Dumézil, celle des producteurs. On peut s’étonner d’une telle lecture. Il n’est nullement question de commerce ou de production, chez Moïse. Attention, lorsque Saint-Yves parle d’agriculteurs, d’industriels ou de commerçants, il ne parle pas des gueux, de la France d’en-bas, mais uniquement du patronat. Dans ce modèle, le salarié, le petit peuple n’a pas sa place. Ce qui nous éloigne de plus en plus du modèle tripartite.

Dans les sociétés traditionnelles, par exemple dans la France du Moyen-âge et de l’Ancien Régime, comme nous l’avons déjà vu, nous avons trois ordres : clergé (pouvoir spirituel), noblesse (armée) et tiers états (production).

Avec la Révolution de 1789, les trois ordres vont disparaître au profit d’une lutte des classes entre bourgeoisie et prolétariat. La lutte des classes née dans la pensée des libéraux (Adam Smith, David Ricardo) est propre aux sociétés capitalistes. Je ne suis ni capitaliste, ni libéral, mais en revanche, je suis un fils de prolétaire, prolétaire lui-même. Je constate tous les jours que cette guerre existe et je la déplore. A titre personnel, je préférerait une société avec trois ordres.

Saint-Yves d’Alveyre va vouloir mettre fin à cette lutte des classes destructrices et engager une collaboration de classe. Il évoque la question dans sa « mission des ouvriers« .

Il va proposer l’association du travail et du capital sur de longues pages d’une incroyable modernité. Des conceptions qui ont été repris en long, en large, et même en travers par l’extrême gauche, la gauche, la droite, et même à l’extrême droite. Jamais une idée aura eu une telle influence sur la vie politique. Elle est la marque de fabrique de la synarchie. La collaboration doit être permise par une sorte « d’autorité spirituelle » qui va avoir suffisamment de force pour l’imposer aux deux camps. Ce rôle va être joué par le conseil des Dieux.

La collaboration de classe, c’est l’arme de guerre de la haute finance et des trusts, pour parler comme Jacques Benoist-Méchin. Celui qui détient les moyens de production reste supérieur au prolétariat. De plus, l’arbitre proposé par Saint-Yves est issu de la grande bourgeoisie. Il fait partie d’un camp, il n’est pas neutre. A chaque fois que la collaboration de classe a été mise en œuvre, elle s’est accompagné d’un effondrement des droits sociaux des ouvriers et une exploitation plus grande. Elle ne fonctionne jamais.

La meilleure solution reste le rétablissement des trois ordres traditionnels. J’ai écouté une émission sur radio Athéna présenté par Henry de Lesquen. A juste titre, ce dernier expliquait que les trois ordres n’ont pas disparu. Il y a toujours des ouvriers et des petits patrons, une église catholique et une armée. Il n’y aura plus de lutte des classes, car les ouvriers et les petits patrons seront au centre de la société via le troisième ordre.

B : Le martinisme.

Saint-Yves d’Alveyre va créer l’ordre martiniste, en 1889, qui se trouve être la synthèse de l’illuminisme (1) et des élus Coens (2). Cela va bien montrer le vrai visage du maître à penser de nos élites républicaines.

1 : L’illuminisme.

L’illuminisme est un mouvement religieux très ancien qui pense que Dieu, par une illumination intérieure va directement communiquer avec certains hommes.

Je sais, vous vous dites, ce Chaulveron, il débloque. Il parle des illuminatis, bientôt il va nous sortir les petits gris, les reptiliens ou la terre plate. On m’a déjà sorti ce genre d’ineptie dans un commentaire sur un autre article. L’intéressé se reconnaîtra sans doute. C’est le résultat de l’effondrement de l’enseignement scolaire, de l’écroulement du niveau de l’intelligence, de la montée de l’inculture de masse.

Au-delà du dénigrement habituel, les illuminés ont existé. Il faut revenir à l’origine historique du mouvement. L’erreur traditionnelle souvent commise de nos jours est de ne parler que des illuminés de Bavière (d), alors que le mouvement est beaucoup plus ancien. Il remonte a l’Espagne de la fin du XVe siècle (a), puis se retrouve en France chez les Guérinets (b) et les illuminés d’Avignon (c).

a. Les alumbrados.

Les Alumbrados apparaissent en Espagne, en 1492, au moment de l’inquisition espagnole. Ils vont se regrouper autour de « la beata de Piedrahita » (la bienheureuse de Piedrahita).

Le terme beata vient du latin « beatus« , ce qui signifie « béat« , « fortuné« , « heureux » ou « chanceux« . Beata est le troisième état lors d’un procès de béatification. Beata fut utilisé en Espagne pour évoquer la grande dévotion religieuse de certaines personnes. La notion de beata , en elle-même n’est donc pas nécessairement négative.

Mais dans le cadre des Alumbrados, la beata est très différente de l’acceptation traditionnelle. Elle va recevoir des messages directement de Dieu et les transmettre ensuite à ses adeptes, en dehors de la hiérarchie religieuse ordinaire.

La beata de Piedrahita prétendait parler avec la sainte-Vierge et le Christ. Mieux elle disait être l’épouse de Jésus. Elle fréquenta la cour royale de Ferdinand II d’Aragon ou celle du duc d’Alba. La beata passa devant le tribunal de l’inquisition, en 1511, mais échappa à une sanction importante en raison de ses puissantes protections.

D’autres groupes d’alumbrados vont se réunir dans à l’intérieur de couvents, dans de petites localités du centre de la Castille, comme à Pastrana à proximité de Guadalajara ou à Escalona vers Tolède.

A Guadalajara, les alumbrados se réuniront autour de la beata Isabel de la Cruz. Une femme née dans le judaïsme, puis convertie de force au Catholicisme, lors de l’inquisition. On parlait alors de Nouveau chrétien ou de conversos. Elle aurait vécu un certain nombre d’expériences mystiques depuis son enfance. Elle sera poursuivie devant l’inquisition en 1519, sans que son cas, n’attire l’attention. Ses adeptes prenant de plus en plus d’ampleur, elle sera de nouveau menée devant le tribunal de l’inquisition, en 1524, puis condamné à la prison à vie en 1529. Toutefois, le combat des alumbrados sera repris par l’un de ses disciples, Pedro Luis de Alcaraz, un autre Juif converti. Il fut lui aussi emprisonné par le tribunal de l’inquisition. Le groupe de Guadalajara était protégé par le marquis de Villena.

Le 23 septembre 1525, vis la publication d’un très important édit de Tolède par le grand inquisiteur Alonso Manrique qui dénonça quarante-huit proposition alumbrados comme hérétiques. Il considérait que ces propositions étaient dues à l’intervention du « diable » (demonio), lequel aurait insufflé aux adeptes des « pensées diaboliques« . La condamnation sera reprise par l’édit de Séville de 1623.

En 1527, Ignace de Loyola fut poursuivi devant le même tribunal, alors qu’il n’était qu’étudiant à Salamanque. On le soupçonna d’être un alumbrado. Il écopa seulement d’une remontrance.

Ignace dans son armure, dans un tableau du 16ème siècle

Par la suite, Ignace de Loyola fonda l’ordre des jésuites. Un ordre religieux, qui, de manière très étrange, se trouve souvent associé aux ennemis du catholicisme. Nous y reviendrons au sujet des illuminés de Bavière.

b. Les illuminés de Picardie.

Les illuminés de Picardie vont reprendre les idées des alumbrados. Certains on même soutenu que les alumbrados ayant été chassé d’Espagne par l’inquisition, sont venus se réfugier en Picardie en passant par les pays-Bas espagnols. Ils vont se réunir autour du curé de la paroisse de Saint-Georges de Roye, Pierre Guérin (1596-1654) d’où le surnom de Guerinet.

Après une dénonciation du Père Joseph, Richelieu va faire arrêter deux fois le Père Guérin, en 1630 et 1634. Il sera innocenté et libéré à chaque fois.

c. Les illuminés d’Avignon.

Les illuminés d’Avignon furent créés en 1784 à Avignon par un ancien moine bénédictin, Antoine Joseph de Pernety. Il fondera d’abord les illuminés de Berlin en Prusse, au côté de Frédéric II, qui finit par le renvoyer de son royaume. Il retourna en France, à Avignon, pour y créer un groupe d’illuminés auprès du marquis de Vaucroze. Les réunions se déroulaient dans sa demeure à Bédarrides qui prendra le nom de « demeure du mont Thabor ».

Pernety se passionna pour l’alchimie et la doctrine d’Emmanuel Swedenborg dont l’objectif était d’ouvrir l’âme afin de s’élever. En retour, il prétendit recevoir des révélations divines. Elle prendra la forme d’une société maçonnique qui comprenait six grades.

d. Les illuminés de Bavière.

L’ordre des illuminés de Bavière fut fondé le 1er mai 1776 par Adam Weishaupt, professeur à l’université d’Ingolstadt en Bavière. Cette université était alors dominée par les jésuites.

Voici ce que dit Renée Le Forestier sur les liens entre les illuminés de Bavière et les jésuites.

« Grâce au rapport régulier de sa police occulte, l’Ordre se trouve armé pour la lutte, mais il est difficile de discerner ce que la perfection morale de ses membres pouvait gagner à ce genre d’occupation proclamés, l’emploi méthodique de pratiques avilissantes, s’expliquant par le but secret que poursuivait la Société. On leur a cherché une autre cause : l’influence jésuitique. Ceux des historiens qui, tout en blâmant certains procédés de l’Ordre des Illuminés, sont favorables à ses tendances, rejettent la responsabilité de l’aberration morale qui avait introduit dans son système d’éducation le mensonge, la délation et l’espionnage, sur les premiers maîtres de Weishaupt dont les maximes détestables auraient pour toujours faussé son sens éthique. (…) Même en admettant ce qui aurait besoin d’être démontré, c’est-à-dire que le sens donné vulgairement au mot jésuitisme répond à la réalité des faits et que morale jésuitique signifie absence complète de scrupules, duplicité radicale et recherche du succès à tous prix, il resterait encore à prouver que la politique pratiquée par les chefs de la Société de Jésus était connue des enfants auxquels ils enseignaient le latin et la rhétorique, ou bien que l’atmosphère viciée que l’on respirait dans leurs collèges corrompait fatalement les esprits les plus fermes et les plus droits. » (René Le Forestier, Les illuminés de Bavière et la franc-maçonnerie allemande, p. 96-97).

L’ordre fut conçu, au départ, comme une école qui permettrait de transmettre des connaissances scientifiques. Les membres des illuminés de Bavière vont infiltrer diverses loges maçonniques.

Le 22 juin 1784, l’électeur de Bavière, Charles Théodore fera interdire toutes les sociétés secrètes sur son territoire. Cela concerne les illuminés et de manière plus générale la franc-maçonnerie. En février 1785, Weishaupt sera révoqué de son poste de professeur d’université et banni de Bavière. Il se réfugiera à Gotha auprès du duc de Saxe, Frédéric-Auguste III que Napoléon fera roi de Saxe.

Joseph de Maistre, dans son livre « les soirées de Pétersbourg » dit avoir beaucoup rencontré d’illuminé allemand (donc de Bavière) dans les loges françaises et les accuses d’être contre le catholicisme.

« J’espère, mon cher sénateur, que vous ne m’accuserez pas de parler des illuminés sans les connaître. Je les ai beaucoup vus ; j’ai copié leurs écrits de ma propre main. Ces hommes, parmi lesquels j’ai eu des amis, m’ont souvent édifié, souvent, ils m’ont amusé… et souvent aussi, mais je ne veux point me rappeler certaines choses. Je cherche au contraire à ne voir que les côtés favorables. Je vous ai dit plus d’une fois que cette secte peut être utile dans les pays séparés de l’Eglise, parce qu’elle maintient le sentiment religieux, accoutume l’esprit au dogme, le soustrait à l’action délétère de la réforme, qui n’a plus de bornes, et le prépare pour la réunion. Je me rappelle même souvent avec la plus profonde satisfaction que, parmi les illuminés protestans que j’ai connus en assez grand nombre, je n’ai jamais rencontré une certaine aigreur qui devrait être exprimée par un nom particulier, parce qu’elle ne ressemble à aucun autre sentiment de cet ordre : au contraire, je n’ai trouvé chez eux que bonté, douceur et piété même, j’entends à leur manière. » (Joseph de Maistre, Les soirée de Saint-Pétersbourg, Tome II, Onzième entretien, p. 305-306).

L’illuminisme, depuis le XVIe siècle, va s’opposer au catholicisme et surtout à la hiérarchie de l’Eglise, à ses dogmes. Ce refus va très loin, car les illuminés refusent les formes de piétés traditionnelles perçues comme des actes voulus par l’Eglise et dans son intérêt. Les actes de piétés concernent la dévotion, la miséricorde et la charité.

Pour eux, Dieu dicte ses volontés directement aux fidèles par l’intermédiaire du Saint-Esprit. Ils ne peuvent donc pas commettre de pêchés. C’est un point fondamental de la synarchie. On reconnaît un régime synarchiste par le fait que son chef prétend avoir un destin voulu par Dieu. Il communique directement et sans intermédiaire avec une divinité supérieure. Il y a confusion sur sa seule personne des fonctions religieuse et politique. Méfiez-vous toujours des hommes politiques qui vous disent avoir un destin ou qu’une force supérieure dicte leurs actes.

A ce sujet, que ce soit Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron, les trois derniers président de la République étaient persuadé d’avoir un lien particulier avec le ciel comme le montre le très intéressant livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, « Un président ne devrait pas dire ça…« .

« C’est souvent le souci des gens venant de loin, faits de peu, il leur faut prouver toujours plus que les autres, s’attacher aux moindres détails, ne rien laisser au hasard. François Hollande, dont on brocarde parfois le manque de cohérence politique, n’a jamais oublié ses débuts, son parcours balisé et chanceux à la fois. « Je ne me suis pas mis dans l’idée d’être candidat à une élection présidentielle dès mon plus jeune âge, ce n’est pas vrai. Je me suis mis dans l’idée de faire de la politique dès mon plus jeune âge, en me disant : on verra bien ce que la vie me réservera… », assure-t-il.

Confier sa destinée à une sorte de gouvernance céleste, en quelque sorte. Puis faire confiance à son intelligence aiguë, son sens de la conciliation, sa placidité rassurante. Croire en soi-même, tout simplement.

Il existe une étoile Hollande, là-haut.

(…)

Aquilino Morelle nous avait prévenus, dès le début de l’année 2012. Attablé au Flore, il nous confia ceci : « François a toujours su qu’il était le meilleur, qu’il y avait une petite étoile, pour lui. » (Davet et Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça, prologue, l’étoile).

Une telle confiance dans son étoile pour un homme aussi banal laisse rêveur. Cela frôle le surnaturel. Il en est de même pour Macron.

« Les codes, Macron met un point d’honneur à les ignorer. Pour accomplir ce qu’il imagine être son destin, il est prêt à le forcer. Quitte à renier sa famille politique. Jusqu’à tuer le père. » (Davet et Lhomme, un président ne devrait pas dire ça…, IV les autres, 5 la créature).

Dans le roman, « les possédés« , les deux chefs de la cellule révolutionnaire, Verkhovski et Stavroguine, vont discuter du destin messianique de l’un d’eux.

« Les esclaves doivent avoir des chefs. Une obéissance absolue, une impersonnalité absolue. (…) Vous savez, j’ai pensé à abandonner le monde au pape. Qu’il sorte nu-pieds et qu’il se montre à la plèbe : « voilà à quoi on m’a réduit ! » Et tout se précipitera en foule derrière lui, même l’armée. Le pape en haut, nous autour et au-dessous de nous le chigaliévisme. Il faut seulement que l’internationale accepte le pape. (…) Le pape sera à l’occident, et chez nous, il y aura vous ! » (Fiodor Dostoïevski, les possédés, livre de poche, p. 516).

Et puis viens le moment clef du roman, celui où Verkhovski annonce qu’il veut faire de Stavroguine un tsar envoyé par Dieu pour sauver la Russie de la destruction :

« – Ce sera un vacillement comme le monde n’en a jamais encore vu… La Russie s’enténébrera, la terre pleurera ses anciens dieux… et c’est alors que nous lancerons… qui ?

– Qui ?

– Le tsarévitch Ivan.

– Qui-i ?

– Le tsarévitch Ivan ; vous, vous !

Stavroguine réfléchit un instant.

– Un imposteur ? demanda-t-il soudain en regardant le forcené avec une profonde surprise. Eh, le voilà donc enfin votre plan !

– nous dirons qu’il « se cache », dit Verkhovenski doucement, dans une sorte de murmure amoureux, comme s’il était, en effet, ivre. Savez-vous ce que signifie ce mot : « il se cache » ? Mais il paraîtra. Nous lancerons une légende mieux que les Skoptsy. Il existe, mais personne ne l’a vu. Ho quelle légende on peut lancer ! Et surtout, une force nouvelle vient. Or, c’est elle qu’il faut, c’est après elle qu’on pleure. Qu’est-ce qu’il y a en effet dans le socialisme ? Il a détruit les anciennes forces et il n’en a pas apporté de nouvelles. Tandis que là il y a une force, et quelle force encore, inouïe ! Que nous ayons une seule fois le levier en main et nous soulèverons la terre. Tout se soulèvera ! » (Fiodor Dostoïevski, les possédés, livre de poche, p. 520-521).

Le tsarévitch Ivan, c’est le Grand Monarque version russe. C’est le tsar endormi qui hante toute la vie politique russe depuis cinq siècle. Je n’en dirais pas plus sur ce sujet que j’ai traité dans la deuxième version de mon livre « Le prophète Daniel et la fin des temps« .

Le pape pour l’occident et le tsarevitch Ivan pour la Russie. La première fois où j’ai lu ce passage, le livre m’est tombé des mains. C’est bien sûr le Grand pape et le Grand Monarque de la fin des temps. Sauf que là, le personnage du roman propose de créer un faux Tsarévitstitch Ivan pour prendre le pouvoir à la place du vrai. Il propose une substitution. Verkhovenski a compris le puissant ressort psychologique que peuvent susciter les mythes populaires, surtout dans les périodes de troubles.

Nous avons-là, la meilleure expression de l’illuminisme. Nous voyons la relation privilégiée qui existe entre Dieu et certains hommes. Une fausse relation qui a pour objectif de tromper le peuple. On le ressent très bien dans le roman de Dostoïevski.

L’illuminisme va se transmettre jusqu’à nos jours par l’intermédiaire des élus Coens et le martinisme.

2 : Les élus Coens.

Les élus Coens, font partie du mouvement illuministe, ils ont été fondés par Martinès de Pasqualy (1715-1774) puis continués par Claude de saint-Martin (1743-1803), qui donnèrent ensuite leurs noms au martinisme. Martinès de Pasqualy était un Juif portugais qui fut initié à la franc-maçonnerie en 1761.

René le Forestier dans son livre sur « les élus Coens » montre l’importance de Martinès de Pasqualy dans la fondation de l’ordre.

« Jamais peut être entreprise ne fut aussi exclusivement l’œuvre d’un homme. Le Grand Souverain des Elus Coens a été l’unique moteur de l’organisme qu’il avait créé ; il en fut à la fois le cerveau qui pense et envoie des ordres aux centres nerveux, le cœur dont les pulsations lancent dans les artères le sang vivifiant. La Société n’a réellement vécu que pendant les quelques années où il tint la barre. Dès qu’il se fut éloigné, elle tomba en langueur pour bientôt s’éteindre. » (René Le Forestier, Les élus Coens, p.420).

Les élus Coens donneront naissance au martinisme.

« Les erreurs qui ont eu longtemps cours sur les théories mystiques et l’importance numérique des Elus Coens proviennent surtout de la double confusion qui s’est établie dans l’esprit des contemporains d’une part entre Pasqually et Saint-Martin, par suite de la ressemblance existant entre le prénom du maître et le patronyme de son célèbre disciple, d’autre part entre l’activité maçonnique de Wilermoz et l’apostolat écrit et oral du Philosophe Inconnu, dont la première et éclatante manifestation fut la publication du traité « Des erreurs et de la Vérité ». » (René Le Forestier, Les élus Coens, p. 525).

Les élus Coens vont puiser leurs racines dans le Judaïsme (a) et dans la franc-maçonnerie (b) poussant à leur aboutissement les idées des illuminées en y intégrant les sciences occultes (c).

a. Les sources dans le judaïsme.

Les élus Coens ont choisi leurs noms en référence au judaïsme de l’Ancien testament. Les Coens ou Cohen faisaient partie de la caste des Cohanim, une caste sacerdotale. Elle avait pour fonction d’assurer le service divin du Temple de Jérusalem à l’époque de Salomon. Ils étaient choisis parmi la tribu des Levy. Les Cohen étaient placés sous l’autorité du Cohen Gadol, le grand-prêtre, seule habilité à parler avec Dieu dans le saint des saints. Les Cohen étaient l’équivalent des prêtres et des évêques du catholicisme puisqu’il communique avec Dieu via les sacrements et l’eucharistie. A l’inverse, les Rabbins du judaïsme talmudique ne communiquent plus avec Dieu, ils sont justes des docteurs qui interprètent les textes sacrés. Il est clair, pour moi, que les Cohen qui disparaîtront avec la destruction du second temple en 70 après Jésus-Christ ont été remplacé par les prêtres chrétiens.

Le premier Cohen Gadol fut Aaron, le frère de Moïse.

« Fais venir auprès de toi Aaron ton frère, et ses fils avec lui, du milieu des enfants d’Israël, pour qu’il soit prêtre à mon service : Aaron, Nadab, Abiu, Eléazar et Ithamar, fils d’Aaron. Tu feras à Aaron, ton frère, des vêtements sacrés, pour marquer sa dignité et pour lui servir de parure. Tu t’adresseras à tous les hommes habiles que j’ai remplis d’un esprit de sagesse, et ils feront les vêtements d’Aaron, afin qu’il soit consacré pour qu’il exerce mon sacerdoce. » (Exode, XXVIII : 1-3).

Les Cohen Gadol prétendaient être les dépositaires, par tradition orale secrètes, transmise dans la famille de génération en génération. La succession des grands-prêtres devait se faire selon des règles de succession classique à l’intérieur de la famille.

« Le prêtre ayant reçu l’onction, qui lui succédera d’entre ses fils, fera aussi cette oblation : c’est une loi perpétuelle devant Yahvé. » (Lévitique, VI : 15)

Les Cohen dans le nouveau judaïsme talmudique, considéraient être les dépositaires de vérités secrètes données oralement à Moïse, puis transmis par celui-ci à Aaron, c’est, une partie de cette tradition orale qui fut reprise dans le Talmud ou dans la kabbale.

Les élus Coens vont reprendre cette idée en se considérant comme dépositaire de se savoir secret dont la connaissance était uniquement réservée à une élite d’initié.

La tenue des élus Coen va reprendre celle des Cohanim telle que décrite dans l’Ancien testament (Exode XXVIII).

b. Lien avec la franc-maçonnerie.

L’ordre des élus Coen a pris la forme d’un rite maçonnique selon le livre de René Forestier sur les élus Coens.

« L’imitation des formules, des thèmes et des usages familiers à la maçonnerie est flagrante dans la correspondance des Elus Coens, dans la Réintégration et dans le rituel des opérations. » (René Le Forestier, Les élus Coens, p.336).

Joseph de Maistre dans ses « soirée de Saint-Pétersbourg » raconte avoir beaucoup rencontré d’élus Coens dans les loges maçonniques. Elus Coens qu’ils appellent « illuminés « , car ils sont simplement une forme d’illuminisme parmi d’autres.

« Vous avez donc décidément peur des illuminés, mon cher ami ! Mais je ne crois pas, à mon tour, être trop exigeant si je demande humblement que les mots soient définis, et qu’on ait enfin l’extrême bonté de nous dire ce que c’est qu’un illuminé, afin qu’on sache de qui et de quoi l’on parle, ce qui ne laisse pas que d’être utile dans une discussion. On donne ce nom d’illuminés à ces hommes coupables, qui osèrent de nos jours concevoir, et même organiser en Allemagne, par la plus criminelle association, l’affreux projet d’éteindre en Europe le christianisme et la souveraineté. On donne ce même nom au disciple vertueux de saint Martin, qui ne professe pas seulement le christianisme, mais qui ne travaille qu’à s’élever aux plus sublimes hauteurs de cette loi divine » (Joseph de Maistre, Les soirée de Saint-Pétersbourg, Tome II, Onzième entretien, p. 276-277).

Il fait d’ailleurs le lien entre l’illuminisme et les adeptes de Saint-Martin, ce qui montre sans ambiguïté possible que les illuminés dont ils parlent sont des élus Coens.

« En premier lieu, je ne dis pas que tout illuminé soit franc-maçon : je dis seulement que tous ceux que j’ai connus, en France surtout, l’étaient ; leur dogme fondamental est que le christianisme, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’est qu’une véritable loge-bleue faite pour le vulgaire ; mais qu’il dépend de l’homme de désir de s’élever de grade en grade jusqu’aux connaissances sublimes, telles que les possédaient les premiers chrétiens qui étaient de véritables initiés. C’est ce que certains Allemands ont appelé le christianisme transcendental. Cette doctrine est un mélange de platonisme, d’origénianisme et de philosophie hermétique, sur une base chrétienne.

Les connaissances surnaturelles sont le grand but de leurs travaux et de leurs espérances ; ils ne doutent point qu’il ne soit possible à l’homme de se mettre en communication avec le monde spirituel, d’avoir un commerce avec les esprits et de découvrir ainsi les plus rares mystères.

Leur coutume invariable est de donner des noms extraordinaires aux choses les plus connues sous des noms consacrés : ainsi un homme pour eux est un mineur, et sa naissance, émancipation. Le péché originel s’appelle le crime primitif : les actes de la puissance divine ou de ses agens dans l’univers s’appellent des bénédictions, et les peines infligées aux coupables, des pâtimens. Souvent je les ai tenus moi-même en pâtiment, lorsqu’il m’arrivait de leur soutenir que tout ce qu’ils disaient de vrai n’était que le catéchisme couvert de mots étranges.

J’ai eu l’occasion de me convaincre, il y a plus de trente ans, dans une grande ville de France, qu’une certaine classe de ces illuminés avait des grades supérieurs inconnus aux initiés admis à leurs assemblées ordinaires ; qu’ils avaient même un culte et des prêtres qu’ils nommaient du nom hébreu cohen.

Ce n’est pas au reste qu’il ne puisse y avoir et qu’il n’y ait réellement dans leurs ouvrages des choses vraies, raisonnables et touchantes, mais qui sont trop rachetées parce qu’ils y ont mêlé de faux et de dangereux, surtout à cause de leur aversion pour toute autorité et hiérarchie sacerdotales. Ce caractère est général parmi eux : jamais je n’y ai rencontré d’exception parfaite parmi les nombreux adeptes que j’ai connus.

Le plus instruit, le plus sage et le plus élégant des théosophes modernes, Saint-Martin, dont les ouvrages furent le code des hommes dont je parle, participait cependant à ce caractère général. Il est mort sans avoir voulu recevoir un prêtre ; et ses ouvrages présentent la preuve la plus claire qu’il ne croyait point à la légitimité du sacerdoce chrétien. » (Joseph de Maistre, Les soirée de Saint-Pétersbourg, Tome II, Onzième entretien, p. 301-302).

c. Les sciences occultes.

Les élus Coens portent un intérêt aux sciences occultes afin de pouvoir communiquer directement avec « Dieu ». Pour cela, les élus vont mettre en place toute une série de rituel magique que René Le Forestier relate dans le détail dans son livre sur « les élus Coens« . Il faut lire en particulier l’intégralité du chapitre III intitulé « les opérations » (de la page 72 à la page 97). Je ne restituerai pas tous les rituels qui n’ont pas beaucoup d’intérêt. Il montre seulement que ces gens-là sont bien des « illuminés » au sens populaire du terme. René Le Forestier est un universitaire très sérieux qui a fait sa thèse sur l’illuminisme. Il ne fait que restituer ce qu’il a pu lire des propres écrits de Martines de Pasqualy ou de saint-Martin.

Les élus Coens vont particulièrement s’intéresser au magnétisme et à l’électricité. Ce fut le domaine de compétence de Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) en lien avec les recherches d’un Franz Anton Mesmer (1734-1815). Mesmer étudiera à l’université Jésuite de Dillingen avant d’aller à l’université d’Ingolstadt (autre université jésuite). Il élaborera une théorie sur le magnétisme animal en y mêlant des éléments d’astrologie et d’alchimie. Selon lui, le monde minéral est parcouru par des courants d’énergie (magnétisme) dont l’harmonie dans le monde est la garantie de la paix et de la bonne santé. Il soutient que certains humains peuvent guérir les animaux ou les hommes par l’application des mains. Il publiera le résultat de ses recherches, en 1779, dans « Mémoire sur la découverte du magnétisme animal« .

C’est l’époque également où eurent lieu un certain nombre de découvertes concernant l’électricité : le télégraphe électrique, la machine-outil, le bateau à vapeur ou la pile électrique. Des contributions liées aux travaux de Benjamin Franklin, un franc-maçon et un illuministe.

II : La mise en œuvre de la synarchie.

Le rapport Chavin explique que « la cagoule et le mouvement synarchique sont deux aspects d’un seul et même mouvement ». Nous verrons donc dans un premier temps le Mouvement synarchique d’Empire (A) avant d’aborder dans un deuxième temps la cagoule (B).

A : Le Mouvement Synarchique d’Empire (MSE).

Le Mouvement Synarchique d’Empire, simplifié sous l’acronyme de MSE fut crée en 1922 à la suite de la conquête du pouvoir par Benito Mussolini (1) afin de mettre en oeuvre le même programme en France (2).

1 : Naissance de la synarchie moderne (1922).

Benito Mussolini va prendre le pouvoir le 27 octobre 1922 après avoir marché sur Rome. Cette prise du pouvoir va servir de modèle à d’autres organisations du même type en Europe. C’est dans la foulée que va se créer le MSE.

J’ai eu l’occasion d’aborder la question du véritable visage du régime fasciste italien dans le cinquième article de la série sur la stratégie du diable pour la domination du monde.

La synarchie a pour objectif la cartellisation de l’économie. Elle se fait toujours en deux étapes. Dans un premier temps, on détruit volontairement la structure économique d’un pays pour ensuite la reconstruire au profit d’une petite minorité, d’une oligarchie.

C’est justement une crise économique qui va permettre la mise en place d’un système politique totalitaire, en Italie à partir de 1925 ou en Allemagne avec le nazisme en 1933. Il en sera de même en France en 1940. Suivez mon regard pour la crise du COVID de 2020.

Parlons ici uniquement de l’Italie. J’ai développé de manière abondante la synarchie de l’Allemagne nazi dans le cinquième article de la stratégie du diable pour la domination du monde.

Entre 1922 et 1925 ; Benito Mussolini gardera le pouvoir en appliquant une politique libérale traditionnelle. C’est la crise économique de 1929 qui va permettre au régime de s’engager irrémédiablement vers la synarchie.

Le 2 octobre 1925, Mussolini va signer un accord, au palais Vidoni, avec la Confindustria. La Confindustria (Confédération générale de l’industrie italienne) est le syndicat des chefs d’entreprise. C’est le MEDEF italien. Il y a donc un accord entre Mussolini et les grands patrons de l’industrie italienne pour organiser la vie économique du pays. Ils vont décider d’abolir les syndicats ouvriers catholiques et socialistes pour les remplacer par des syndicats contrôlés par les fascistes. Ils vont également limiter le droit de grève, avant que celui-ci ne soit définitivement interdit, le 3 avril 1926. L’accord est d’une grande importance, car il met en évidence la prise de contrôle par le patronat italien du gouvernement.

La population sera embrigadée de la maternelle jusqu’à la mort dans une série d’associations. C’est en ce sens que la synarchie est un régime totalitaire, car il cherche à dominer et à contrôler tous les aspects de la vie des citoyens depuis l’enfance.

Voici ce qu’en dit Mussolini dans son livre « Doctrine du fascisme » :

« Le fascisme est absolument opposé aux doctrines du libéralisme, à la fois dans la sphère politique et dans la sphère économique. » (Benito Mussolini, La doctrine du fascisme).

Mussolini prétend s’opposer aux doctrines libérales. Toutefois, il s’empresse de préciser qu’il ne reviendra au modèle de société d’avant la Révolution et qu’il entend garder les acquis du libéralisme.

« La négation fasciste du socialisme, de la démocratie, du libéralisme, ne doit cependant pas être interprétée comme impliquant un désir de faire reculer le monde vers des positions occupées avant 1789, une année communément appelée celle qui a ouvert le siècle démolibéral. L’histoire ne recule pas. » (Benito Mussolini, La doctrine du fascisme).

Il dit clairement que le nouveau régime fasciste veut diriger le pays par des institutions dites corporatistes.

« L’État fasciste veut gouverner dans le domaine économique pas moins que dans les autres ; cela fait que son action, ressentie à travers le pays de long en large par le moyen de ses institutions corporatives, sociales et éducatives, et de toutes les forces de la nation, politiques, économiques et spirituelles, organisées dans leurs associations respectives, circule au sein de l’État. » (Benito Mussolini, la doctrine du fascisme).

Pour cela, Benito Mussolini va engager une politique dirigiste de grands travaux et la constitution de grand monopole industrielle. En 1933, fût crée la STET (Società Torinese per l’Esercizio Telefonico : Société Turinoise de téléphonie) en 1933, la FINMARE pour le transport maritime, en 1936 ou la FINSIDER, pour la sidérurgie et la construction navale, en 1937.

Il y avait trois holdings par secteur, dirigé par l’IRI (Istituto per la Ricostruzione Industriale). Un organisme contrôlé par plusieurs banques italiennes.

La synarchie est un mouvement de caractère international qui concerna plusieurs pays : l’Italie, l’Allemagne ou la France, mais pas seulement. Nous avons également la Russie soviétique lorsqu’elle décida de mettre en œuvre la NEP, la Nouvelle Economie Politique ou même l’Amérique avec le New Deal de Roosevelt. Après le traité de Versailles, la synarchie fut financée et dirigée par des groupes financiers appartenant à la haute banque internationale, comme nous le verrons ultérieurement. Pensons à la bête de la terre et sa tête bancaire.

La synarchie se propose de renverser les régimes parlementaires jugés insuffisamment dévoués aux intérêts de la haute finance pour les remplacer par des régimes autoritaires concentrés entre les mains d’un ou de plusieurs groupes financiers.

Reprenons la définition de saint-Yves d’Alveyre et en particulier sa division en trois pouvoirs pour l’appliquer à l’Italie :

  • Le conseil de Dieu : c’est le chef qui définit la doctrine du régime et ses grands principes. Dans le fascisme, c’est Benito Mussolini qui se surnomme lui-même le « Duce ».
  • Le Conseil des Dieux : c’est le Grand Conseil du fascisme (gran Consiglio del Fascismo) qui regroupait les hauts dignitaires du parti fasciste.
  • Les conseils des Anciens : ce sont les grands groupes industriels organisés par branches comprenant les grands patrons et les syndicats ouvriers dans le cadre de la collaboration de classe.

2 : La synarchie en France (1922).

Saint-Yves d’Alveydre, en 1889 restaura le martinisme en recrutant ses membres parmi des polytechniciens de son entourage, lui-même ayant fait une partie de sa scolarité à Polytechnique. Le MSE crée par Jean Coutrat va reprendre le même principe en recrutant ses membres au sein des grandes écoles, du monde bancaire, du grand patronat et de celui de la haute fonction publique.

Le fondateur du Mouvement synarchique d’Empire fut Jean Coutrot (1895-1941). Il entra à l’École Polytechnique en 1913 et fut marié à Annette Gaut, héritière de la papeterie Gaut et Blancan. Il est à la confluence des deux aires de recrutement de la synarchie, les grandes écoles et le haut patronat privé. C’est pour cela qu’il fut le chef parfait du MSE.

Photographie anonyme de Jean Coutrot, publiée dans le journal L’Œuvre, le 20 mars 1936.

Le rapport souligne ses multiples voyages en Angleterre et en Suède :

« En 1938 et 1939, il se rendit plusieurs fois en Angleterre et en Suède (d’après J. J. 9 juin 1931). Il fréquentait en Angleterre M. ALDOUS HUXLEY écrivain à tendance pro-nationale-socialiste, il était en relation en Suède avec l’organisation des socialistes suédois dit S. S. S. de même tendance.« 

Aldous Huxley est l’auteur du livre de science-fiction, « le meilleur des mondes ». Ce roman est justement la mise en œuvre de la synarchie à travers une société de classe, entre une élite qui dirige le monde, et une immense masse de gueux relégué en marge de la société. On pourrait d’ailleurs légitimement s’interroger pour savoir si le roman est une œuvre de fiction pour dénoncer une dérive ou un programme politique.

Quoi qu’il en soit, Aldous Huxley et Jean Coutrot fonderont, en 1939, le Centre d’étude des problèmes humains, une association liée au MSE et chargée de fournir des idées dans la mise en œuvre de la synarchie. Feront partie du centre, le prix Nobel de Médecine Alexis Carrel (de l’institut Rockefeller) et l’économiste Alfred Sauvy. Le comité se commettra lourdement avec le régime de Vichy, ce qui entraînera sa dissolution à la libération.

Le but du comité est « l’étude, sous tous ses aspects, des mesures les plus propres à sauvegarder, améliorer et développer la population française dans toutes ses activités. » Selon son article Wikipédia « La Fondation entend initier une nouvelle science de l’homme aux contours très larges : biologie de la lignée, natalité, développement de l’enfance, développement de la jeunesse, habitat, nutrition, biotypologie, psychophysiologie, travail, économie rurale, production, sociologie, économie, finances, droit, assurances ».

D’ailleurs, il faut noter que les comités et autres cercles de réflexion auxquels ne peuvent accéder qu’une élite très restreinte, chargée de réfléchir sur l’avenir de la société est un modèle typiquement synarchiste.

Le MSE créera un très grand nombre de comités, que le rapport Chavin énumère. Il faut citer le très important groupe X-crise qui fut créé en 1932 afin de proposer des solutions à la crise économique de 1929. Il changea de nom en 1934, pour devenir le Centre Polytechnicien d’études économique.

3 : Le pacte synarchique révolutionnaire (1922).

Le rapport Chavin fait état d’un pacte synarchique révolutionnaire qui serait le programme politique de la synarchie.

« Ses buts apparents sont exposés dans un document ronéotypé de plus de 100 pages, format grand in-8° pourvu d’une reliure de grand luxe constituée par un brochage fort de papier doré.

Les buts apparents du MSE.

Le document fondamental énonce les treize points fondamentaux et les 598 propositions de la CSR.« 

Le document, d’abord confidentiel, fut diffusé au grand public, à la libération, par le livre de Geoffroy de Charnay (un pseudonyme).

Il fut également publié par Henry Coston dans un numéro spécial de « lectures françaises » intitulé « Les technocrates et la synarchie« . Remarquable travail, réalisé en 1962. Toutefois, puise-je émettre une critique sur son analyse de la synarchie qu’il réduit un peut trop à la technocratie. La synarchie ce n’est pas seulement la technocratie, mais également les grands patrons et les hautes-finances. C’est aussi un modèle de société messianique.

Il faut étudier son contenu pour bien comprendre le projet du Léviathan dans la crise actuelle. En effet, le document est d’une grande actualité. Il semble être le programme quasi-officiel de la synarchie.

a. La méthode de prise du pouvoir.

Voici ce qu’il dit en introduction (sans doute l’un des passages les plus clair du texte) :

« Ce document est strictement confidentiel et doit le rester durant la phase de révolution invisible.

Il est à la base de la CSR de l’empire français, dont le but est la prise du pouvoir pour l’instauration coûte que coûte d’un régime synarchique approprié.

Notre méthode de révolution invisible et les techniques, stratégie et tactique, de la révolution en ordre dispersé qui en découlent, ont été élaborées pour réduire au possible la violence émeutière ou insurrectionnelle, inévitable quand l’idée atteignant la masse directement se dégrade en passion.

La révolution dans la rue est de deux choses l’une : ou manifestation sporadique du sentiment populaire, ou violence factieuse.

Dans l’un et l’autre cas, elle est un accident anarchique ; elle est la révolution d’en-bas.

Nous réprouvons la révolution dans la rue. Nous tentons de l’éviter partout. Nous faisons la révolution par en-haut.

Nous poursuivons la révolution synarchique dans les consciences avant tout et la propageons dans l’Etat que par surcroit : nous avons donc à la défendre avec soin contre toute publicité prématurée qui rendrait inévitable l’emprise démagogique par de troubles éléments révolutionnaires ou l’utilisation dégradante des principes synarchiques au profit de vains appetit de pouvoir.

D’où, notamment au cours de la période préparatoire, nécessité de l’action secrète menée avec une inflexible patience d’individu à individu.

Cette phase de révolution invisible en ordre dispersé, orientant des associés venus de tous les horizons politiques et de toutes les catégories sociales, sera prolongée autant qu’il le faudra pour que soit atteint le point de cristalisation synarchique du pays.

Au CSC, seul appartient d’en reconnaître le moment après étude de la conjoncture révolutionnaire , vérifiée par de prudents essais d’action à découvert.

Alors seulement l’état de révolution synarchiste sera proclamé, le présent document sera publié et chaque signataire du Pacte pourra à son gré se déclarer tel.

Dans l’attente de cette révolution à découvert au plein soleil de la vie populaire, l’esprit philosophique révolutionnaire et les principes synarchiques, doivent pénétrer partout, la pensée synarchiste se revêtant des formules employées dans le Pacte ou de n’importe quelles autres mieux appropriées à tel milieu ou à tel moment ;

notre réseau de commandes révolutionnaires et d’influences doit être établi ou renforcé dans tous les domaines de la vie collective ;

cependant que le Pacte et l’existence même du Mouvement – à plus forte raison de la CSR – seront en tout état de cause tenus secrets.

La propagande directe dans de telles conditions, imposées par l’état du pays, ne peut être menée que de bouche à oreille et sous réserve probatoire.« 

Le texte présente la méthode de prise de pouvoir de la synarchie. Avant d’évoquer dans le détail cette méthode de prise du pouvoir, le texte va établir une distinction fondamentale entre la révolution d’en-bas et la révolution d’en-haut (Jean-Pierre Rafarin, était-il synarchiste ?). Cette distinction a raisonné d’une étrange actualité au moment des gilets jaunes. C’est le point essentiel du texte, celui qui devrait attirer toute notre attention.

Pour le Pacte synarchique, la révolution d’en-bas, c’est l’émeute populaire, l’émeute insurrectionnelle. Lorsque l’idée révolutionnaire touche la masse, elle se transforme en passion. En gros et pour parler simple, lorsque le gueux du bas veut faire une révolution, il provoque des émeutes générant beaucoup de violence et de destruction. C’est bien connu, le gueux est un barbare, un sauvage. Il n’a pas la culture, l’intelligence et le raffinement de l’élite.

Le pacte synarchiste va préférer utiliser la révolution d’en-haut pour prendre le pouvoir. C’est toujours mieux entre gens de bonne compagnie pour faire une bonne petite révolution de salon en charentaise et en robe de chambre. Là où j’ai vu de l’inculture et de la bêtise, c’est surtout dans la bourgeoisie.

Il faut bien comprendre ce que je dis. La critique de la violence, de l’émeute populaire est le premier indice pour reconnaître un complot synarchique. Je renvoie à mes développements précédents sur la criminalisation du droit à la désobéissance et à l’insurrection du peuple dans l’article précédent sur la bête de la mer.

La révolution d’en-haut, c’est autre chose. Point d’émeute et de violence. Cela ne se passe jamais comme cela entre gens de l’oligarchie… du moins au début. Elle se déroule en deux phases : une phase invisible et une phase visible.

La phase invisible de la révolution vise a empêcher l’intervention des foules dans le processus. Ils veulent éviter l’émeute. La phase invisible est en réalité la préparation de la révolution elle-même. On infiltre les lieux de pouvoir par des hommes favorables à la synarchie, puis on propage les idées de la synarchie par la propagande. C’est lorsque le pouvoir à presque totalement basculé dans la synarchie que l’on entre dans la phase visible.

1ere phase : invisible. Infiltration des lieux de pouvoirs et propagande pour diffuser les idées de la synarchie.

2e phase : visible. Prise du pouvoir par la synarchie.

b. Les treize points et les 598 propositions.

Les treize points ne sont pas très intéressants. Elles sont écrites dans un langage typiquement technocratique incompréhensible pour le commun des mortels. Une obscurité voulue afin de ne pas dévoiler le véritable plan de la synarchie.

En revanche, les 598 propositions sont beaucoup plus intéressantes. Elles comportent de nombreux éléments concrets sur la mise en œuvre du projet et son arrière-plan idéologique. Le rapport Chavin relève deux propositions qui semblent raisonner d’une étrange actualité par rapport à l’actualité.

c. L’anti-parlementarisme.

La proposition n°80 concerne la critique du parlementarisme.

« Le génie de la révolution synarchiste nous dresse également en France contre le parlementarisme, ce pot-pourri politique issu de la Constitution de 1875 :

– régime d’importation étrangère aussi inadaptable aux pays de France que le soviétisme, le fascisme ou le nazisme ;

– régime de représentation amorphe de citoyens abstraits par des élus incompétents ;

– régime non d’idées, mais d’opinions vagues ou sectaires, fabriquées pour des électeurs ignorants de la chose politique par des comités et des meneurs irresponsables ;

– régime de duperie dont le jeu même coupe électeurs et élus des réalités concrètes qu’il s’agirait justement de représenter, d’ordonner et de coordonner ;

– régime de fausse démocratie qui fait de chaque parti, par surenchère électorale, une faction démagogique ;

– régime d’anarchie larvée qui accentue le défaut de civisme du génie français ;

– régime de verbiage idéologique qui obscurcit le sens réaliste du génie français ;

régime de mensonge seulement favorable au règne ou à l’instauration nouvelles d’oligarchies masquées derrière un pseudo-pouvoir partisan (argent ou sectes) ;

– régime de corruption qui détourne au profit de ces coalitions d’intérêts inavouables, argent ou sectes, le seul pouvoir effectif de la bureaucratie irresponsable, impuissante dans tout ce qui peut avoir quelque caractère de grandeur, en dépit des efforts d’une élite de fonctionnaires ;

– régime de parasitisme et de laisser-aller qui a défendu tous les ressorts de l’Etat jusqu’à mettre en péril les destinées françaises ;

– régime d’impéritie gouvernementale et de routine, incapable d’ailleurs de se rénover lui-même, non plus que d’offrir au Peuple les ressources politiques et les instruments civiques nécessaires au redressement révolutionnaire imposé par les bouleversements mondiaux. » (proposition 80)

La proposition n°83 fait la promotion de quatre régimes politiques correspondant aux trois antéchrists : bolchevisme (premier antéchrist), fascisme et nazisme (deuxième antéchrist) et enfin le libéralisme anglo-saxon (troisième antéchrist).

« Par contre, nous reconnaissons que le bolchevisme convient actuellement aux peuples eurasiens,

– comme le fascisme aux peuples italiens,

– comme le nazisme aux peuples germaniques,

– comme le parlementarisme aux peuples britanniques, etc…

et que chacun de ces régimes paraît bien être la raison d’être de la puissance de l’empire au sein duquel il est né et se développe. » (proposition 83)

d. L’opposition entre peuple et empire.

Les propositions du plan synarchiste reprennent la pensée de Saint-Yves d’Alveyre, tout autant que celle du Léviathan de Hobbes.

Tout d’abord, nous retrouvons l’opposition entre « peuple » et « empire« .

« Le peuple, du point de vue synarchite, c’est tout le monde en masse, considéré sous l’angle de son humanité. » (proposition 17)

« L’Empire, du point de vue synarchiste, c’est tout le monde en ordre, considéré sous l’angle de sa sociabilité. » (proposition 18)

Le peuple est perçu comme une masse qui tente d’assouvir des pulsions obscures et dangereuses pour l’Etat.

« Dans le peuple sont les forces telluriques des besoins et des appétits, les racines informes de toutes les possibilités, les réserves obscures du meilleur informulé et du pire. » (proposition 21)

On croirait lire du Hobbes avec la distinction entre état de nature et la création du Léviathan. Dans le pacte synarchique, le Léviathan porte le nom d’Empire.

« L’Empire, c’est l’ensemble des cellules sociales personnelles et collectives. » (proposition 20)

Le léviathan comme l’Empire sont composés d’une multitude de cellules individuelles, comme je l’ai expliqué dans l’article précédent sur la bête de la mer.

« Une hiérarchie organique des services sur laquelle doit se mouler de gré ou de force la hiérarchie effective des citoyens dans leurs catégories respectives.« 

L’empire instaurerait un cadre hiérarchique au peuple pour contrôler ses pulsions mauvaises. C’est le rôle de l’Etat.

« Dans l’Empire synarchisé, il n’est plus aucune place légitime pour l’obscur, ni pour l’amorphe, ni pour l’informulé ; idées, passions, besoins, intérêts, hommes et choses y ont une valeur définie » (Proposition 22).

Il faut ajouter un troisième élément, intercalé entre le peuple de gueux et l’Empire-Etat. Ce troisième élément permet de faire le lien entre le peuple et l’Etat, c’est la profession.

« La profession est en réalité le lieu psychologique et sociologique où, en chaque individu, le citoyen soumis nécessairement à l’Etat peut se réconcilier pratiquement avec l’homme avide de liberté. » (proposition 304).

La profession intègre le citoyen à l’intérieur de l’Etat.

« La profession est en réalité le lieu psychologique et sociologique où, en chaque Région, dans chaque Nation et dans l’Empire, résout pratiquement l’antinomie de la liberté et de l’autorité.

– pourvu qu’aucun citoyen, ni aucune profession, ne reste en dehors de cette organisation synarchique, donc hiérarchisée, dans les quatre ordres constitutionnels. » (proposition 305).

Le Pacte indique clairement, dans deux propositions, que la synarchie est un projet révolutionnaire messianique qui s’inscrit dans la lignée illuministe.

« En effet, comprise en mode synarchiste et du point de vue spirituel, la révolution est le geste héroïque du peuple, entraîné par ses élites et illuminé en ses plus hautes consciences par un humanisme intégral. » (proposition 98).

Le peuple doit être dirigé par une élite « illuminé en ses plus hautes consciences« . On comprend que la spiritualité de la synarchie c’est l’illuminisme. C’est l’illuminisme dans sa version « élues Coëns », c’est-à-dire dans une communication directe entre Dieu et l’élite. C’est exactement ce que dit la proposition 98.

L’élite qui doit diriger la révolution, c’est la synarchie, futurs « aristocrates« . Pour ceux qui auraient tendance à dire que la synarchie, c’est le pouvoir des technocrates, le texte explique bien, que la technocratie n’est qu’un des aspects d’un projet plus global.

Mais pas seulement. Il y a une grande importance de la science qui doit faire plier les forces de la nature et créer des machines qui remplaceront les gueux.

« Complémentairement, du point de vue matériel, la révolution synarchiste est une application réaliste des données positives dégagées par les technocrates modernes de tous les pays et de leurs solutions les plus hardies,

qui visent à plier scientifiquement les forces de la nature au bénéfice de tous les hommes,

jusqu’à ce que soit fondée une société d’aristocrates servis par les machines,

– une société qui permettrait à chacun, délivré enfin de l’antique malédiction du travail forcé générateur de haine, d’atteindre ici et maintenant son possible épanouissement. » (proposition 99).

J’arrête là les citations, il y aurait trop à dire sur le Pacte synarchique et sa mise en œuvre par le régime de Vichy dont il fut l’émanation, mais également de la Cinquième République, dont on retrouve quelques traces synarchiques dès la présidence du général de Gaulle. La synarchisation du régime républicain actuel allant en augmentant d’année en année, de présidence en présidence jusqu’à sa mise en œuvre finale par Emmanuel Macron en 2020. Je traiterais de tout cela dans l’article suivant.

B : La cagoule (CSAR).

Le Mouvement Synarchique d’Empire dispose d’un bras armé, la cagoule, qui fut créée après la prise du pouvoir par Adolf Hitler en janvier 1933 (1) et l’échec du 6 février 1934 (2) par des anciens de l’Action Française (3).

1 : Le nazisme en Allemagne (1933).

Il faut bien comprendre que la synarchie est une réunion de technocrate et de hauts patrons en costume cravatte. Il faut être sérieux cinq minutes, des crânes d’œufs ne font jamais de bons soldats lorsqu’ils faut faire le coup de force pour prendre le pouvoir et surtout se protéger contre les gueux qui veulent vous empêcher de garder le contrôle du pays. En Russie, il y eut les bolcheviques, en Italie les chemises noires, en Allemagne les chemises brunes et la France de 1940, sa cagoule.

Après l’Italie, en 1922, l’Allemagne fut le deuxième pays à basculer sous un régime de type synarchique. Un an après la marche sur Rome, Hitler tentera lui-même de prendre le pouvoir en Allemagne avec la tentative de coup d’Etat en Bavière. Ensuite, à partir de Munich, il envisageait de marcher sur Berlin. Cet épisode et ce projet de marche sur le modèle mussolinien est totalement occulté de nos jours.

Le coup d’Etat du 8 novembre 1923 par Adolf Hitler ne peut être compris que dans le cadre du projet plus global de la synarchie dans plusieurs pays européens : en Italie, en Allemagne, en Russie et en France. Son échec, va retarder la prise de contrôle, en Allemagne et en France. Une action beaucoup clandestine et électorale va s’engager pour une dizaine d’années. Elle aboutira le 30 janvier 1933 par la nomination d’Hitler au poste de chancelier. Une victoire qui va redonner de l’ardeur aux synarchistes français comme nous le verrons tout de suite après. Avant cela voyons en quoi le nazisme correspond à la mise en œuvre du plan synarchiste.

Pour être plus précis historiquement, et comme je l’ai montré dans mon article « la stratégie du diable pour la domination du monde 5« , Hitler fut mis au pouvoir après un processus clandestin et caché de prise de contrôle de l’économie et de l’Etat par la synarchie. Un processus dirigé depuis les Etats-Unis et l’Angleterre.

En même temps que l’Italie mussolinienne créait des cartels économique, le même processus va avoir lieu en Allemagne sous la République de Weimar. C’est un mécanisme inverse de l’Italie. Avec Mussolini, la synarchie prend le contrôle du pays et va ensuite transformer le pays en régime corporatiste synarchique. En Allemagne, les synarchistes infiltrèrent d’abord les ministères et les lieux de pouvoirs avec le soutien des autorités anglaise et américaine, pour transformer le pays en régime synarchiste. Une fois la transformation accomplie, ils mettront Adolf Hitler au pouvoir par des élections. Dans un cas comme dans l’autre, le régime autoritaire va permettre à la synarchie de fonctionner pleinement. Car il faut un chef tyrannique en lien avec le Ciel pour contrôler l’ensemble de la société. C’est un élément essentiel.

Voici les principales dates de mise en œuvre du corporatisme-synarchique :

1925 : cartel de la chimie (IG Farben).

1926 : cartel de la sidérurgie (Vestag : Vereinigte Stahlwerke AG).

1929 : cartel de l’électricité (AEG).

Un décret du 15 juillet 1933 obligera les entreprises allemandes à se regrouper en « conglomérat ». C’est la mise en place de l’organisation corporatiste de la société allemande. Le gouvernement est contrôlé et financé par le grand patronat qui dirige les cartels.

Recherchons les éléments dans le régime hitlérien qui confirme son caractère synarchiste :

  • Le conseil de Dieu : c’est le chef qui dirige le pays en lien direct avec Dieu. Dans le nazisme, c’est Adolf Hitler, surnommé le « Führer.
  • Le conseil des dieux : ce sont les hauts dignitaires du parti nazi qui forme l’entourage du chef afin de le conseiller et de l’aider dans ses tâches.
  • Le conseil des anciens : ce sont les grands groupes industriels organisés par branches comprenant les grands patrons et les syndicats ouvriers dans le cadre de la collaboration de classe.

2 : La journée du 6 février 1934.

Espérant suivre le modèle de l’Allemagne qui avait vu l’arrivé au pouvoir d’Adolf Hitler, les groupes d’extrêmes droites vont tenter de renverser la République. Une journée de manifestation est organisée le 6 février 1934, soit un peu plus d’un an après la nomination des nazis à la tête du gouvernement allemand.

Initialement, la manifestation visait à protester contre le limogeage du préfet de Paris, Jean Chiappe en lien avec le scandale de l’affaire Stavinski. Les manifestants vont occuper l’hôtel de ville, et depuis le balcon vont proclamer un gouvernement provisoire. Les premiers affrontements vont éclater entre manifestants et forces de l’ordres autour du palais Bourbon, que les manifestants tentent de prendre d’assaut aux cris de « A bas les voleurs ! » (mot d’ordre lancé par l’Action Française).

La République ne basculera pas pour deux raisons.

Le colonel de la Roque qui dirigeait les Croix-de-feu, une ligue para-militaire, refusera d’attaquer l’Assemblée nationale de revers. Il sera ensuite accusé par l’Action français dans de nombreux articles d’avoir trahi la cause du peuple.

Du côté de l’Action Française, ce n’est pas mieux. Charles Maurras refusera de soutenir la manifestation à laquelle il ne participera pas. Il considérait que l’armée, la police et l’administration ne suivraient pas l’Action française pour renverser le régime. Elles n’avaient pas été infiltrées. Enfin, il ne voulait pas de guerre civile. C’est à la suite de la prise de position de Maurras, que des adhérents de l’Action française quitterons le mouvement pour fonder la Cagoule. Les événements et le point de vue de l’Action Française sont racontés dans le livre « La police politique » de Léon Daudet. J’ai une grande admiration pour l’écrivain royaliste, mais son comportement durant cette journée où la république aurait pu (aurait dû basculer) est très contestable.

D’ailleurs, l’échec du 6 février joua un rôle décisif dans le début de la prise du pouvoir par la synarchie.

Dans un premier temps, Edouard Daladier aurait envisagé de proclamer l’état de siège pour rétablir l’ordre. La police et la justice seront très réticentes pour mettre en œuvre cette mesure. L’échec de la répression poussera le président du conseil à la démission dans la nuit. C’est la première fois de l’histoire de la république, qu’un gouvernement devra quitter le pouvoir sous la pression de la rue.

Le 6 février constituera un profond traumatisme qui marquera à jamais la classe politique républicaine jusqu’à nos jours. Au moment des gilets jaunes, un parfum de « 6 février 1934 » envahira de nouveaux les rues de Paris, mais cette fois-ci le pouvoir aura tiré les leçons de l’histoire. Il réagira avant son éventuelle chute, barricadant le quartier de l’Elysée et surtout de l’Assemblée nationale engageant une répression encore plus féroce qu’en 1934. Elle noiera dans le sang la révolte.

Le lendemain, l’ancien président de la République Gaston Doumergue constituera un gouvernement d’union nationale. Un gouvernement qui préfigurera le régime de Vichy par sa composition. Le maréchal Pétain était nommé ministre de la guerre, Pierre Laval sera ministre des colonies, puis ministre des Affaires étrangères, Pierre-Etienne Flandin, ministre des Travaux Publics et Adrien Marquet, ministre du travail.

On peut imaginer que l’Action française aura laissé la vie sauve à la république, car elle savait qu’un projet de prise du pouvoir légale de ses « amis » politiques allait se dérouler. Une stratégie très douteuse, car ni Pétain, ni Laval et ni Flandin ne sont des royalistes et encore moins des catholiques. Ils s’en apercevront à partir de juillet 1940. Comme en 1871, les royalistes laisseront passer leur chance, prolongeant pour de nombreuses et longues décennies, l’agonie de la France et de son peuple. Mais bon, la bourgeoisie s’en contrefout de la souffrance du peuple.

3 : La fondation du CSAR (1935).

La cagoule crée par d’anciens adhérents de l’Action français déçu par le 6 février 1934. Elle porte le nom d’Organisation Secrète d’Action Révolutionnaire Nationale, résumé sous l’acronyme d’OSARN. Son nom sera encore résumé sous le titre d’OSAR (Organisation Secrète d’Action Révolutionnaire). Par une coquille d’un journaliste, la lettre O fut remplacée par un C, donnant le nom de CSAR. Un acronyme encore utilisé aujourd’hui. De même, le terme cagoule est un surnom péjoratif donné par Maurice Pujo dans le journal de l’Action Française.

Le CSAR est une sorte de franc-maçonnerie avec rituel d’initiation, pseudonyme et obligation de garder le secret sur les activités du groupe sous peine de mort.

La Cagoule fut créée en 1936, après la dissolution des ligues d’extrême droite sur décision du gouvernement du Front populaire, du 18 juin 1936. On utilisa le prétexte d’une agression de Léon Blum lors des obsèques de l’historien royaliste Jacques Bainville, le 13 février 1936 (que faisait-il là ?). L’affaire va donner lieu à une intense bataille politique entre la gauche et l’Action française. Blum n’est pas encore président du conseil du Front populaire. Il est en pleine campagne électorale. L’affaire va servir de tremplin électoral.

Excelsior, 14 février 1936
L’Action Française, 14 février 1936

Les élections législatives du 26 avril et 3 mai 1936 donneront la majorité absolue au Front populaire dont Léon Blum était le chef. Il formera un gouvernement, le 4 juin 1936. La synarchie parviendra à introduire l’un de ses membres, Charles Spinasse, comme ministre de l’Économie. Pour la première fois, on va opérer une distinction entre Finance (Vincent Auriol) et Economie (Charles Spinasse).

Le rapport Chavin explique que c’est le moment où la synarchie va mettre le premier pied au sein du pouvoir et commencer à infiltrer les hautes sphères de l’Etat. Il parle de « sabotage du Ministère de l’Economie Nationale en 1936 et 1937« .

Le propos à de quoi surprendre.

Comme je l’ai expliqué plus haut, selon moi, la première pierre de l’édifice synarchique eut lieu en 1934, après le « 6 février » lorsqu’en réaction aux évènements de la rue, l’Assemblée nationale donna sa confiance au Gouvernement Doumergue. Le nouveau gouvernement comportait plusieurs membres de la synarchie dont le Maréchal Pétain et Pierre Laval dans une sorte de préfiguration avant l’heure du régime de Vichy. Cela n’est jamais soulevé dans les livres qui traite de la synarchie.

Gouvernement Doumergue (février 1934-novembre 1934) :

  • Ministre de la guerre : Maréchal Pétain.
  • Ministre des Colonie puis des Affaires étrangères : Pierre Laval.
  • Ministre des Travaux Publics : Pierre-Etienne Flandin.
  • Ministre du travail : Adrien Marquet.

Gouvernement Flandin (novembre 1934-mai 1935) :

  • Président du Conseil : Pierre-Etienne Flandin.
  • Ministre des Affaires Etrangères : Pierre Laval.

Gouvernement Laval (mai 1935-janvier 1936) :

  • Président du conseil, ministre des Affaires Etrangères : Pierre Laval.
  • Ministre de la Guerre : Jean Fabry.
  • Ministre des Travaux Publics : Laurent Eynac.

Gouvernement Sarault (janvier 1936-juin 1936) :

  • Ministre des Affaires Etrangère : Pierre-Etienne Flandin.
  • Ministre de l’Air : Marcel Déat.

On remarque dans cette suite de gouvernements entre 1934 et 1936, que la synarchie occupa presque toujours le ministère de la Guerre et des Affaires Etrangères. Tout se passe comme si, avant le sabotage de l’économie, il y eut un sabotage de l’armée et des relations internationales.

À travers, le ministère des Affaires Etrangères, va se nouer des relations amicales franco-allemande à travers les anciens combattants de la Grande guerre. Elles commenceront, à partir de l’hiver 1934, sous le patronage du Maréchal Pétain (ministre de la Guerre) et de Pierre Laval (ministre des Affaires étrangères). Cela débouchera, le 22 novembre 1935 sur la création du Comité France-Allemagne (CFA) avec Pierre Laval inamovible ministre des Affaires Etrangères et Jean Fabry ministre de la Guerre, un futur dignitaire du régime de Vichy. D’ailleurs, nous retrouverons bon nombre de membres du Comité France-Allemagne dans la collaboration.

Du côté allemand, les comités France Allemagne seront animés par Otto Abetz. Otto Abetz sera nommé, en 1940, ambassadeur d’Allemagne en France. A partir de l’ambassade d’Allemagne, il sera le vrai dirigeant de la France occupé jusqu’à la libération.

Le même scénario se dessinera à la fin de la Quatrième République et sera continué sous le Général de Gaulle avec l’amitié franco-allemande et la signature du traité de l’Elysée (1963), sorte de résurrection du comité France Allemagne. Pendant que la France croit en la paix, l’Allemagne mène une impitoyable guerre économique à la France. D’ailleurs, l’amitié franco-allemande fait rire tout nos voisins.

Aujourd’hui d’autres comités du même type, préfigurant d’autre guerre menées contre la France. Je veux parler de la « french american fondation » (fondée en 1976) et de la « french china fondation » (fondée en 2012). Deux organismes qui joue le même rôle préparatoire des esprits que le Comité France-Allemagne. Ils sont là pour préparer la future mise en œuvre de la synarchie de 2020. USA et Chine joueront un rôle majeur dans la crise du COVID. Mais bon, tout cela n’est que du complotisme. Nous en reparleront plus tard.

Avec le contrôle du ministère de la Guerre, entre 1934 et 1936, ils tenteront de saboter l’armée française afin d’entraîner la défaite de la France dans la future guerre qui s’annonce contre l’Italie et l’Allemagne. De la défaite de la France, des décombres du pays devra renaître une France synarchiste sur le modèle italien ou allemand.

A ce sujet, je renvoie mes lecteurs aux livres de l’historienne Annie Lacroix-Riz, en particulier « le choix de la défaite » et « De Munich à Vichy« .

On sabota l’armée en 1940, comme on le fit à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle. Une étrange similitude entre les deux époques que je ne cesse de faire remarquer. Il faut le dire clairement, la synarchie n’aime pas l’armée, elle préfère une police militarisée, car la guerre ne se mène pas contre un ennemi extérieur, rôle habituel de l’armée, mais contre le peuple lui-même. La gestapo et la milice en 1940, les BRAV motorisés et les CRS en 2020.

Le rapport Chavin, comme par hasard, date le début de la synarchie sous un gouvernement de gauche, sous-entendant que la synarchie serait de gauche. Il y a effectivement une synarchie de gauche, mais elle ne serait occulter celle de droite, tout aussi importante.

A partir de 1936, la synarchie va infiltrer le ministère de l’Économie à travers des ministres successifs. Jean Coutrot se fera recruter par Charles Spinasse, qui en profitera ensuite pour faire entrer discrètement ses amis politiques au sein de l’administration.

Pour résumer, il faut distinguer deux phases :

  • Après le 6 février 1934 : entre 1934 et 1936, une infiltration du ministère des Affaires Etrangères (relation franco-allemande) et du ministère de la Guerre (sabotage de l’armée).
  • Après l’agression de Léon Blum et le Front populaire : entre 1936 et 1940, infiltration du ministère de l’Économie (sabotage de l’économie française).

Le rapport Chavin évoque deux tentatives de prises du pouvoir par la Cagoule :

« Le CSAR après avoir échoué dans ses tentatives de prises de pouvoirs par l’insurrection en 1934 et en 1937, réussit en juillet 1940 par un chantage au désastre greffé sur une défaite militaire savamment organisé et accélérée.« 

1934, c’est le 6 février.

1937 concernent une tentative de coup d’Etat de la cagoule qui fut déjoué par le gouvernement du Front populaire. A ce sujet, il faut lire le très intéressant livre de Jean-Raymond Tournoux (1914-1984), « L’histoire secrète de la France« .

Il relate dans le détail la tentative de coup d’Etat de 1937 en donnant un nombre impressionnant de document et de reproduction de procès-verbaux de police. Un événement qui pour le grand public est totalement tombé dans l’oubli. Pourtant, nos dirigeants, eux ne l’ont pas oublié. Il constitua un profond traumatisme dont les traces vont jusqu’à nos jours. Une anecdote montre l’importance de la tentative de coup d’Etat de 1937.

Les cagoulards avaient prévu d’attaquer l’Elysée, Matignon et les ministères par les égouts de Paris. Ils diffusaient a leurs membres des plans sous-terrains de la capitale.

Il était même prévu d’attaquer le logement personnel de Léon Blum avec la diffusion d’un plan de son appartement.

Etonnant rebond de l’histoire, en novembre-décembre 2018, au moment de la crise des gilets jaunes, le président de la République fera fermer les égouts de Paris, craignant une attaque de l’Elysée par des commandots de geux en jaune. Les domiciles personnels de certains ministres ou députés furent attaqués en envahis par le peuple. La grande peur de 1937 revenait sur le devant de la scène politique. 81 ans sépare les deux dates

L’acte d’accusation contre Pétain lu au début du procès parle de la Cagoule et de son rôle dans la chute de la IIIe République puis du régime de Vichy.

« Enfin, il est établi que Pétain entretenait des relations avec les principaux membres de l’association connue sous le
nom de « la Cagoule », ou encore sous les initiales C.S.A.R. dont le but était de renverser la République et de la remplacer par un régime dictatorial à l’instar de ceux de Rome et de Berlin, opération en vue de laquelle d’importants dépôts d’armes en provenance d’Italie et d’Allemagne avaient été constitués. Il suffit de citer les noms d’Alibert et de Deloncle. D’autre part, comment ne pas être frappé de voir, dans l’entourage du Maréchal, à Vichy, des hommes comme Méténier, chef du service de protection dé sa personne, Gabriel Jeantet, attaché à son cabinet, Darnand (en attendant qu’on fasse de cet assassin un ministre), Filliol, dit le tueur, ami’ de Méténier, tous membres de la Cagoule, en relations directes avec le docteur Méténier, médecin intime du Maréchal.

Comment passer sous silence les déclarations faites au cours de son procès par le général Roatta, ex-chef du contre-espionnage italien sous les ordres du comte Ciano, déclarations dans lesquelles le général parle de Pétain comme d’un des chefs de la Cagoule, association qu’il connaissait pour s’être mis en rapport avec Méténier, le futur chef du service de protection du Maréchal, en vue de l’assassinat des frères Rosselli, à Bagnoles-de-l’Orne.

Mais un document décisif vient d’être porté à la connaissance des magistrats instructeurs : il s’agit d’un procès-verbal relatant les révélations faites par Alibert en novembre 1942, et d’où résulte que le dit Alibert faisait partie de la Cagoule, ainsi que Darlan, Huntziger, Déat, Laval et autres, et aussi le Maréchal Pétain, qui en était le drapeau ; que leur intention était de prendre le pouvoir pour instituer un régime sur le modèle de Franco, en utilisant les services de celui-ci et au besoin l’appui d’Hitler. » (Haute Cour de justice, Compte rendu in extenso des audiences, p. 7).

Le prochain article traitera de la synarchie mise en œuvre, en France, depuis le régime de Vichy jusqu’à Macron, en passant par le Général de Gaulle. Un dernier article (oui, c’est promis) traitera spécifiquement de la synarchie au niveau européen (Union européenne) et mondiale (SDN puis ONU).

Une réflexion sur “La bête de l’Apocalypse : la synarchie (5a).

  • lallemand

    comment voulez vous que la personne lambda puisse apprendre et comprendre ce que vous avez compris ? je suis un « gueux « et jamais je n’aurais pu écrire cet article , cela dépasse totalement mes pauvres capacités cognitives …

    encore bravo pour votre intelligence votre culture et surtout votre courage car il faut être très courageux pour aborder ces sujets ignorés par 99,9 % de la population

    croyez vous que les humains puissent se sortir de cette prison à ciel ouvert ? j’en doute

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