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Le sacre du Grand Monarque à Reims et à Aix-la-Chapelle 2 (IV-86).

Cet article est la suite de l’article « Le sacre du Grand Monarque à Reims et Aix ». Il intervient pour le compléter au sujet du sacre de Reims et Aix-la-chapelle dont il convient de donner de nouveau détails.

IV-86 :

L’an que Saturne en eau sera conjoint,

Avecques Sol, le Roy fort et puissant,

A Reims et Aix sera receu et oingt,

Après conquestes meutrira innocent.

I. Le sacre de Reims.

Le Grand Monarque sera sacrée à Reims par onction de l’huile de la Sainte-Ampoule à l’intérieur de la cathédrale.

Trente-deux rois ont été sacrés à Reims :

  • 496 : Clovis.
  • 1027 : Henri Ier.
  • 1059 : Philippe Ier.
  • 1129 : Philippe de France.
  • 1131 : Louis VII.
  • 1179 : Philippe II.
  • 1223 : Louis VIII.
  • 1226 : Louis IX.
  • 1271 : Philippe III..
  • 1286 : Philippe IV.
  • 1315 : Louis X.
  • 1317 : Philippe V.
  • 1322 : Charles IV.
  • 1328 : Philippe VI.
  • 1350 : Jean II.
  • 1364 : Charles V.
  • 1380 : Charles VI.
  • 1429 : Charles VII.
  • 1461 : Louis XI.
  • 1484 : Charles VIII.
  • 1498 : Louis XII.
  • 1515 : François Ier.
  • 1547 : Henri II.
  • 1559 : François II.
  • 1561 : Charles IX.
  • 1575 : Henri III.
  • 1610 : Louis XIII.
  • 1654 : Louis XV.
  • 1722 : Louis XV.
  • 1775 : Louis XVI.
  • 1825 : Charles X.

Le sacre de Clovis est relaté par Grégoire de Tours :

« Alors la reine manda en secret saint Remi, évêque de Reims, le priant de faire pénétrer dans le coeur du roi la parole du salut. Le pontife, ayant fait venir Clovis, commença à l’engager secrètement à croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et à abandonner ses idoles qui n’étaient d’aucun secours, ni pour elles-mêmes, ni pour les autres. Clovis lui dit : « Très saint père, je t’écouterai volontiers ; mais il reste une chose, c’est que le peuple qui m’obéit ne veut pas abandonner ses dieux ; j’irai à eux et je leur parlerai d’après tes paroles. » Lorsqu’il eut assemblé ses sujets, avant qu’il eût parlé, et par l’intervention de la puissance de Dieu, tout le peuple s’écria unanimement : « Pieux roi, nous rejetons les dieux mortels, et nous sommes prêts à obéir au Dieu immortel que prêche saint Remi. » On apporta cette nouvelle à l’évêque qui, transporté d’une grande joie, ordonna de préparer les fonts sacrés. On couvre de tapisseries peintes les portiques intérieurs de l’église, on les orne de voiles blancs ; on dispose les fonts baptismaux ; on répand des parfums, les cierges brillent de clarté, tout le temple est embaumé d’une odeur divine, et Dieu fit descendre sur les assistants une si grande grâce qu’ils se croyaient transportés au milieu des parfums du Paradis. Le roi pria le pontife de le baptiser le premier. Le nouveau Constantin s’avance vers le baptistère, pour s’y faire guérir de la vieille lèpre qui le souillait, et laver dans une eau nouvelle les tâches hideuses de sa vie passée. Comme il s’avançait vers le baptême, le saint de Dieu lui dit de sa bouche éloquente : « Sicambre38, abaisse humblement ton cou : adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. » Saint Remi était un évêque d’une grande science, et livré surtout à l’étude de la rhétorique ; il était si célèbre par sa sainteté qu’on égalait ses vertus à celles de saint Silvestre. Nous avons un livre de sa vie où il est dit qu’il ressuscita un mort.
Le roi, ayant donc reconnu la toute-puissance de Dieu dans la Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et oint du saint chrême avec le signe de la croix ; plus de trois mille hommes de son armée furent baptisés.
» (Grégoire de Tours, Mémoires à l’histoire de France, Livre II, 91-92).

Nous retrouvons, avec Clovis et Saint-Rémi, l’alliance historique entre Saül (puis David) et Samuel. Le pouvoir religieux et le pouvoir politique. Clovis, modeste prince païen de la région de Tournai, avec l’aide de l’église et de Dieu devient le puissant roi d’un immense territoire, le fondateur d’une grande dynastie, comme ce fut le cas avec Saül puis David. Le baptême de Reims correspond au sacre de David à Hébron. Reims est l’Hébron français.

Voici un extrait de mon livre « Le prophète Daniel et la fin des temps » dans sa deuxième version :

C’est avec Pépin le Bref que fut instauré le sacre, sur le modèle des rois d’Israël. Avec Clovis, nous avions un baptême de conversion au christianisme. C’est l’apport de la dynastie carolingienne que de mettre en oeuvre la cérémonie du sacre et de donner un caractère religieux et sacré aux rois de France.
Le rituel fut fixé par écrit dans des « ordos ». Il en exista plusieurs à travers l’histoire :

Je m’inspire ici d’un texte remarquable de Jean de la Viguerie, « Les serments du sacre des rois de France » qui me servira de trame pour mon développement. Le sacre se fait en trois parties : les serments (A), l’onction (B) et la remise des regalia (C).

A. Les serments.

Nous avons en réalité une promesse et un serment. Le premier est intitulé « serment de Promitto », « Promesse et serment ». Le deuxième, s’intitule « serment du royaume ».

Dans un premier temps, l’évêque de Reims demande au roi :

« Nous vous demandons que vous accordiez à chacun de nous, et aux églises qui nous sont confiées, la conservation des privilèges canoniques, une loi équitable et la justice, et que vous vous chargiez de notre défense, comme un roi le doit à chaque évêque, et à l’Église qui lui est confiée. »

Le roi répond :

« Je vous promets de conserver à chacun de vous, et aux églises qui vous sont confiées, les privilèges canoniques, une loi équitable et la justice, et de vous protéger et défendre autant que je le pourrai, avec le secours de Dieu, comme un roi est obligé de le faire dans son Royaume, pour chaque évêque et l’église qui lui est confiée. »

C’est le « serment de promitto ». Il prend la forme d’une promesse. Celle de protéger l’église et ses représentants, de respecter la liberté et les privilèges de juridiction de l’église.

Nous avons deux éléments :

Ensuite, le souverain prononce à haute voix la main sur les évangiles, le serment à proprement dit. Il prend Dieu pour témoin.

« Je promets au nom de Jésus-Christ au peuple chrétien qui m’est soumis : Premièrement, de faire conserver en tout temps à l’Église de Dieu la paix, par le peuple chrétien. D’empêcher toutes rapines et iniquités, de quelque nature qu’elle soient. De faire observer la justice et la miséricorde dans les jugements, afin que Dieu, qui est la source de la clémence et de la miséricorde, daigne la répandre sur moi et sur vous aussi. D’exterminer44 entièrement de mes États tous les hérétiques, condamnés par l’Église, toutes lesquelles choses ci-dessus dites, je confirme par serment, qu’ainsi Dieu et les saints évangiles me soient en aide. »

Charles V (1364-1380) fera rajouter le passage suivant :

« Je défendrai inviolablement la souveraineté, les droits et la noblesse de la couronne de France, et celle-ci ne sera ni transférée, ni aliénée. »

L’ajout de Charles V sera retiré par Charles VIII (1483-1498). Nous avons donc quatre éléments.

B. L’onction.

L’onction se fait avec de l’huile tirée de la sainte ampoule gardée à Reims. Elle aurait été apportée par une colombe descendue du ciel à Reims au moment du baptême de Clovis. L’huile tirée de la sainte-ampoule n’a pas été utilisée lors du sacre de Pépin le Bref, mais pour celui de Charles le Chauve, le 9 septembre 869 dans la cathédrale de Metz.

L’évêque de Laon portait la sainte ampoule le jour du couronnement. Il prélevait, à l’intérieur, avec une aiguille d’or un morceau de la taille d’un grain de blé, pour le mélanger avec le saint chrême. Ensuite, l’évêque de Reims formait neuf onctions en forme de croix avec son pouce sur le corps du roi.

Lors de l’onction, le roi portait une chemise de lin blanche avec des trous dans le tissu aux neuf points sur lesquels l’évêque de Reims pratiquait l’onction.

C. Les regalia.

Les régalia sont les insignes royaux. Ils sont gardés dans l’abbaye de Saint-Denis, là où sont enterré les rois de France. Ils ont évolué à travers le temps selon les époques. Nous avons la couronne (1), l’épée de Charlemagne (2), l’oriflamme (3), le sceptre (4) et la main de justice (5).

1. La couronne.

Le plus important est la couronne royale.

Elle était fermée et comportait quatre fleurs de lys. Ultérieurement, elle se composera de huit arches.
Lors du sacre, la couronne était portée par le Duc de Bourgogne et mise sur la tête du souverain par l’évêque de Reims. Les couronnes ont toutes été détruites lors de la Révolution française, sauf celle de Louis XV.

2. L’épée de Charlemagne.

Le deuxième en importance était l’épée de Charlemagne, surnommé « Joyeuse ». Elle correspond à la fonction militaire du roi. Lors du sacre, elle était portée par le comte de Flandres et mise à la ceinture du roi par le duc de Bourgogne qui la remettait au roi après l’onction et le couronnement.

L’épée est citée dans la célèbre « chanson de Roland ». Elle relate la campagne militaire de Charlemagne dans les Pyrénées contre les invasions musulmanes.

« L’Empereur s’est couché dans un pré ;
l a mis sa grande lance à son chevet, le baron ;
Car il ne veut pas se désarmer cette nuit.
Il a vêtu son blanc haubert, bordé d’orfroi ;
Il a lacé son heaume gemmé d’or ;
Il a ceint Joyeuse, cette épée qui n’eut jamais sa pareille,
Et qui chaque jour change trente fois de clarté…
Nous pourrions vous parler de la lance
Dont Notre-Seigneur fut percé sur la croix :
Eh bien ! Charles, grâce à Dieu, en possède le fer
Et l’a fait enchâsser dans le pommeau doré de son épée.
À cause de cet honneur, à cause de sa bonté,
On lui a donné le nom de Joyeuse ;
Et ce n’est pas aux barons français de l’oublier,
Puisqu’ils ont tiré de ce nom leur cri de Montjoie ;
Et c’est pourquoi aucune nation ne leur peut tenir tête.
»
(Chanson de Roland, 2508-2511).

L’épée « joyeuse » donnera son nom au célèbre crie de guerre de l’armée française : « Montjoie saint Denis ». L’épée, « Montjoie » et l’oriflamme. Voilà tous l’arsenal guerrier des rois de France.

3. L’oriflamme.

« Sur leurs écus sont mille signes divers qui les font reconnaître.
Ils montent à cheval : « La bataille ! la bataille ! » s’écrient-ils :
Puis : « Montjoie ! » Charlemagne est avec eux.
Geoffroi d’Anjou porte l’oriflamme,

Qui jusque-là avait nom Romaine, parce qu’elle était l’enseigne de Saint-Pierre
Mais alors même elle prit le nom de Montjoie
»
(Chanson de Roland, 3092-3095)

L’oriflamme était un étendard de guerre de couleur rouge avec deux pointes à son extrémité. Il comportait un soleil enflammé jaune. Il était censé donner la victoire militaire. C’est le comte de Champagne qui le portait lors du sacre.

4. Le sceptre.

Le sceptre était un bâton surmonté d’une statuette.

Nous avons le sceptre de Dagobert avec une main tenant un globe terrestre sur lequel se trouvait un oiseau portant sur son dos un homme aux cheveux longs. Le sceptre de Charles V était constitué d’une statuette de Charlemagne à son sommet.

Au moment du sacre, c’était l’évêque de Langres qui portait le sceptre.

5. La main de justice.

La main de justice était un bâton surmonté d’une main avec trois doigts en l’air et deux autres replié. Il correspondait à la fonction judiciaire.

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